En 2016 et pendant les premiers mois de 2017, la Côte d’Ivoire a continué d’enregistrer une des plus fortes croissances économiques du continent africain avec toutefois quelques signes d’essoufflement, notamment, la baisse prolongée du prix du cacao sur les marchés internationaux et les incertitudes liées aux revendications des forces armées et d’une partie de la fonction publique.
Les perspectives économiques pour les 2 à 3 prochaines années restent bonnes avec un taux de croissance qui devrait converger autour de 6,5 %, le maintien d’une inflation modérée et la maîtrise des finances publiques grâce à des politiques budgétaires et monétaires prudentes, ainsi qu’à la poursuite de réformes visant à améliorer le climat des affaires et à promouvoir un usage efficace des partenariats publics-privés.
Les risques ne sont pas négligeables tant au niveau extérieur que domestique avec une économie qui reste vulnérable aux fluctuations des prix des matières premières et des conditions climatiques. D’autant que la tentation d’écarts budgétaires pourrait augmenter avec le rapprochement des élections présidentielles en 2020 et le besoin de financer des déséquilibres financiers persistants dans le secteur de l’énergie et dans quelques banques publiques.
La Côte d’Ivoire devra non seulement réussir à préserver un taux de croissance élevé dans un contexte plus difficile mais aussi redistribuer davantage les fruits de cette croissance aux populations les plus vulnérables. Car on estime que près de la moitié des ménages sont toujours pauvres – ce qui représente à la fois un manque à gagner économique et une source potentielle de tension sociale et politique.
L’expérience internationale a montré que la promotion de l’équité homme-femmes est un instrument de politique économique efficace susceptible de générer des gains supérieurs à 6 milliards de dollars en Côte d’Ivoire.
Malgré des efforts récents, la Côte d’Ivoire demeure l’un des pays du monde où les inégalités entre les hommes et les femmes sont les plus marquées, comme l’indique son mauvais classement dans l’indice de l’égalité des genres établis par l’ONU (171e sur 188 pays) ou le World Economic Forum (136 sur 144 pays).
Les femmes ivoiriennes souffrent de discriminations profondes tant en termes d’accès à l’éducation (où l’égalité des genres n’est même pas atteinte au primaire) qu’aux soins de santé et sur le marché du travail où elles touchent en moyenne un revenu à peine égal à la moitié de celui des hommes.
Pour être efficace et irréversible, une politique de promotion de la parité entre les hommes et les femmes devra porter sur trois éléments complémentaires : (i) une réduction des discriminations à l’encontre des femmes dans le domaine de l’éducation tout en leur apportant un meilleur accès aux instruments de planning familial qui sont requis pour diminuer leur taux de fertilité qui reste l’un des plus élevés au monde, notamment parmi les adolescentes ; (ii) une participation accrue des femmes dans les processus de décisions et de production alors qu’elles sont encore marginalisées tant les institutions politiques que dans les entreprises et les familles ; et (iii) une politique active et intelligente de la part du gouvernement afin de minimiser les coûts d’ajustements qui pourraient survenir dans les familles et sur le marché du travail lors de la mise en œuvre de cette politique.