Projet d’urgence de protection sociale et de réponse aux crises (SPECP)
Une forte dépendance aux importations pour satisfaire la demande intérieure rend les ménages djiboutiens extrêmement vulnérables aux chocs du commerce international. Depuis février 2022, le pays fait face à une augmentation significative des prix des denrées, notamment du blé, de l’huile végétale et des fruits et légumes, impactant de manière disproportionnée les populations pauvres et vulnérables. Et bien que le gouvernement ait empêché l’augmentation du prix des produits de première nécessité, ces tendances inflationnistes mettent les ménages à rude épreuve. Le renchérissement des produits alimentaires et des carburants a des effets particulièrement délétères sur les ménages pauvres et vulnérables, qui voient leurs conditions de vie déjà précaires se dégrader et leur capital humain s’éroder, et qui sont contraints de recourir à des stratégies de survie néfastes.
Ce projet d’un montant de 30 millions de dollars fournit des transferts monétaires et en nature aux ménages touchés par la crise, tout en renforçant les mécanismes de protection sociale adaptative, afin de mieux préparer les populations locales aux crises futures et de contribuer à la lutte contre la pauvreté. Voici un aperçu des résultats du projet :
- Environ 15 000 ménages bénéficient d’une aide d’urgence en espèces et en nature, tandis que 2 200 étudiants reçoivent des allocations. Les transferts sociaux d’urgence comptent actuellement 86 200 bénéficiaires, dont 34 480 femmes.
- Dans le cadre de la mise en place de mécanismes de protection sociale adaptative, le projet soutient également des activités de sensibilisation sur la gestion des crises auprès des communautés, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles et communautaires pour se préparer aux crises et y répondre.
- Il permettra de doter 75 % des localités ciblées de mécanismes améliorés pour resserrer les liens entre protection sociale et réponse aux crises.
- En outre, le projet contribue au renforcement et au développement communautaire grâce à la constitution d’associations villageoises de crédit et à la création d’activités génératrices de revenus.
- Enfin, 60 % des bénéficiaires des transferts de protection sociale dans les zones rurales possèdent désormais un compte dans une institution financière, ce qui favorisera considérablement l’autonomie économique des ménages pauvres et vulnérables.
Projet d’élargissement des possibilités d’apprentissage
Les autorités de Djibouti ont fait du capital humain et de l’éducation un élément central des politiques de développement. Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle met en œuvre une réforme globale destinée à améliorer l’accès à l’éducation, la qualité des enseignements et les apprentissages. Le projet d’élargissement des possibilités d’apprentissage est l’une des opérations de la Banque mondiale à Djibouti les plus importantes et les plus performantes. Il bénéficie d’un financement de 30,35 millions de dollars apporté par l’IDA et son Guichet pour les réfugiés, ainsi que par le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE) et la Fondation Education Above All (Qatar). Lancé en février 2020, juste avant la pandémie de COVID‑19, le projet a notamment contribué à l’obtention des résultats suivants :
- Améliorer l’accès au système éducatif et l’inclusion : plus de 13 000 enfants privés d’école ont été scolarisés à ce jour, et 20 000 de plus devraient l’être au cours des deux prochaines années. Ces chiffres témoignent d’un regain d’efforts pour accroître des niveaux de scolarisation particulièrement bas. Un nouveau programme d’apprentissage accéléré a ainsi été mis en place à l’intention des élèves qui ont quitté l’école prématurément, tandis que des stratégies ont été mises en œuvre en vue d’améliorer la scolarisation des filles et d’intégrer les enfants présentant des besoins particuliers dans les écoles publiques.
- Réduire les redoublements et améliorer l’efficacité : le taux de redoublement en 5e année de scolarité est passé de 24 à 6 %, une forte baisse qui rend compte de l’engagement du ministère à favoriser la poursuite des études grâce à des mesures qui promeuvent l’évaluation continue, facilitent le passage d’une année scolaire à l’autre et renforcent la responsabilisation des établissements scolaires. Ces progrès améliorent considérablement l’efficacité du secteur de l’éducation et l’utilisation de ressources limitées.
- Développer l’éducation préscolaire pour améliorer la préparation des élèves : l’éducation préscolaire est un domaine nouveau pour Djibouti. Le projet a aidé le ministère à jeter les bases d’une politique préscolaire couvrant l’établissement de normes de qualité pour réglementer l’offre publique et privée, la révision des programmes, l’élaboration de modules de formation et la création d’un mécanisme d’assurance qualité pour tous les établissements préscolaires. Les services sont ciblés sur les zones rurales et les enfants vulnérables, pour lesquels le retour sur investissement est le plus élevé. À ce jour, le projet a soutenu la construction, la remise en état et l’équipement de 43 nouvelles salles de classe maternelle, facilitant ainsi la scolarisation de plus de 1 075 jeunes enfants. L’engagement du ministère à assurer une année d’enseignement préscolaire à tous les enfants d’ici 2035 représente un effort concerté pour veiller à ce que tous les enfants soient en mesure de développer des compétences cognitives et socio‑affectives dès leur plus jeune âge.
- Améliorer les acquis scolaires : le ministère met en œuvre un ensemble de mesures qui priorisent les apprentissages. Les programmes scolaires ont été révisés pour toutes les classes du primaire et du premier cycle du secondaire, l’accent étant mis sur les socles fondamentaux que sont la lecture, l’écriture et le calcul dans les petites classes, les compétences de la vie courante et l’adaptation des contenus. Tous les enseignants bénéficient d’un perfectionnement professionnel et d’un suivi régulier assuré par des conseillers pédagogiques et les directeurs d’école, afin de promouvoir des pratiques pédagogiques davantage centrées sur l’élève. Des efforts considérables ont été déployés pour réaliser des évaluations des acquis scolaires, afin de mesurer les progrès d’apprentissage, identifier les domaines nécessitant une attention supplémentaire et renforcer les capacités institutionnelles. Les résultats d’une récente évaluation des compétences en lecture dans les petites classes montrent une amélioration des résultats des élèves, faisant de Djibouti l’un des rares pays à avoir enregistré une progression des apprentissages pendant la COVID‑19.
- Favoriser l’accès des réfugiés à l’éducation : Djibouti poursuit une politique en faveur de l’accès des réfugiés à l’éducation qui s’emploie notamment à proposer des contenus et des supports d’apprentissage dans leur langue.
L’introduction des réformes sous la forme d’un ensemble intégré, le souci de faire comprendre le sens de la réforme aux autorités éducatives, aux enseignants et aux parents, jusqu’à l’échelon des structures scolaires, ainsi que la réorganisation de la sélection des responsables de l’éducation ont été essentiels pour ancrer la réforme et promouvoir un impact systémique.
Projet de réponse au déplacement dans la Corne de l’Afrique
Djibouti a toujours été un pays d’accueil pour les populations des pays voisins. En février 2024[1], Djibouti abritait 31 532 réfugiés et demandeurs d’asile enregistrés, dont 85 % vivaient dans des villages de réfugiés. Ces réfugiés et demandeurs d’asile viennent principalement de Somalie (13 537), d’Éthiopie (13 018), du Yémen (3 420), et d’Érythrée (1 478), avec quelques autres pays (79).
Les déplacements prolongés et récents ont aggravé la situation des communautés qui accueillent des réfugiés, créant une concurrence accrue pour des services sociaux déjà rares, des opportunités économiques limitées, et des ressources naturelles. Les déplacés de force — comprenant à la fois des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) — augmentent à un rythme régulier en raison des conflits dans les pays voisins et de la sécheresse persistante dans la région. L’afflux de réfugiés exerce une pression encore plus grande sur les communautés d’accueil, en particulier dans les zones rurales qui ont déjà du mal à offrir des services de qualité et des opportunités socio‑économiques. Sur l’ensemble des sites, la population hôte environnante est confrontée à une plus grande insécurité alimentaire et a un accès limité aux services sociaux de base et aux opportunités de subsistance. Par rapport aux hommes réfugiés, les femmes et les filles sont particulièrement exposées aux vulnérabilités économiques et sociales, et rencontrent de nombreux défis liés à une santé plus précaire, à un niveau d’éducation plus faible, et à des opportunités d’emploi moindres, principalement dans l’économie informelle.
En consultation avec le HCR, la Banque mondiale a constaté que le gouvernement de Djibouti avait adopté une approche stratégique visant à apporter des solutions à long terme qui profitent à la fois aux réfugiés et aux communautés d’accueil, tout en gérant des questions plus vastes de migration, y compris celles concernant les migrants économiques sans papiers.
Dans ce contexte, le projet de Réponse au Déplacement a alloué 30 millions de dollars (20 millions en financement initial et 10 millions supplémentaires) pour améliorer l’accès aux services sociaux de base, élargir les opportunités économiques et renforcer la gestion de l’environnement pour les communautés accueillant des réfugiés. Le projet a mis en œuvre une approche de développement local intégrée, axée sur des solutions à long terme pour ces communautés, à travers des investissements intégrés dans les infrastructures sociales et économiques, une meilleure gestion des ressources naturelles dans les zones accueillant des réfugiés, ainsi que l’apprentissage et le partage de connaissances au niveau régional sur les déplacements forcés.
Les résultats à ce jour, jusqu’en mars 2024, incluent :
- 135 830 personnes ont bénéficié d’un meilleur accès aux services de base tels que l’éducation, les soins de santé et les énergies renouvelables ;
- 54 437 personnes ont obtenu un accès aux énergies renouvelables ;
- 51 794 journées de travail ont été créées pour des emplois temporaires dans des sous-projets ;
- 5 588 personnes, y compris celles qui ont reçu un soutien aux moyens de subsistance sous forme de subventions d’entreprise, de formations à l’entrepreneuriat, et de kits agricoles productifs, ont signalé une augmentation de leurs revenus.
[1] HCR, Mise à jour opérationnelle à Djibouti, février 2024