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publication27 juin 2023

Note de conjoncture économique de la République centrafricaine : focus sur les subventions aux carburants

The World Bank

© Bureau de la Banque mondiale, Bangui.

LES POINTS MARQUANTS

  • En République centrafricaine (RCA) l'économie a marqué le pas en 2022 en raison des inondations et de la pénurie de carburant.
  • Le pays a connu de fortes pressions inflationnistes et une insécurité alimentaire aiguë, qui a affecté près de la moitié de sa population.
  • L'arrêt des subventions aux carburants, hormis le pétrole lampant, n'aurait qu'un effet ponctuel importantes, se concentrant sur la protection des plus vulnérables.

BANGUI, 27 juin 2023 – La Banque mondiale publie aujourd'hui la nouvelle édition du Cahier économique pour la République centrafricaine, un rapport intitulé : Réformer les subventions aux combustibles fossiles.

Tour d'horizon des principales conclusions du rapport :

1 – L'économie de la RCA a marqué le pas en 2022 en raison des inondations et des pénuries de carburant.

Après deux années consécutives de quasi-stagnation, l'activité économique en RCA a connu un arrêt complet en 2022. Les inondations ont affecté directement 12 des 17 préfectures du pays au cours du second semestre 2022. Les dégâts matériels ont été conséquents, notamment sur les logements, les infrastructures de transport et sur les récoltes. De plus, les tensions préexistantes entre le gouvernement et les importateurs de produits pétroliers ont entraîné une pénurie de carburant sur le marché formel et contribué à la paralysie de l'économie, particulièrement dans les secteurs les plus dépendants de l'énergie. Le développement d'un marché informel a permis d'éviter un effondrement total de l'économie, mais les ménages à faible revenu ont connu de sérieuses difficultés du fait des prix élevés de l'énergie sur le marché informel. En conséquence, la croissance du PIB réel est tombée à 0 % en 2022, bien en deçà de la moyenne des pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), d'Afrique subsaharienne (ASS) et des pays affectés par la fragilité les conflits et la violence.

En 2022, les principaux secteurs d'activité (foresterie, industries extractives) ont été sévèrement impactés par les chocs climatiques et les pénuries de carburant.  

The World Bank

Source : Estimations du personnel de la Banque mondiale, sur la base des données du MPO et du WDI.

2 - Le PIB pourrait renouer avec la croissance en 2023-2024

À condition que l'approvisionnement de carburant sur le marché intérieur progresse et que les acquis en matière de sécurité se confirment, la croissance du PIB réel devrait s'établir à 3,6 % pour la période 2023-2025. Ces perspectives sont entraînées par la croissance prévue des prix du bois sur le marché international, liée au rebond de la demande mondiale. En 2023, l'inflation devrait encore dépasser le critère de convergence régionale, fixé à 3 %, principalement du fait des pressions sur les prix des produits d'importation et de l'énergie, avant de retomber progressivement à moyen terme.

3 - Plus de 3,5 millions de personnes vivent toujours dans l'extrême pauvreté

Selon les projections, le niveau de pauvreté devrait rester élevé, avec 71 % de la population vivant avec moins de 1,90 $ par jour en 2023-2025. L'insécurité alimentaire et l'accès limité aux service public de base, particulièrement dans les zones isolées, demeureront des préoccupations centrales. Des réformes audacieuses sont nécessaires pour stimuler l'économie et améliorer le niveau de vie, en protégeant la population par la protection sociale, en attirant les investissements privés, en stimulant le développement du commerce et en améliorant la transparence budgétaire.

4 - Réforme des subventions aux carburants

Le rapport souligne que les subventions aux carburants représentent non seulement une charge fiscale importante, mais favorisent aussi les ménages les plus riches, introduisant des distorsions du marché, qui alimentent les pénuries de carburant dans le pays. En 2022, la flambée des prix des produits pétroliers sur le marché international a entraîné une augmentation des subventions aux carburants, à un niveau estimé à 0,5 % du PIB soit environ 6 % de l'ensemble des recettes intérieures pour 2022. Si les subventions aux carburants visent à protéger le pouvoir d'achat des consommateurs, l'analyse montre qu'elles bénéficient principalement aux segments les plus aisés de la population, particulièrement aux groupes vivant dans les zones urbaines. Le rapport souligne également qu'une réforme des subventions aux carburants exige un ensemble important de mesures d'atténuation afin de fournir un appui ciblé aux bénéficiaires les plus affectés, pour minimiser en priorité les impacts négatifs et protéger les plus vulnérables. Un tel train de mesures comprendrait le renforcement de filets sociaux, l'augmentation de la transparence dans la gestion des finances publiques, une augmentation des dépenses sociales, un appui aux secteurs stratégiques affectés, comme le transport, et une augmentation des investissements productifs structurels publics.

Coût du gel des prix des produits pétroliers dans la CEMAC et dans les pays pairs d'Afrique subsaharienne (en pourcentage du PIB), 2022.

The World Bank
Sources : Autorités de RCA et estimations du personnel de la Banque mondiale.