N’DJAMENA, le 4 juillet 2023 - L’urbanisation rapide et non planifiée interagit avec la dégradation de l’environnement et le changement climatique pour amplifier le risque d’inondations dans le pays. Au Tchad, le risque est principalement concentré dans les centres urbains, N’Djamena présentant la plus forte exposition des zones bâties avec 14 et 74 % d’exposition à des inondations, avec des périodes de retour respectivement de 1 sur 10 et 1 sur 100 ans. Un an après les inondations qui ont plongé la capitale tchadienne dans la désolation, le dernier rapport annuel de la Banque mondiale sur la situation économique vient approfondir la réflexion sur le fléau.
La Note sur la situation économique du Tchad 2023 montre que les inondations provoquent des retombées négatives importantes qui perturbent l’activité économique, ont un impact négatif sur le bien-être des plus vulnérables et exacerbent les problèmes liés aux déplacements internes et aux conflits. Le Tchad étant l’un des pays les plus vulnérables au changement climatique, en l’absence de mesures urgentes visant à réduire efficacement les risques et à renforcer l’adaptation au climat, les conséquences des inondations pourraient s’aggraver encore ainsi qu’entraver les perspectives de croissance et développement à long terme.
Abordant les perspectives macroéconomiques du pays, le rapport indique que le Tchad a connu une croissance modeste de son PIB en 2022, les inondations et l’instabilité de l’environnement sécuritaire ayant freiné la reprise attendue. Après une contraction de 1,2 % en 2021 (– 4,3 % par habitant), l’économie tchadienne devait se redresser en 2022 grâce aux prix élevés du pétrole, à l’augmentation de la production pétrolière et à la dépréciation du taux de change FCFA/USD. Cependant, la reprise a été ralentie par les inondations et un environnement sécuritaire volatile, avec une croissance du PIB estimée à 2,2 % (– 0,9 % par habitant), et une croissance du PIB non pétrolier de 1,3 %, contre 0,4 % en 2021. L’industrie, principalement le secteur pétrolier, a été le principal contributeur à la croissance (4,1 points de pourcentage), suivie par l’agriculture avec une contribution de 0,6 point de pourcentage, en raison d’une distribution inadéquate des précipitations et de graves inondations.
En guise de réponses efficaces aux inondations, l’étude de la Banque mondiale suggère la mise en œuvre de réformes politiques ciblées pour renforcer la capacité du pays à s’adapter aux inondations. Des mesures visant à réduire la vulnérabilité physique et sociale sont nécessaires pour diminuer l’impact économique des inondations, tout en promouvant des villes plus productives et économiquement actives. À N’Djamena, des infrastructures résistantes au climat permettraient de réduire les dommages causés par les inondations fréquentes de 70 points de pourcentage d’ici à la fin du siècle, par rapport à un scénario sans adaptation.