Mobiliser les recettes minières pour promouvoir le développement
Le rapport indique que la RDC a tout le potentiel pour sortir d’un équilibre sous-optimal de faible mobilisation des recettes domestiques compensée par une dépendance vis-à-vis de l’aide internationale. La solution serait de bâtir sur cette aide pour mettre en place les réformes qui pousseraient le pays vers un nouvel équilibre. Cet équilibre serait caractérisé par une plus grande mobilisation des potentialités permettant à la fois : (i) d’assurer un développement économique et social soutenu ; (ii) des investissements publics croissants dans les infrastructures et les secteurs sociaux ; et (iii) le maintien de la stabilité macroéconomique. Comme le souligne Emmanuel Pinto Moreira, économiste en chef de la Banque mondiale en RDC: « Une meilleure mobilisation des revenus issus du secteur des ressources naturelles permettrait d’augmenter l’espace budgétaire et de doter le pays des moyens financiers nécessaires pour financer son développement économique et social ».
Briser le cercle vicieux de la fragilité
La fragilité se dessine sur fond de pauvreté et de disparité d’accès aux services sociaux et aux infrastructures. Tous les indicateurs du développement humain sont à des niveaux très modestes et l’Indice de développement humain (IDH) pour 2014 place la RDC au 186ème rang sur 187 pays. Une meilleure mobilisation des recettes des ressources naturelles est nécessaire pour améliorer la capacité de l’État à affronter la fragilité sociale et nationale. Or les défis qu’affronte la RDC sont de nature structurelle et couvrent un large spectre de domaines économiques et sociaux interdépendants La RDC se trouve confrontée à des problèmes de compétition pour l’utilisation des richesses du sol et du sous-sol qui sont devenus sources de fragilité et de conflits. La fragilité est devenue un phénomène autoentretenu où les griefs suscitent des violences qui génèrent d’autres griefs, notamment liés aux déplacements, qui deviennent à leur tour source de nouvelles violences. Briser ce cercle vicieux exige une présence de l’État, sous forme sécuritaire, mais aussi pour créer des opportunités de développement durable au bénéfice de la population.
L’État comme acteur principal du développement
Les indicateurs sociaux et de revenus montrent les pistes optimales d’intervention où la présence de l’État pourrait avoir un impact maximal en matière de croissance et de développement. En effet, une enquête nationale récemment réalisée auprès des ménages montre que l’activité minière est répandue en RDC, avec à la fois un impact positif sur l’emploi et les revenus et les services sociaux, mais des externalités négatives importantes. Ainsi, par exemple, alors que 10% des communes déclarent que les mines fournissent des services scolaires, près de la moitié des communes associent l’activité minière au travail des enfants et à la déperdition scolaire. Ceci illustre la nécessité pour l’État de réguler le secteur de façon à accroître son impact sur le plan social.
En effet, le rapport note que la faible gouvernance et transparence du secteur minier reste une préoccupation de taille en RDC. Améliorer la gouvernance du secteur, le climat des affaires et la qualité des dépenses publiques devrait permettre au pays de transformer les ressources naturelles en vecteur de croissance, de développement et de cohésion sociale. « L’extraction industrielle devrait mettre des recettes importantes à la disposition de l’État pour financer ses programmes de développement. Quant à la prospection artisanale, elle pourrait être source d’emplois et de revenus pour la population locale et devrait dynamiser l’économie locale », souligne le rapport.
En somme, la RDC dispose des ressources potentielles pour gravir les échelons du développement humain, et le soutien international ne devrait être qu’un catalyseur permettant d’initier les politiques domestiques nécessaires.