Nouakchott, le 21 juin 2022 - Selon la cinquième édition du Rapport sur la Situation Economique en Mauritanie de la Banque mondiale, la reprise économique du pays en 2021 a été robuste mais inférieure aux niveaux et potentiel de croissance d'avant la COVID-19. La croissance a rebondi à 2,4 % en 2021 grâce à une augmentation de la consommation privée et de l'investissement, ainsi qu'à une amélioration des performances du secteur des services. Le rapport note que l'inflation a poursuivi sa tendance à la hausse tout au long de 2021 et s'est encore accélérée au premier semestre 2022, alimentée par la hausse des prix de l'énergie et des denrées alimentaires à mesure que la guerre en Ukraine se poursuit. L'inflation globale est passée de 1,4 % en glissement annuel (a/a) en octobre 2020 à 8,9 % (a/a) en mai 2022, principalement en raison de la hausse des prix alimentaires.
Figure 1: Contribution à l’inflation
Le rapport, « Le secteur privé au centre de la transformation économique et de la création d'emplois », note que les évolutions économiques positives récentes ont été tirées par la stabilisation de la situation budgétaire, restée solide en 2021 et reflétant un excédent primaire et une tendance à la baisse du ratio dette/PIB. Grâce à un déploiement réussi de la vaccination contre la COVID-19, à un secteur extractif florissant et à une augmentation attendue de la contribution du secteur public, le pays semble prêt pour une croissance plus optimiste en 2022. La croissance économique devrait continuer à se redresser en 2022 à 4,5 %, tirée par une production plus forte dans le secteur extractif, des campagnes de vaccination réussies et des investissements accrus du secteur public.
Cependant, le pays reste vulnérable aux chocs tels qu'une pandémie de COVID-19 prolongée, les risques sécuritaires dans la région du Sahel, le conflit en Ukraine et la sécheresse qui pourraient entraîner une baisse de l'activité économique et une augmentation de la pauvreté. À moyen terme, le gouvernement devrait se concentrer sur la viabilité budgétaire, l'amélioration de l'exécution du budget et la croissance inclusive, notamment grâce à un partenariat plus solide avec le secteur privé. De plus, il serait important de continuer à améliorer le climat des affaires et la gestion prudente de la dette.
Reconnaissant que le développement d'un secteur privé compétitif et dynamique sera un contributeur essentiel au développement et à la croissance économique, le deuxième chapitre du rapport se concentre sur l'examen des principaux obstacles et moteurs du développement du secteur privé. Le rapport constate que la Mauritanie bénéficie d'un secteur privé formel résilient et créateur d'emplois, la création d'emplois étant principalement tirée par les grandes entreprises.
En comparaison avec d'autres économies, cependant, les acteurs du secteur formel dans le pays sont peu nombreux, ne représentant qu'une petite partie de l'activité économique et sont freinés par des contraintes majeures, notamment le manque d'accès au financement et les faibles niveaux d'innovation et d'adoption de la technologie.
Figure 2. Répartition du nombre d'entreprises, de l'emploi et des revenus
Selon le rapport, seules 14 % des entreprises du pays ont déclaré avoir obtenu un prêt ces dernières années, tandis que 12 % ont déclaré avoir besoin d'un prêt pour développer leur production mais n'y avoir pas accès. Les contraintes d'accès au financement affectent principalement les petites entreprises, qui pourraient croître plus rapidement si elles étaient soutenues par un environnement politique approprié. Les données ont montré qu'en 2018 et 2020, seulement 12 % des prêts aux entreprises étaient allés aux petites et moyennes (PME), tandis que les grandes entreprises en recevaient 88 %. Ainsi l'accès au financement reste une contrainte majeure pour le secteur privé mauritanien, en particulier pour les petites entreprises.
Figure 3. Accès au compte financier par catégorie
Le rapport suggère également que les entreprises mauritaniennes disposent d'une marge de manœuvre importante pour améliorer la technologie dans leurs fonctions commerciales clés. L'adoption de la technologie dans le secteur privé est restée faible en 2021, en particulier en ce qui concerne son utilisation pour aider les fonctions commerciales générales, telles que les ventes, l'approvisionnement, le contrôle de la qualité et le marketing. L'adoption de la technologie à des fins d'exécution de fonctions de gestion, telles que l'administration, le traitement des paiements et la planification de la production, est relativement répandue bien que l'utilisation reste limitée. L'obstacle le plus courant et cité qui empêche les entreprises d'adopter des technologies est le manque d'informations et de connaissances sur les technologies existantes et potentielles.
Figure 4. Obstacles perçus à l'adoption de la technologie
Le rapport propose une série d'actions politiques pour soutenir le développement du secteur privé et lever les principaux obstacles évoqués. Ces actions comprennent le fait : (i) de renforcer l'accès au financement pour les PME grâce, par exemple, à l'opérationnalisation du Fonds de garantie de crédit aux PME ou au développement d'institutions de crédit spécialisées dans les prêts aux PME ; (ii) faciliter l'adoption de la technologie au niveau de l'entreprise. Ce qui pourrait inclure la mise en place de programmes de vulgarisation de la technologie numérique pour promouvoir une plus grande sensibilisation aux types et utilisations potentielles des technologies et (iii) réformer la politique de la concurrence pour favoriser le développement du secteur privé et des marchés plus compétitifs.