KINSHASA, novembre 2023 - La première édition du Rapport sur le climat et le développement en République démocratique du Congo (RDC) souligne le besoin critique pour la RDC d'entreprendre une transformation structurelle et une diversification économique en tant que stratégies essentielles pour la réduction de la pauvreté et la promotion d'un développement inclusif et durable.
Ce Rapport sur le Climat et le Développement du Pays (CCDR) vise à appuyer les efforts de la RDC pour atteindre ses objectifs de développement en quantifiant les impacts du changement climatique sur l'économie et en mettant en évidence les politiques et les interventions nécessaires pour renforcer la résilience climatique du pays. Le CCDR soutient la vision stratégique du gouvernement de la RDC, qui vise à atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire d'ici 2035 et à évoluer, d'ici 2050, vers une économie diversifiée et inclusive grâce à une croissance durable.
La RDC souffre de l'effet combiné d'une population vulnérable importante, d'une augmentation de la fréquence des extrêmes climatiques et d'une faible fourniture de services et d'infrastructures. Avec une population estimée à 95,3 millions de personnes et un taux de pauvreté de 62,3 % en 2022, le pays est classé 178 sur 182 dans l'indice mondial d'adaptation de l’université de Notre Dame (Etats-Unis) pour 2020. Les chocs liés au climat, notamment les inondations et les sécheresses, devraient augmenter en fréquence et en intensité au fil du temps, et les pauvres en subiront les conséquences les plus graves.
La plupart des facteurs de pauvreté en RDC sont sensibles au changement climatique. Trois facteurs socio-économiques extrêmement sensibles contribuent fortement aux taux de pauvreté et d'exclusion sociale en RDC : l'accès limité à l'eau, à l'électricité et à l'assainissement ; la qualité insatisfaisante des logements ; et la connectivité déficiente des transports. Le changement climatique risque d'effacer les progrès durement acquis par la RDC en matière de capital humain, affectant de manière disproportionnée les populations défavorisées, notamment les femmes et les groupes exclus.
En fonction de divers scénarios de développement, l'absence d'adaptation au changement climatique pourrait conduire à une diminution du PIB atteignant jusqu’à 13 % d'ici à 2050.
Des mesures d'adaptation supplémentaires pourraient, d'ici 2050, réduire l'impact du changement climatique sur le PIB et les investissements publics d'environ 40 % à 7,8 % du PIB dans le scénario climatique le plus pessimiste. La RDC devrait investir 9 % supplémentaires de son PIB pour compenser les effets du changement climatique d'ici 2050.
Une approche de développement ambitieuse, combinée à des stratégies d'adaptation renforçant la résilience climatique, impliquera de repenser fondamentalement nos actions et de conduire les initiatives de développement de manière novatrice. Les nouveaux investissements doivent prendre en compte la résilience au changement climatique et promouvoir l'inclusion, nécessitant ainsi des politiques et des investissements supplémentaires.
Le CCDR identifie quatre domaines d'action essentiels pour permettre à la RDC de relever ses défis de développement dans le contexte du changement climatique. Selon les actions d'adaptation modélisées dans le rapport, les investissements publics initiaux nécessaires pour compenser partiellement les risques liés au changement climatique sont estimés à environ 10,9 milliards de dollars d'ici 2050. Les domaines d'action spécifiques sont les suivants :
- Soutenir la vision de la RDC en tant que "pays de solutions" pour le climat en promouvant une exploitation minière durable, en développant l'hydroélectricité, en préservant les forêts et en adoptant une gestion intégrée des paysages.
- Accroître la productivité agricole et garantir la sécurité alimentaire par le biais de pratiques agricoles intelligentes face au climat, tout en appuyant l'irrigation gérée par les agriculteurs.
- Développer des transports et des villes résistants au climat, renforcer l'accès au numérique et améliorer l'accès aux services de base.
- Améliorer la gouvernance et renforcer le capital humain en réduisant la pauvreté, en favorisant l'inclusion sociale et en renforçant la sécurité.