Comprendre les principales conclusions du Mémorandum économique de Madagascar en quatre graphiques :
Promouvoir la concurrence, la contestabilité des marchés et l’amélioration du climat des affaires
Madagascar possède un environnement concurrentiel difficile, caractérisé par des règles du jeu peu inclusives et de fortes barrières à l’entrée dans des secteurs clés de l’économie. De fait, les marchés malgaches sont souvent perçus comme étant dominés par quelques entreprises et acteurs économiques puissants. Pour uniformiser les règles du jeu, la loi sur la concurrence gagnerait à être renforcée et, son application devrait être soutenue par un conseil de la concurrence et des organismes de réglementation plus efficaces et indépendants des ministères de tutelle et des opérateurs privés. Plus généralement, une simplification des règles administratives, un renforcement de la justice commerciale et une dématérialisation des certains services publics pourraient significativement améliorer le climat des affaires et encourager l’investissement privé.
Accroître la productivité dans le secteur rizicole
L’étude recommande d’améliorer la compétitivité de la chaîne de valeur du riz afin que le riz produit dans le pays puisse concurrencer le riz importé. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Selon les estimations, environ 20 % seulement du riz cultivé à Madagascar est commercialisé, le reste étant destiné à la consommation directe des agriculteurs. L’étude suggère notamment d’intensifier les investissements en cours dans la connectivité rurale, d’étendre les superficies rizicoles et de renforcer la sécurité foncière. De plus, la suppression des exemptions de droits de douane sur les importations de riz pourrait également inciter les producteurs locaux à commercialiser leur production et à investir dans des méthodes à plus haut rendement, tout en libérant des ressources pour les investissements publics dans les infrastructures régionales et programmes sociaux. La levée de l’interdiction d’exportation des variétés de riz haut de gamme, ainsi que de la vanille conditionnée sous vide, des récoltes précoces de litchis, de l'ylang-ylang et du bétail pourraient également permettre d’augmenter les revenus des producteurs et encourager les investissements dans l’agroalimentaire.
Renforcer la qualité du capital humain
Un Malgache né aujourd’hui n’aura à l’âge adulte qu’une productivité équivalente à 37 % de ce qu’elle aurait pu être s’il avait bénéficié d’un accès complet aux services de santé et d’éducation. Cet écart de productivité situe Madagascar au bas de l’échelle internationale en matière de qualité du capital humain. Pour permettre à une population jeune et en pleine expansion de saisir les opportunités de la croissance économique, il est essentiel de mieux investir dans l’éducation, la santé et la protection sociale. Un recrutement méritocratique pour les enseignants ainsi qu’un alignement du calendrier scolaire sur la saison agricole s’avère être des priorités urgentes pour améliorer les résultats d'apprentissage. Améliorer les services de santé et de nutrition et renforcer les filets sociaux pour les plus pauvres sont également essentiels pour contribuer à réduire le retard de croissance qui affecte 47% des enfants.
Améliorer la connectivité, l’accès à l’énergie et aux services digitaux
A Madagascar, la mauvaise qualité du réseau routier (en particulier les voies de desserte) restreint l’accès aux marchés et accroît la vulnérabilité aux évènements climatiques. Pour améliorer l’accès au réseau routier dans les zones rurales et tirer bénéfice des projets d’infrastructure en cours (notamment vers les corridors agricoles), le pays gagnerait à perfectionner son processus d’exécution des investissements publics, créer de nouvelles ressources pour l’entretien routier et renforcer les infrastructures logistiques de soutien. La restructuration de la concession du chemin de fer et le renouvellement de l’accord de ciel ouvert partiel sont d’autres priorités à considérer pour améliorer la connectivité et ouvrir de nouvelles opportunités commerciales. Par ailleurs, la poursuite des efforts pour le redressement financier de la compagnie nationale d’électricité, JIRAMA est essentielle pour améliorer l’accès et la fiabilité du réseau, alors que l’autorisation d’investissements concurrents dans les infrastructures numériques et une réduction des coûts de licence pourraient attirer de nouveaux investissements et réduire le prix des connexions.