Évolution et perspectives de l'économie et de la pauvreté
- Selon le rapport, l'économie a progressé de 3,2 % en 2023 malgré la crise sécuritaire et l'inflation a ralenti à 0,7 % en raison de la baisse des prix des produits locaux. Après une année de performances économiques moroses (1,8 % en 2022), la croissance du PIB a légèrement rebondi en 2023 à 3,2 % (correspondant à une croissance du PIB par habitant de 0,6 %), mais la crise sécuritaire a continué de peser sur l'économie. Grâce à une bonne campagne agricole, l'inflation a suivi une tendance baissière au premier semestre de 2023 et est devenue négative de mai à octobre 2023. Sur l'année, l'inflation moyenne a été de 0,7 %.
- La crise sécuritaire continue de compromettre la croissance et la stabilité politique. Après deux coups d'État en 2022, le nombre de décès liés à la sécurité a doublé pour atteindre 8 494 en 2023. L'insécurité a perturbé l'exploitation industrielle de l'or, qui représente 77 % des exportations, 16 % du PIB et 22 % des recettes publiques.
- Après avoir augmenté entre 2018/19 et 2021/22, la pauvreté devrait se stabiliser grâce à une inflation modérée, mais la situation humanitaire reste critique. La pauvreté a augmenté de 1,8 point de pourcentage entre 2018/19 et 2021/22, pour atteindre 43,2 % en 2021/22, et serait restée à peu près constante depuis. La situation humanitaire reste très critique, avec environ 2 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays, en plus des quelque 2,3 millions qui étaient confrontées à une grave insécurité alimentaire en décembre 2023.
- Les perspectives restent sujettes aux incertitudes entourant la dynamique régionale et aux risques de dégradation découlant de l'insécurité, de l'instabilité politique, des chocs climatiques et des perturbations des termes de l'échange.
Maintenir l’élan de la réforme de l'assistance sociale
- Les dépenses publiques consacrées à l'assistance sociale représentent environ 2,6 % du PIB et seraient théoriquement suffisantes pour réduire de près de moitié l'écart de pauvreté. Représentant 0,3 % du PIB en 2005, les dépenses d’assistance sociale ont augmenté au cours des 15 dernières années et dépassent la moyenne des pays subsahariens. Si les interventions étaient parfaitement ciblées sur les pauvres, les dépenses d'assistance sociale pourraient théoriquement réduire de près de moitié l'écart de pauvreté, qui est estimé à environ 6 % du PIB en 2021.
- Cependant, l'impact de ce niveau élevé de dépenses est entravé par l'inefficacité du système, notamment sa fragmentation.
- Dans l'ensemble, l'assistance sociale ne bénéficie pas principalement aux pauvres, plus de la moitié des bénéficiaires de toutes les interventions étant des non-pauvres.
- En 2023, le gouvernement a progressivement suspendu les interventions qui comprenaient les transferts monétaires, alors qu'il s'agissait de la dépense d'assistance sociale la plus progressive au Burkina Faso.
Les auteurs recommandent des mesures visant à renforcer la viabilité macro-budgétaire et à améliorer l'assistance sociale. Le rapport indique donc que le gouvernement pourrait (i) améliorer l'efficacité de la mobilisation des recettes, (ii) améliorer l'efficacité des dépenses publiques, et (iii) atténuer les impacts économiques du retrait de la CEDEAO. Deux options complémentaires sont également présentées : i) améliorer le ciblage de la pauvreté et ii) améliorer l'efficacité des dépenses d'assistance sociale.
Quelques points positifs méritent d’être mentionnés : l'inflation, qui frappe particulièrement les pauvres, devrait rester faible, dans l'hypothèse d'un retrait ordonné de la CEDEAO. En outre, les réformes en cours telles que le déploiement et l'utilisation accrus du registre social et l'opérationnalisation du programme phare national d'assistance sociale peuvent contribuer à réduire plus efficacement la pauvreté.