KINSHASA, le 15 octobre 2015 – Le bureau de la Banque mondiale en République démocratique du Congo (RDC) a publié la troisième édition du Rapport de suivi de la situation économique et financière intitulé Renforcer la résilience de long terme de la RDC: le rôle de la dé-dollarisation, de la prospection artisanale et de la diversification économique.
En 2014, le taux de croissance du PIB a atteint un record de 9 %, après s’être établi en moyenne à 7,7% de 2010 à 2014. La croissance du PIB en RDC demeure robuste, tirée par un secteur minier dynamique et par une reprise dans les autres secteurs, souligne la première partie du rapport.
Le rapport rappelle le rôle des politiques macroéconomique du gouvernement, axées sur la discipline monétaire et budgétaire qui ont contribué à restaurer la stabilité de l’économie. En effet, les soldes budgétaires ont été souvent positifs au cours des dernières années et l’inflation a atteint des niveaux historiquement bas.
Mais malgré ces bonnes performances, le rapport doute de leur durabilité à long terme. Selon Chadi Bou Habib, économiste principal de la Banque mondiale pour la RDC, « En dépit de ces résultats positifs en matière de stabilité macroéconomique et de croissance, la résilience à long terme du pays nécessite une meilleure mobilisation des recettes du secteur des ressources naturelles, une réduction de la dollarisation, une réduction de la concentration de l’économie et une diversification des acteurs dans le secteur minier ».
L’insuffisance des recettes de l’État et l’érosion des réserves de devises fragilisent en effet la stabilité de la RDC à moyen et long termes. La rente des ressources naturelles est pourtant très élevée. Elle a atteint 36% du PIB en 2012, plaçant ainsi la RDC au 16e rang parmi les 186 pays du classement de la Banque mondiale sur les indicateurs du développement dans le monde. Toutefois, la mobilisation des recettes issues des ressources naturelles n’a pas dépassé 14,4 % du PIB, plaçant le pays à la 104e position parmi les 117 pays du classement. La forte dollarisation de l’économie congolaise (91 % des crédits et 86 % des dépôts), réduit la marge de manœuvre de la politique monétaire, accroît la pression sur les réserves de devises, et prive le gouvernement de 1 à 2 % du PIB en revenus de seigneuriage.
Le rapport constate aussi que les exportations de la RDC sont concentrées de manière excessive vers la Chine et que son économie est trop dépendante des matières premières. Ces facteurs risquent de fragiliser l’économie du pays. Par exemple, une réduction du PIB chinois d’un point de pourcentage réduirait le PIB congolais de 0,33 point, provoquant une baisse des réserves de devises de 107 millions de dollars.
Ces constats plaident en faveur d’une diversification de l’économie, rendue toutefois difficile du fait du manque d’infrastructures et de capacités. L’émergence de petites et moyennes entreprises minières aux côté des multinationales peut être un atout pour la diversification du secteur des industries extractives. Et il faut donc encourager leur développement. À l'exception du cuivre et du cobalt, la majorité des minerais produits et exportés proviennent de mines artisanales. L’activité minière a d’ailleurs remplacé l'agriculture dans de nombreuses zones rurales de la RDC. Le rapport estime que jusqu'à 870 000 personnes des deux sexes (soit 4 % des personnes âgées de 15-64 ans) sont employées dans ce secteur, qui est fortement demandeur en main d’œuvre et largement informel.
La formalisation de l’exploitation minière petite et artisanale permettrait à la RDC de créer des emplois, de générer des revenus pour les ménages et des recettes fiscales aux niveaux national et local. Cette transition du travail artisanal informel vers une activité de petites mines formelles, garantira une sécurité foncière aux EMPA, assurera la mise en place d’un régime d'imposition efficace pour l’État et fournira une assistance technique aux mineurs (y compris pour les travaux de géologie), ainsi qu’une meilleure organisation sociale.