BAMAKO, 24 mai 2022 – Selon la dernière note sur la situation économique du Mali, intitulée Résilience en des temps incertains : renouveler le contrat social, l’insécurité croissante qui affecte le pays, associée à la crise socio-politique ont entraîné une reprise économique timide, plus faible que prévue, en 2021. Les perspectives de croissance pour 2022 ont été encore davantage compromises du fait des sanctions économiques, de l’insécurité alimentaire régionale et de la guerre en Ukraine.
Une reprise économique plus faible que prévue en 2021
Le rapport souligne que l’économie malienne n’a connue qu’un modeste rebond en 2021 (avec une croissance réelle estimée à 3,1 % soit 0,2 % par habitant) entraîné par la reprise dans les secteurs agricoles et des services, après la récession de 2020 (-1,2 %). Les progrès réalisés dans les échanges commerciaux sur la période 2019-2020, suite à la hausse des cours de l’or, se sont ensuite considérablement ralentis en 2021, privant le pays d’un des principaux moteurs de sa croissance.
Les perspectives pour 2022 dépendent encore de la durée des sanctions
Les sanctions économiques et financières imposées par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) depuis le 9 janvier 2022, ont considérablement assombri les perspectives économiques pour 2022. Le rapport suppose que si les sanctions étaient levées d’ici la fin du premier trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) en termes réels pourrait encore avoisiner les 3 % en 2022 – soit 2 % plus bas que le niveau estimé avant l’établissement des sanctions. Cependant, si les sanctions devaient être maintenues en place pour la durée du deuxième trimestre de l’année, l’économie pourrait entrer à nouveau en récession en 2022.
Le faible niveau de croissance et la forte inflation affectent les conditions de vie et les progrès en matière de réduction de la pauvreté
Les conditions de vie de la population, en particulier pour les ménages pauvres et vulnérables, sont affectées par la faible croissance et l’inflation élevée. Compte tenu de la rapide croissance démographique, la croissance modeste enregistrée en 2020 a entraîné une quasi-stagnation du revenu par habitant au cours des deux dernières années. Dans le même temps, le taux d’inflation a repris sa progression, passant de 0,5 % en 2020 à 3,9 % en 2021, et il devrait atteindre 7 % en 2022. Avec des revenus plus faibles et des prix plus élevés, le Mali devrait avoir enregistré une augmentation de son taux de pauvreté, passant de 42,5 % en 2019 à 44,4 % en 2021 selon les estimations, entraînant 375 000 personnes supplémentaires dans la pauvreté extrême. L’insécurité alimentaire se profile comme un risque majeur, particulièrement dans un contexte de sanctions prolongées et d’insécurité aggravée. L’effet de l’inflation sur la pauvreté semble particulièrement néfaste en milieu rural.
La crise sécuritaire et l’instabilité politique constituent un risque majeur pour les perspectives à moyen terme
L’instabilité sociale et l’extension constante des zones affectées par les conflits continueront de plomber la croissance économique. Sans intervention, ce contexte alimentera encore les incertitudes et affectera les investissements, notamment l’investissement public, du fait du rétrécissement des marges de manœuvre budgétaires. Les attaques armées et les conflits intercommunautaires entraveront davantage les activités agricoles et pastorales, aggravant d’autant l’insécurité alimentaire.
Pour faire face aux risques de conflit et développer la résilience du Mali, le rapport souligne le besoin de reconstruire le contrat social entre les citoyens et l’État. Pour y parvenir, il est nécessaire de rétablir une présence positive de l’État dans les zones fragiles et affectées par les conflits, particulièrement dans les secteurs de la sécurité et de la justice, en augmentant les ressources humaines et financières déployées en dehors de Bamako. L’extension des services et des investissements publics à destination des territoires mal desservis ainsi que l’augmentation de l’accès à des services de santé et d’éducation de qualité en milieu rural constitueraient également des étapes essentielles à la rénovation du contrat social.