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publication 14 juin 2018

Dernier rapport sur la pauvreté aux Comores

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Photo: Erick Rabemananoro/Banque mondiale


LES POINTS MARQUANTS

  • La Banque mondiale vient de publier son rapport sur l’évaluation de la pauvreté aux Comores qui se base sur l’analyse des deux dernières séries d’enquêtes auprès des ménages.
  • Le rapport constate que la pauvreté a reculé depuis 2014, aussi bien en milieu urbain que rural mais que les inégalités persistent dans plusieurs indicateurs de bien-être.
  • L’étude insiste sur la nécessité de saisir les avantages comparatifs inexploités afin de créer des emplois plus productifs et pérenniser les progrès tout en réduisant les inégalités.

MORONI, le 14 mai 2018 - Situé dans l’océan Indien, au nord-ouest de Mayotte et de Madagascar, l’archipel des Comores a enregistré une diminution de la pauvreté de 10 points de pourcentage depuis 2014 selon le dernier rapport sur l’évaluation de la pauvreté aux Comores publié par la Banque mondiale.  

L’étude, qui constate que la pauvreté a diminué à la fois dans les zones rurales et urbaines, avec toutefois un taux de pauvreté nettement moins élevé en milieu urbain, tire six principaux enseignements :

  • L’incidence de la pauvreté est relativement élevée au niveau national, mais plutôt faible par rapport aux pays d’Afrique subsaharienne : en 2014, 42,4 % de la population, soit environ 316 000 personnes vivaient en-dessous du seuil de pauvreté, établi selon le coût des besoins de base, et s’élevant à 25 341 franc comorien par habitant et par mois. Environ 23,5 % de la population vit dans l’extrême pauvreté. Toutefois, en utilisant le seuil international de pauvreté de 1,9 dollars par habitant et par jour, seuls deux Comoriens sur dix seraient considérés comme pauvres, un taux qui place les Comores devant les autres pays à faible revenu et les autres pays d’Afrique subsaharienne avec 30 points de pourcentage d’avance.
  • L’inégalité demeure assez répandue : la consommation est répartie de manière très inégale aux Comores et les disparités sont plus prononcées dans les zones rurales et à Ndzouani. Les inégalités entre les ménages ruraux et urbains sont principalement dues au fait que les premiers perçoivent moins de rendements sur leurs biens. Les caractéristiques des ménages pauvres contribuent fortement à la persistance de la pauvreté et des inégalités entre les générations. Environ un cinquième de l’inégalité totale au niveau de la consommation est dû aux inégalités d’opportunités associées aux circonstances observées au sein des ménages comoriens.
  • On observe des signes positifs au niveau de la mobilité intergénérationnelle de la main-d’œuvre : les jeunes hommes et les jeunes femmes choisissent de plus en plus des secteurs plus productifs que ceux de leurs parents. Par conséquent, les conditions de vie et les dotations des ménages se sont améliorées, principalement grâce à l’obtention de meilleurs niveaux d’instruction et l’acquisition de moyens de communication et de transport. De meilleurs rendements économiques provenant des emplois dans les secteurs de l’industrie et du commerce, ont contribué à réduire davantage la pauvreté.
  • Les conditions de vie et la pauvreté multidimensionnelle se sont améliorées, mais de nombreuses personnes sont encore privées d’accès aux services et de biens : entre 2004 et 2014, les ménages ont connu des améliorations au niveau de leurs conditions de logement et de dotation en équipements modernes. La pauvreté multidimensionnelle a considérablement diminué avec l’amélioration des conditions de vie. La proportion de la population souffrant de privations dans environ un tiers des indicateurs du bien-être, tels que la consommation, l’accès aux biens et aux services de base, ainsi que les conditions de logement, est passée de 85 % en 2004 à 75 % en 2014. Malgré ces améliorations, la population continue de souffrir de graves privations dans plusieurs indicateurs du bien-être, en particulier dans les zones rurales. L’accès aux biens et aux services de base, suivi par la consommation, figurent parmi les indicateurs les plus importants du bien-être dont la population reste privée.
  • Les politiques de développement aux Comores semblent avoir contribué à l’amélioration des conditions de vie et du développement humain dans le pays, ainsi qu’à la réduction de la pauvreté : la stratégie nationale visant à promouvoir l’éducation et les dépenses sociales en matière d’éducation et de santé a non seulement permis d’enregistrer de nets progrès au niveau du capital humain, mais a également aidé à empêcher les inégalités de s’accentuer.
  • Le soutien de plus en plus important fourni par la diaspora à travers les envois de fonds à leurs familles, et à l’économie dans son ensemble, a sans doute davantage contribué à l’amélioration du niveau de vie des ménages et à la réduction de la pauvreté. Les Comoriens ont l’une des plus grandes diasporas d’Afrique et le pays fait partie des trois principaux bénéficiaires de transfert de fonds en Afrique subsaharienne. Les envois de fonds représentent environ 25 % du PIB, et les recettes en devises de ces envois dépassent celles des exportations. Les envois de fonds ont aussi considérablement augmenté durant les dix dernières années, à la fois en termes absolus et par rapport au PIB. Cependant, la durabilité de ces progrès reste incertaine.

Le rapport avance ainsi quelques conseils stratégiques pour accélérer la croissance économique et la réduction de la pauvreté aux Comores, entre autres, tirer profit des atouts des Comores et saisir les avantages comparatifs latents afin de créer des emplois plus productifs, promouvoir la diversification, la compétitivité et la formalité, et améliorer les opportunités pour mieux exploiter les gains tirés de la migration et des transferts de fonds.