Le pays en bref
Situé en Afrique de l'Ouest, au cœur du Sahel, le Niger possède une économie peu diversifiée et largement dépendante de l’agriculture. En dépit des efforts en cours pour améliorer la situation, la pauvreté reste un défi majeur. En 2024, le taux d'extrême pauvreté était de 45,3 %. Ce taux devrait reculer pour atteindre 35,8 % d’ici 2027, sous l’effet d’une forte croissance projetée du secteur agricole.
En 2025, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (UNOCHA) estime que 4,8 millions de personnes, soit 18,31 % de la population, auront besoin d'une aide humanitaire, dont plus de 3 millions nécessiteront une aide alimentaire d'urgence pendant la prochaine période de soudure. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le pays accueille un grand nombre de réfugiés et de déplacés internes. En 2025, près de 1 million de réfugiés, demandeurs d'asile et déplacés internes se trouvent au Niger, principalement dans les régions de Tillabéri, Diffa et Tahoua.
Contexte politique
Depuis le coup d’État du 26 juillet 2023, le Niger est dirigé par un régime militaire, avec le Général Abdourahmane Tiani à la tête du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). La transition en cours a suspendu les activités politiques.
Les Assises nationales pour la refondation du Niger, tenues à Niamey du 15 au 20 février 2025, ont réuni plus de 700 participants pour établir les bases d’un développement durable et refonder le système politique. Elles ont recommandé une transition de cinq ans renouvelable, la dissolution des partis politiques, l’adoption d’une nouvelle charte des partis et d’une constitution intégrant les valeurs nationales. La réduction de l’Assemblée nationale à 100 membres et la limitation des ministères à 20 ont également été proposées. Le rapport final a été remis au président du CNSP le 10 mars 2025.
Le Niger fait face à une insécurité persistante. Dans le Liptako-Gourma, les attaques de groupes armés restent préoccupantes. Les Lakurawa, actifs entre le Niger et le Nigeria, multiplient les exactions. Dans le nord du pays, le Front patriotique pour la justice (FPJ), le Mouvement d'action pour la démocratie et le progrès (MADP) et le Front d'action pour la libération (FAL) exigent la libération du président déchu et ont mené plusieurs incursions, dont l’enlèvement de ressortissants chinois sur le bloc d’Agadem. Malgré ces tensions, le gouvernement encourage la reddition des combattants : en novembre 2024, une centaine de membres du Front patriotique de liberation (FPL) et du Mouvement pour la justice et la réhabilitation du Niger (MJRN) ont déposé les armes à Agadez.
Sur le plan régional, le Niger, le Burkina Faso et le Mali ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) en janvier 2024 et formé l’Alliance des États du Sahel (AES), officialisant leur retrait en janvier 2025. Depuis, les trois pays ont renforcé leur coopération, lançant des passeports biométriques communs et déployant une force conjointe de 5 000 hommes. Celle-ci a mené plusieurs opérations, notamment "YEREKO 2" et "SUDU LUGDU", avec des résultats significatifs selon les autorités.
Situation économique
En 2024, la croissance du PIB est estimée à 8,4 % (4,9 % par habitant), tirée par les exportations de pétrole et l'agriculture. L'inflation s'est élevée en moyenne à 9,1 %. La notation de la viabilité de la dette a été dégradée à un risque élevé en raison de la faiblesse de la mobilisation des recettes et de l'accumulation des arriérés de dette. La croissance est projetée à 7,4 % en 2025 avec une production pétrolière atteignant 30 millions de barils. Les perspectives sont sujettes à des risques de baisse liés aux menaces sécuritaires, aux chocs climatiques, au refinancement et au renouvellement de la dette et aux difficultés du secteur bancaire.
Évolution récente
La croissance du PIB est passée de 2,0 % en 2023 à 8,4 % en 2024 (4,9 % par habitant), grâce à la levée des sanctions et à une hausse de 48,5 % des exportations, notamment de pétrole. Le déficit du compte courant a ainsi diminué de 9,3 % à 6,2 % du PIB. La croissance a été portée par l’agriculture (+11,1 %) après une bonne saison, et par l’industrialisation (+12,1 %), soutenue par la production pétrolière.
Le secteur bancaire est sous pression, avec un taux de prêts non performants de 24 % et une solvabilité tombée à 9,8 % en septembre 2024. L’inflation a grimpé à 9,1 %, alimentée par une hausse des prix alimentaires due aux perturbations des importations et aux pénuries. Malgré cela, la croissance économique a réduit la pauvreté extrême à 45,3 %, permettant à 260 000 personnes d’en sortir.
Les réserves de change régionales ont progressé de 3,5 à 4,7 mois d’importations, reflétant la reprise des financements extérieurs. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a maintenu ses taux à 3,5 % et 5,5 %. Le déficit budgétaire s’est stabilisé à 4,3 % du PIB grâce à des coupes budgétaires. Toutefois, le service de la dette a atteint 34 % des recettes intérieures, et une évaluation conjointe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) en janvier 2025 a classé le risque de surendettement comme élevé.
Perspectives économiques
La croissance du PIB est attendue à 7,4 % en 2025, portée par une production pétrolière de 30 millions de barils. L’inflation devrait ralentir grâce à une meilleure offre alimentaire après une bonne récolte en 2024. Le déficit budgétaire devrait se rapprocher des 3 % d’ici 2027, soutenu par la hausse des recettes pétrolières et une maîtrise des dépenses. La croissance devrait ralentir en 2026-2027, une fois la production pétrolière à pleine capacité. La sortie de la CEDEAO ne devrait pas affecter significativement l’économie.
L’inflation régionale devrait atteindre la cible de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) en 2025 (2027 pour le Niger). Les réserves régionales pourraient atteindre 5,1 mois d’importations, portées par la reprise des exportations et la baisse des taux d’intérêt en zone euro. La réduction de la pauvreté extrême devrait se poursuivre, atteignant 35,8 % en 2027, soit 1,6 million de personnes sorties de l’extrême pauvreté. Toutefois, 2,2 millions de personnes (8,1 % de la population) pourraient connaître une insécurité alimentaire sévère entre juin et août 2025, particulièrement à Maradi et Dosso.
Les risques à la baisse incluent les chocs climatiques et sécuritaires, ainsi que des tensions dans le secteur bancaire, pouvant freiner l’investissement privé. À l’inverse, une production pétrolière plus élevée et une réouverture anticipée de la frontière Niger-Bénin pourraient améliorer les perspectives. Les risques liés au prix du pétrole restent équilibrés.
Dernière mise à jour: 31 mars 2025