Pays sahélien et enclavé d’Afrique centrale, le Tchad fait face à des défis sécuritaires liés aux conflits dans les pays limitrophes ainsi qu’aux conséquences du changement climatique, notamment avec l’accélération de la désertification et l’assèchement du lac Tchad.
En raison de la crise soudanaise et de l'arrivée continue de nouveaux réfugiés et de retournés, le gouvernement tchadien estime que près de 900 000 personnes pourraient arriver au Tchad d'ici la fin de 2024. Le Tchad accueillait déjà quelque 450 000 réfugiés en provenance du Soudan, de la République centrafricaine et du Nigéria.
La pauvreté et la vulnérabilité sont omniprésentes au Tchad, avec 44,8 % de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté national en 2022. L'extrême pauvreté ($2,15/jour par habitant [PPA 2017]) a augmenté de 2,6 points de pourcentage entre 2023 et 2024, pour atteindre 36,5 %. Cette augmentation se traduit par le fait que 688 000 personnes supplémentaires tombent dans l’extrême pauvreté. Depuis la mi-juillet, les inondations consécutives aux fortes pluies ont touché plus de 1 496 000 personnes (OCHA), détruit plus de 259 332 hectares de cultures (FAO) et entraîné la perte de plus de 66 728 têtes de bétail. Cette situation est préoccupante puisque près de 2,4 millions de Tchadiens étaient en risque d’insécurité alimentaire sévère en juin 2024.
L’Indice du capital humain de la Banque mondiale pour le Tchad est de 0.30. Ce qui signifie qu’un enfant né aujourd'hui sera 70 % moins productif à l'âge adulte qu'un enfant ayant reçu une éducation de qualité et bénéficié de services de santé adaptés. Par ailleurs, un enfant tchadien sur cinq n’atteindra pas sa cinquième année et 40 % d’entre eux souffrent d’un retard de croissance, avec un risque de conséquences durables sur leur développement cognitif. Entre les âges de 4 et 18 ans, les enfants tchadiens passent en moyenne seulement 5 ans sur les bancs de l’école.
Avec 856 décès pour 100 000 naissances vivantes, le Tchad a l’un des taux les plus élevés de mortalité maternelle, un phénomène aggravé par le nombre élevé de grossesses précoces (164,5 naissances pour 1 000 adolescentes âgées de 15 à 19 ans).
Le pays continue de faire face à d’importantes inégalités de genre, dont la réduction est essentielle à la lutte contre la pauvreté. Le Tchad se classe 144e sur 146 pays, selon l’Indice mondial des inégalités entre les sexes 2024 du Forum économique mondial, qui évalue les écarts entre les sexes entre les femmes et les hommes dans divers domaines, notamment la participation économique, l’éducation, la santé et l’autonomisation politique.
Situation politique
Faisant suite à la mort du président Idriss Déby Itno, le 20 avril 2021, au front, un Conseil militaire de transition, dirigé par son fils, Mahamat Idriss Déby Itno prend le relais. La Constitution est suspendue et une période de transition de 18 mois est observée.
Les conclusions du dialogue national inclusif et souverain organisé entre août et octobre 2022, prolongent la transition politique de deux ans. Investi comme président de la transition le 10 octobre, le général Mahamat Deby Itno met en place, le 14 octobre, un gouvernement d'union nationale.
À la suite du referendum constitutionnel du 27 décembre 2023, une élection présidentielle organisée le 6 mai 2024 marquant le retour à l’ordre constitutionnel. À l’issue de cette élection, Mahamat Idriss Déby a été élu avec 61 % des voix, selon le Conseil constitutionnel. Succès Masra, l’un des opposants aux Déby père et fils avant d’être nommé Premier ministre, est arrivé deuxième avec 18,54 % des voix. Son parti, Les Transformateurs, avait introduit un recours en annulation devant le Conseil constitutionnel, qui l’avait rejeté. Une autre partie de l’opposition, dont plusieurs candidats avaient été écartés de la course présidentielle, avait appelé à boycotter le scrutin.
Des élections sénatoriales, législatives et locales sont prévues pour se tenir en décembre 2024 en vue de parachever le retour à l’ordre constitutionnel.
Situation économique
- Pays producteur de pétrole depuis 2003, le Tchad est devenu très dépendant de cette ressource alors que son économie reposait auparavant sur l’agriculture.
- Malgré les tensions causées par la crise actuelle des réfugiés - qui pèse lourdement sur les ressources locales et accroît les pressions fiscales - l'économie tchadienne devrait maintenir une croissance de 3 % en 2024 (-0,1 % par habitant). La croissance du PIB non pétrolier est estimée à 2,7 %, en baisse par rapport à 4,1 % en 2023, en raison du ralentissement de la croissance de l'investissement public. Du côté de l'offre, l'industrie devrait contribuer à la croissance à hauteur de 1,3 point de pourcentage (pps), soutenue par une augmentation modeste de la production pétrolière, suivie par l'agriculture (1 pp), qui a été négativement affectée par les grandes inondations, et les services (0,7 pps).
- En 2024, il est attendu un taux de croissance du PIB de 3.0 %. En ce qui concerne le PIB non pétrolier, il devrait décroitre de 4,1 % en 2023 à 2,7 % en 2024, en raison de la baisse des investissements publics.
- L'inflation, après avoir baissé à 4,1 % en 2023, devrait atteindre 6,5 % en 2024, en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires et des transports. Le déficit de la balance courante devrait se creuser pour atteindre une moyenne de 2,8 % du PIB sur la période 2025-2026.
- Les perspectives sont soumises à de multiples risques de dégradation, notamment des prix du pétrole plus bas que prévu, une instabilité régionale, une insécurité accrue et de nouveaux chocs climatiques et catastrophes naturelles. Au niveau national, l'incidence de la pauvreté au Tchad a augmenté de 2,5 points de pourcentage, passant de 42,3 % en 2018 à 44,8 % en 2022. Cette augmentation indique que la population pauvre a augmenté de 1,2 million, pour atteindre un total de 7,8 millions. La pauvreté reste essentiellement un problème des zones rurales où une personne sur deux est considérée comme pauvre. Par ailleurs, il existe d’importantes différences entre les régions dans la répartition de la pauvreté. De plus, les inégalités sociales se sont légèrement accrues, comme en témoigne l’indice de Gini, qui est passé de 34 en 2018 à 35 en 2022.
- La période de soudure de 2024 devrait être l'une des plus catastrophiques que le pays ait connues ces dernières années. Les dégâts causés par les inondations et les pertes de récoltes entraîneront une baisse de la production et des revenus des ménages. En conséquence, le taux d'extrême pauvreté devrait augmenter de 2 points pour atteindre 38,4 % en 2025, soit 588 000 personnes supplémentaires en situation d'extrême pauvreté.
Ces perspectives sont soumises à de multiples risques de dégradation, notamment la baisse des prix du pétrole, l'instabilité politique lors des prochaines élections, la montée de l'insécurité et les chocs climatiques, y compris les fortes inondations dont fait face le pays. Une guerre prolongée au Soudan au-delà de 2024 aggraverait la crise humanitaire, pèserait sur les finances publiques et augmenterait les pressions inflationnistes.
Dernière mise à jour: 07 oct. 2024