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publication14 avril 2022

Maroc : rapport de suivi de la situation économique (Avril 2022)

The World Bank

Télécharger le rapport Maroc: Français

La forte reprise économique en 2021 a permis au Maroc de compenser une grande partie des pertes de production et d’emplois causées par la crise de la COVID-19. Toutefois, le PIB réel reste inférieur de 6,4 % à la tendance pré-pandémique, la croissance potentielle recule depuis le début des années 2010, l’instabilité des précipitations impacte de plus en plus l’économie, et la crise du COVID-19 risque de laisser des séquelles socioéconomiques.

Évolutions récentes

La croissance du PIB a rebondi à 7,4 % en 2021, après un repli de 6,3 % en 2020. Cette situation s’explique en partie par une récolte céréalière exceptionnelle après deux années consécutives de grave sécheresse. L’inflation annuelle est restée contenue à 1,4 % en moyenne, malgré la pression accrue exercée sur les coûts à l’importation vers la fin de l’année 2021. L’IPC a enregistré une augmentation annuelle de 3,6 % en février 2022. Ces projections sont néanmoins assujetties à des risques à la baisse. La guerre en Ukraine fait grimper les prix mondiaux des produits de base, ce qui, conjugué à la sécheresse, pourrait entrainer le renchérissement de la facture des importations et l’augmentation des subventions au Maroc, et plomber le solde du compte courant et budgétaire.

Perspectives

La croissance économique devrait ralentir à 1,1 % en 2022, sous l’effet de la baisse de la production agricole de 17,3 % suite à une nouvelle sécheresse grave. L’économie devrait être portée par une performance toujours solide mais en ralentissement du secteur industriel et par une reprise plus rapide de l’activité touristique. Les réformes en cours devraient stimuler la croissance potentielle à moyen terme.

L’impact budgétaire de la réforme de la santé et de la protection sociale et le report de la réforme des subventions au GPL et à la farine ralentiront la consolidation du déficit budgétaire (6,2 % du PIB en 2022). La dette publique devrait se stabiliser en dessous de 80 % du PIB. Le déficit du compte courant devrait s’alourdir pour atteindre 5,5 % du PIB, compte tenu de la hausse de la facture énergétique et du coût des importations alimentaires.

Ces projections sont néanmoins assujetties à des risques à la baisse. La guerre en Ukraine fait grimper les prix mondiaux des produits de base, ce qui, conjugué à la sécheresse, pourrait entrainer le renchérissement de la facture des importations et l’augmentation des subventions au Maroc, et plomber le solde du compte courant et budgétaire. Une reprise plus faible pourrait exercer des pressions supplémentaires sur la capacité de service de la dette auprès des ménages et des entreprises. Les tensions inflationnistes pourraient obliger la banque centrale à relever ses taux, et ceci, conjugué à l’évolution de la politique monétaire des économies avancées, entrainerait un resserrement des conditions de financement pour les secteurs public et privé.

La hausse des prix et la baisse des revenus agricoles devraient ralentir la normalisation de la situation socioéconomique après la COVID-19. La pauvreté et l’extrême pauvreté devraient stagner en 2022 dans le meilleur des cas, et ne reviendront pas aux niveaux pré-COVID-19 avant 2023. Au regard des pressions inflationnistes, en particulier sur les produits alimentaires et énergétiques, ainsi que des effets de la grave sécheresse, des mesures de soutien aux plus vulnérables et un dialogue social plus vaste sont des mesures importantes que le gouvernement pourrait prendre.