Vaste pays du Sahel, le Mali est une économie à faible revenu, peu diversifiée et exposée aux fluctuations des matières premières. Sa forte croissance démographique (taux de fécondité de 5,88 enfants par femme en 20181) et le changement climatique menacent l’agriculture et la sécurité alimentaire.
Le taux d'extrême pauvreté s’est accéléré sous l’effet conjugué des crises sécuritaires et de la pandémie pour s’établir à 15,9 % en 2021. L’extrême pauvreté s’est davantage accentuée pour atteindre 19,1 % en 2022, tirée par l’érosion du pouvoir d’achat des plus vulnérables, due à l’envolée des prix, à la consommation et à la faible croissance économique. Les zones rurales du sud à forte densité démographique concentrent les 90 % de la pauvreté du pays.
Situation politique
Le Mali traverse une période d’instabilité et de conflit depuis le coup d’État militaire de 2012 et l’occupation des régions du nord par des groupes armés.
À la suite de la rupture institutionnelle du 18 août 2020, un gouvernement ainsi qu’un Conseil national de transition (CNT), faisant office d’Assemblée nationale, ont été mis en place en attendant l’organisation d’élections démocratiques. Le colonel Assimi Goïta a été proclamé chef de l’État le 28 mai 2021 par la Cour constitutionnelle.
Le dialogue inter-malien pour la paix et la réconciliation nationale, organisé par les autorités de transition du 13 avril au 10 mai 2024, a été présenté comme une initiative visant à restaurer la paix et la cohésion sociale par le biais de « solutions consensuelles ». Cependant, deux des recommandations ont attiré le plus d'attention. L'une concerne la prolongation de trois à cinq ans de la transition avant les élections démocratiques. L'autre est la modification de l'article 9 de la Charte de transition pour permettre au président Assimi Goïta de se présenter à la prochaine élection présidentielle.
Le gouvernement a levé le 11 juillet la mesure de suspension qui frappait depuis le 10 avril les partis politiques. Les autorités avaient suspendu « jusqu’à nouvel ordre », les activités des partis politiques et des associations à caractère politique sur toute l’étendue du territoire, évoquant des « raisons politiques et sécuritaires ».
La situation sécuritaire du pays s’est considérablement dégradée le 17 septembre lors des attaques perpétrées par des groupes terroristes ciblant l'école nationale de la gendarmerie et l'aéroport de Bamako-Sénou. Une branche de la filiale locale d'Al-Qaïda (Jnim) a revendiqué l'attaque. Selon les médias, ces attaques ont fait plusieurs morts et blessés.
Situation économique
L’économie s’est montrée résiliente en 2022 avec une croissance du PIB estimée à 3,5 %, en dépit des effets combinés des sanctions de la CEDEAO et des conséquences de la guerre en Ukraine, traduisant le rebond de la production céréalière et la bonne tenue du secteur minier. La croissance du PIB devrait atteindre 3,7 % en 2024 (0,6 % par habitant), soutenue par l'agriculture et les services, tandis que les pénuries persistantes d'électricité devraient entraver la production industrielle. Le taux d'extrême pauvreté devrait tomber à 20,8 %, à cause d’une inflation plus faible de 1,2 %.
La forte détérioration en 2022 des termes de l’échange s’est atténuée en 2023, reflétant une baisse des cours du pétrole, dans un contexte haussier des prix de l’or. Ceci a toutefois été modéré par une baisse des exportations de coton à la suite d’une faible campagne en 2022 et d’une reprise des flux d’importations après la levée des sanctions de la CEDEAO. Ces développements ont conduit à la stabilisation du déficit courant à 6,8 % du PIB en 2023 tandis que la baisse des flux financiers extérieurs s’est accentuée en 2023.
Les dépenses budgétaires, en accélération depuis 2020 pour répondre aux multiples chocs, ont continué d’augmenter en 2023, tirées notamment par la masse salariale et les dépenses de sécurité. Au même moment, les recettes fiscales ont rebondi en 2023 avec la reprise des flux commerciaux après la levée des sanctions de la CEDEAO et la baisse des pressions inflationnistes et des besoins de dépenses fiscales, conduisant à une stabilisation du déficit fiscal à 4,8 % du PIB.
À la suite de la levée des sanctions annoncée par la CEDEAO, les priorités à court terme consistent à préserver les bénéfices de l’intégration régionale à travers la mise en place d’accords bilatéraux de libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux avec les pays de la CEDEAO non-membres de l’UEMOA, tout en poursuivant les réformes en vue d’améliorer la gestion des dépenses publiques et les performances de l’administration fiscale.
(1) Data for World Bank – World Development Indicators 2018.
Dernière mise à jour: 07 oct. 2024