La République démocratique du Congo abrite la deuxième forêt tropicale dense la plus vaste au monde, une ressource qui constitue une protection indispensable contre le changement climatique et les puits de carbone. Même si l’ampleur du déboisement en RDC est moindre que dans certains pays d’Amazonie et d’Asie du Sud-Est, plus de 300 000 hectares de forêts ont disparu entre 2010 et 2015. La communauté internationale doit donc redoubler d’efforts afin de mieux lutter contre le déboisement et la dégradation des forêts.
Pour faire face aux conséquences du changement climatique, le gouvernement de la RDC s’efforce de lutter contre le déboisement et la dégradation des forêts à travers l’Initiative REDD+ (réduction des émissions causées par le déboisement et la dégradation des forêts)
Le Programme de réduction des émissions dans la province de Mai Ndombe est le premier à avoir été sélectionné pour être intégré au Fonds carbone du Fonds de partenariat pour le carbone forestier en décembre 2016. Ce programme de lutte à grande échelle contre les émissions constitue la première étape de la mise en œuvre de la stratégie nationale REDD+ au niveau local. Il pourrait fournir un modèle de développement vert dans le bassin du Congo et tester l’efficacité de l’action climatique sur le continent africain.
Que fait la Banque mondiale en RDC ?
En collaboration avec ses partenaires, la Banque mondiale travaille depuis 2010 à la conception d’une initiative REDD+ intégrée dans la province de Mai Ndombe. Le programme envisagé comprend un volet investissements et un volet paiements basés sur la performance. Le Programme d’investissement forestier (en cours de mise en œuvre dans le district du Plateau de la province de Mai Ndombe depuis 2014) et l’Initiative forestière d’Afrique centrale (devant démarrer dans le district de Mai Ndombe au plus tard en mai 2018) permettent de financer des activités agroforestières pour préserver les forêts. Ces activités comprennent des plantations d’acacia dont le bois est utilisé dans la production de charbon et dans la construction. Ou encore, la culture intercalaire de l’acacia avec le manioc et des arbres fruitiers tels que le manguier et l’avocatier qui contribue au renforcement de la sécurité alimentaire.
Le programme permet d'améliorer les moyens de subsistance des agriculteurs qui vivent dans l’extrême pauvreté, de piéger le carbone et de réduire les émissions en limitant la pratique de la culture sur brûlis. Les efforts déployés afin d’atténuer les effets du changement climatique permettront aux bénéficiaires de recevoir dans l’avenir des paiements du Fonds de partenariat pour le carbone forestier (FCPF) dans le cadre d’un Contrat d’achat de crédits de réduction des émissions dont la signature par la Banque mondiale et le gouvernement de la RDC est imminente.
Quels sont les progrès accomplis jusqu’ici ?
- Une forte participation de la population – hommes et femmes – a été observée durant la phase de consultation sur l’initiative. Au mois de juin 2017, 15 406 personnes dont 8 165 femmes (soit plus de la moitié) avaient participé aux consultations.
- À ce jour, 1 295 800 plants d’acacias ont été mis en terre sur une superficie de 1 178 hectares. L’objectif du programme est de couvrir 5 000 hectares d’ici juin 2020. Il est en voie de l’atteindre d’ici 2019. Arbre à croissance rapide, l’acacia peut procurer rapidement du bois comme combustible et pour la construction, en remplissant parallèlement l’objectif de préservation des forêts naturelles contre la surexploitation. Il est planté en culture intercalaire avec le manioc et, très souvent, des arbres fruitiers tels que le manguier, le karité et l’avocatier.
- En outre, 4 396 hectares ont été mis en exclos dans la savane pour favoriser la régénération naturelle en protégeant les terres contre les feux de brousse.
- Au total, 3 772 petits agriculteurs, dont 1 113 femmes, ont bénéficié du programme grâce aux contrats de paiement de services environnementaux. Ces contrats de paiement sont signés avec les comités de développement local qui mènent des activités de reboisement. Environ 4 250 agriculteurs supplémentaires devraient bénéficier de projets similaires d’ici la fin du programme.
- Le programme s’est concentré sur le renforcement de la gouvernance des ressources naturelles dans le district du Plateau de la province. Un comité directeur chargé de l’investissement forestier et des programmes de réduction des émissions présidé par le gouverneur de la province de Mai Ndombe a été mis sur pied et s'est réuni deux fois, en décembre 2016 et 2017. Quatorze conseils agricoles ruraux de gestion sont accompagnés dans leurs actions et 199 comités de développement local ont été créés ou redynamisés. Les femmes représentent plus de 30 % des membres de ces conseils et comités.