La croissance économique a été soutenue au cours des quatre dernières années
Passant de 2,3 % en 2013 à environ 4,2 % en 2017, la croissance du PIB a constamment augmenté depuis 2013 et devrait s’établir à 5 % en 2018. Le secteur tertiaire est le principal levier de croissance depuis 2015, en particulier les services, estimés 5,4 % en 2018. Dans ce secteur, le commerce a été dynamique avec une progression de 4,1 % en 2017 qui devrait se poursuivre en 2018 pour atteindre 4,5 %.
Le secteur agricole peine à se développer
À Madagascar, près de 80 % de la population exerce des activités agricoles. Or, entre 2014 et 2017, le secteur agricole s'est contracté en moyenne de 0,8 % par an, ce qui indique que la croissance économique de ces dernières années n’a pas eu de répercussions positives sur les conditions de vie de la population rurale.
Cela s’explique notamment par la faible productivité agricole, due à une utilisation insuffisante des techniques modernes, au manque de connectivité entre les marchés, pour faciliter le transport des marchandises et à des conditions climatiques très fluctuantes. En dehors des travaux agricoles, les ménages ruraux ont peu d'activités alternatives, susceptibles de générer des revenus suffisants pour atténuer l'impact des mauvaises récoltes et des chocs météorologiques.
Selon les auteurs du rapport, les conditions climatiques de Madagascar sont à la fois une bénédiction et une malédiction pour la performance du secteur agricole. D’un côté, le climat unique du pays a favorisé le développement de certaines cultures de rente comme la vanille, le girofle et d'autres épices. L’importante augmentation des prix de la vanille a stimulé les recettes d'exportation en 2017, ce qui a permis à la Banque centrale d'accumuler plus de réserves de change que prévu. D’un autre côté, la grave sècheresse de 2017, combinée aux cyclones, a réduit d'environ 20 % l'offre de riz produit localement. En conséquence, le secteur agricole s'est contracté d'environ 6,6 % en 2017.
Des perspectives macroéconomiques positives offrent des opportunités pour réduire la pauvreté
Projetée à 5,4 % en 2019, la croissance devrait rester dynamique. La politique monétaire devrait rester axée sur le contrôle de l'inflation qui est estimée à 6,4 % en 2019 et devrait être comprise entre 5,4 et 6,0 % en moyenne entre 2020 et 2022. À moyen terme, les dépenses publiques devraient aussi rester stables, avec toutefois une évolution vers une réduction de la part des dépenses courantes et une augmentation des dépenses d’investissement.
Bien qu’une hausse de la croissance économique soit prévue à moyen terme, le rapport souligne qu’il est essentiel de donner la priorité à une croissance plus inclusive pour réduire la pauvreté. D’autant que les projections actuelles suggèrent que la proportion de la population malgache vivant sous le seuil de pauvreté pourrait diminuer. En effet, l’incidence de pauvreté, basée sur un seuil de 1,90 dollar par jour et par parité de pouvoir d’achat, devrait baisser de 75 % en 2018 à 73 % en 2020. Par ailleurs, l'augmentation des recettes fiscales et la réduction des transferts aux entreprises publiques peu performantes permettraient de débloquer davantage de ressources pour la fourniture des services publics tels que l'éducation, la santé, et les infrastructures publiques en milieu rural.
Un accès accru aux services financiers mobiles permettrait d’inclure les plus pauvres et de les faire participer à la croissance
Dans un dossier spécial sur l’inclusion financière, le rapport constate que les niveaux de pénétration des banques à Madagascar sont parmi les plus bas d'Afrique. Accroître l'accès au système financier pour les 41 % de la population actuellement non bancarisée permettra aux individus d’épargner et d’effectuer des paiements plus sûrs. Cela offrira également des opportunités d'accès au crédit, pour démarrer ou développer une activité, à ceux qui étaient auparavant exclus de ce type de service financier. Par ailleurs, une expansion rapide de l'argent mobile donnera la possibilité d'accroître l'inclusion financière. Les données Findex montrent déjà une évolution positive : le pourcentage d'adultes possédant un compte auprès d'une institution financière ou d'un service d'argent mobile à Madagascar a doublé au cours des trois dernières années (de 9 % en 2014 à 18 % en 2017) mais reste encore bien inférieur à la moyenne de l’Afrique subsaharienne qui est de 43 %.
Environ 40 % de la population malgache a actuellement accès à un téléphone mobile. Au fur et à mesure que le pays se développe, la demande en téléphones mobiles et la clientèle potentielle du système financier augmenteront également. Le rapport précise que le manque de revenus disponibles pour acheter un téléphone mobile ne constitue pas nécessairement un obstacle à l'utilisation de l'argent mobile. En effet, l’une des solutions pour les clients les plus pauvres serait d’acheter une carte SIM. Cela leur permet d’utiliser des services d'encaissement, grâce à l'utilisation du téléphone mobile d'un agent bancaire.