1. La croissance économique a rebondi en 2019 avec la signature de l'accord de paix
Intitulé Renforcer la mobilisation des recettes intérieures pour soutenir la croissance dans un État fragile, le rapport révèle que la croissance centrafricaine a rebondi à 4.8 % en 2019 après avoir ralenti à 3,8 % en 2018 avec la signature de l'accord de paix en février 2019 qui a stimulé les activités économiques. L'inflation est passée de 1,6 en 2018 à 3,2 en 2019, et la position extérieure s'est améliorée avec l'augmentation des transferts officiels. Si l’économie centrafricaine a cru plus rapidement que celle des pays de la Communauté économique et monétaire des États d’Afrique centrale (CEMAC) et de l’Afrique subsaharienne, elle reste inférieure aux pays similaires, qu’il s’agisse de pays comparables (appelés pairs structurels, comme le Burkina Faso, le Malawi, le Mali, le Niger et l’Ouganda) ou de pays ayant eu une trajectoire de développement pouvant servir d’exemple (dits pairs aspirationnels, comme le Laos et Rwanda).
2. La richesse par habitant a été divisée par deux en RCA depuis 1960, en termes réels
Alors qu’en 1960 le PIB réel par habitant était deux fois plus élevé en RCA qu’au Rwanda, il est désormais deux fois plus faible. L’étude note que le pays n’a pas connu d’épisode de croissance soutenue depuis son indépendance, en raison d’une succession de recessions dues à des conflits armés et des coups d’État. La crise de 2013 ayant été particulièrement néfaste. La pauvreté reste omniprésente avec près de 3,4 millions de personnes - 71 % de la population - vivant en dessous du seuil international de pauvreté (1,90 USD par jour, PPA 2011) en 2018. Les perspectives économiques de la RCA sont toutefois positives grâce à la signature de l’Accord de politique pour la paix et la réconciliation en février 2019 et tablent sur une croissance de 4,8 % à moyen terme.
3. La dette publique continue de diminuer grâce aux efforts de redressement budgétaire
Selon le rapport, la dette publique est passée de 69,2 % du PIB en 2014 à 48,5 % en 2018. Si la RCA présente encore un risque élevé de surendettement, ses efforts de rationalisation des dépenses publiques et de résolutions des arriérés intérieures lui permettent d’afficher une meilleure évolution de la dette publique que les pays de la CEMAC et d’Afrique subsaharienne en moyenne, et de se rapprocher des niveaux d’endettement de ses pairs. Le gouvernement entend poursuivre dans cette voie en rationalisant les dépenses publiques et en contrôlant le recrutement des fonctionnaires pour une gestion plus efficace de la masse salariale.
4. Pour répondre aux besoins croissants de sa population, la RCA doit augmenter les recettes fiscales, qui sont inférieures d'environ 4 % du PIB au potentiel
Les recettes intérieures restent inférieures à leur niveau d’avant la crise et sont sensiblement plus faibles que l’ensemble des comparateurs. Elles figurent parmi les plus faibles d’Afrique subsaharienne en raison d’une mobilisation insuffisante des recettes fiscales. En 2016 par exemple, les dépenses publiques dans le secteur de l'éducation ne représentaient que 1,3 % du PIB, ce qui est bien inférieur aux recommandations du Partenariat mondial pour l'éducation (4 à 6 % du PIB). Cette situation n'a pas beaucoup évolué au fil du temps. Les recettes fiscales de la RCA sont inférieures de 4 % du PIB au potentiel du pays et à leur niveau d'avant la crise, en raison principalement de la faiblesse de l'assiette et de l'effort fiscal, de l'inefficacité des administrations fiscales et de l'omniprésence du secteur informel. Le renforcement de la mobilisation des recettes intérieures permettra de soutenir la fourniture des biens et services publics de base, de soutenir la croissance économique et de réduire le fardeau de la dette publique.
5. Quatre recommandations clé pour parvenir à augmenter les recettes intérieures
Le rapport présente des recommandations détaillées pour accroître les recettes intérieures, en améliorant la politique et l’administration fiscales et douanières. Il préconise notamment d’élargir l’assiette fiscale, d’améliorer le recouvrement des taxes foncières qui pourraient générer près de 12 milliards de francs CFA (environ 22 millions dollars), de réduire les exonérations fiscales qui s’élevaient à 2,4 milliards de francs CFA (environ 4 millions dollars) en 2016 et de moderniser l’administration fiscale. La mise en œuvre de réformes visant à réduire les exonérations fiscales et à améliorer l'environnement des entreprises pour attirer les investissements privés nécessitera un engagement ferme de la part des autorités.
6. Mobiliser les ressources intérieures est essentielle, non seulement pour accroître les recettes publiques, mais aussi pour instaurer un cercle vertueux pour le développement
Le renforcement du recouvrement des recettes intérieures aidera la RCA à financer la protection des personnes et des biens, base du contrat social entre l'État et la population. La paix et la sécurité - piliers essentiels d'un développement à long terme - inciteront les contribuables à payer leurs impôts et renforceront la confiance des entreprises et des ménages, ce qui est essentiel pour obtenir de bons résultats économiques et réduire la pauvreté.