LE PAYS EN BREF
Situé au cœur du Sahel, le Niger a une économie peu diversifiée et largement dépendante de l’agriculture. L’extrême pauvreté a stagné à 48,4 % en 2023. Cependant, compte tenu de l’inflation, elle devrait augmenter pour atteindre 49,9 % d’ici 2026.
En 2023, l’UNOCHA a signalé que 4,5 millions de personnes, soit 17 % de la population, avaient besoin d’une aide humanitaire au Niger, contre 3,7 millions en 2022. Selon le HCR, en juillet 2024, le Niger accueillait près de 968 000 réfugiés, demandeurs d’asile et déplacés internes, dont la majorité se trouve dans les régions de Tillabéri, Diffa et Tahoua.
Contexte politique
À la suite du changement anticonstitutionnel de gouvernement ayant eu lieu le 26 juillet 2023, le Niger est gouverné par un régime militaire, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le président de la transition, le général Abdourahmane Tchiani. Depuis lors, toutes les activités politiques ont été suspendues. Le dialogue national annoncé par le président de la transition n’a pas eu lieu et la constitution n’a pas été rétablie. La situation sécuritaire reste précaire, en particulier dans la région du Liptako-Gourma (frontalière avec le Burkina Faso et le Mali). En outre, deux autres groupes, le Front patriotique de libération (FPL) et le Front patriotique pour la justice (FPJ), responsables de plusieurs attaques contre les forces militaires et les infrastructures, exigent la libération du président déchu.
Sur le front régional, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont décidé de se retirer de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2024 et ont formé la confédération, Alliance des États du Sahel (AES). Malgré les efforts de médiation annoncés par le Sénégal et le Togo, les trois pays ont réaffirmé à plusieurs reprises que leur retrait était définitif.
Situation économique
Il est estimé que la crise politique de 2023 a ramené la croissance du PIB à 2 % en 2023 (-1,7 % par habitant). La croissance devrait rebondir en 2024 avec la levée des sanctions en février 2024 et la reprise des financements. Toutefois, l’essor attendu des exportations massives de pétrole a été tempéré. La croissance en 2024 devrait être de 5,7 % (1,8 % par habitant), sur la base d’une production totale de pétrole estimée à 11,2 millions de barils, contre une croissance de 9,1 % si la production pétrolière avait atteint 16,6 millions de barils. Du côté de l’offre, outre l’industrie (pétrole), l’agriculture devrait contribuer à hauteur de 2,6 points de pourcentage (en ppa) à la croissance. Les exportations, tirées par le pétrole, devraient être le principal moteur de la demande (+4,5 points de pourcentage), suivies de la consommation privée (+2,6 points de pourcentage).
Les perturbations commerciales dues à la fermeture de la frontière avec le Bénin ont alimenté la hausse des prix des denrées alimentaires, faisant passer le taux d’inflation en glissement annuel de 1,7 % en juin 2023 à 15,5 % en juin 2024. Le taux d’inflation annuel moyen devrait atteindre 8,5 %.
Malgré la hausse de l’inflation, le taux d’extrême pauvreté devrait baisser à 47,5 % en 2024 grâce à une croissance agricole positive. Cependant, 13,1 % de la population est confrontée à une grave insécurité alimentaire, environ 300 000 personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays en raison de l’insécurité. De plus, les inondations du mois d’août ont détruit des milliers d’habitations et fait des centaines de morts.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a maintenu ses taux directeurs inchangés depuis décembre 2023, à savoir 3,5 % pour les appels de liquidités et 5,5 % pour la facilité de prêt marginal. Le taux d’inflation de l’UEMOA suit une tendance baissière depuis qu’il a atteint son pic en 2022, mais reste supérieur à la cible de 1 à 3 % de l’UEMOA, à 4,4 % en glissement annuel en juillet 2024, et les réserves de change régionales restent faibles, ne couvrant que 3,5 mois d’importations au premier trimestre de 2024.
Compte tenu des recettes pétrolières inférieures aux prévisions, le déficit budgétaire en 2024 devrait rester supérieur à l’objectif de l’UEMOA, à 4,4 % du PIB. À la fin avril 2024, le gouvernement avait accumulé 701,8 milliards de FCFA d’arriérés de dette extérieure et intérieure/régionale. Toutefois, à la fin du mois de juin, le Niger avait apuré 533,8 milliards de FCFA et recommencé à émettre des obligations sur le marché régional, bien que ces taux aient dépassé 9 % pour les bons à 12 mois. Le dédouanement a bénéficié d’un prêt de 400 millions de dollars de la Chine garanti par des exportations de pétrole ; La suspension des exportations de pétrole complique le remboursement.
Perspective
La croissance du PIB devrait s’établir en moyenne à 6,5 % sur la période 2025-2026, soutenue par la production et les exportations de pétrole (qui augmenteront en 2025) et l’amélioration de la production agricole due à l’expansion des terres irriguées. Cela suppose que la situation sécuritaire ne se détériore pas et qu’un retrait ordonné de la CEDEAO limite les effets négatifs sur la baisse des échanges avec les États de la CEDEAO non-membres de l’UEMOA. Comme le financement intérieur devrait rester onéreux, le déficit budgétaire devrait se réduire et s’établir en moyenne à 3,6 % sur la période 2025-2026, la dette publique tombant à 50,6 % d’ici 2026. L’actuel déficit du compte devrait se réduire et s’établir en moyenne à 4,1 % sur la période 2025-2026, grâce aux exportations de pétrole.
L’inflation devrait rester élevée, à 5,4 % en moyenne sur la période 2025-2026, en partie en raison de la hausse des coûts d’importation. Le taux d’inflation régional devrait s’aligner sur la cible de l’UEMOA d’ici 2025, tandis que les réserves régionales devraient augmenter progressivement, soutenues par la reprise des émissions obligataires internationales et des exportations, et l’assouplissement de la politique monétaire dans la zone euro.
Malgré la hausse prévue de l’inflation en 2025-2026, le taux d’extrême pauvreté devrait diminuer sensiblement pour atteindre 42,5 % d’ici 2026, grâce aux fortes projections de croissance du PIB et de la production agricole. D’importants risques de détérioration pèsent sur ces perspectives, notamment une détérioration de la situation sécuritaire, la volatilité des prix des produits de base et des chocs climatiques. Un retrait de la CEDEAO comportant des lacunes dans les accords pourrait entraîner des perturbations plus importantes de la libre circulation des biens, des services, des capitaux et de la main-d’œuvre et pourrait avoir des répercussions sur le commerce dans la zone UEMOA. Toutefois, si de nouvelles opportunités commerciales se concrétisent, ces effets négatifs pourraient être atténués. Des tensions durables ou exacerbées entre le Bénin et le Niger pourraient entraîner une augmentation des coûts commerciaux et retarder les exportations de pétrole.
Dernière mise à jour: 03 oct. 2024