Le Burkina Faso est un pays du Sahel à faible revenu et aux ressources naturelles limitées. Son économie repose sur l’agriculture, et la production minière, en particulier celle de l’or. Plus de 40 % de sa population vit en dessous du seuil national de pauvreté. Le rapport 2023-2024 de l'indice de développement humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), classe le Burkina Faso 185e sur 193 pays.
Situation politique
Après le coup d’État du 30 septembre 2022 qui a renversé le lieutenant-colonel Paul- Henri Damiba, le capitaine Ibrahim Traoré a été investi comme nouveau président de transition le 21 octobre 2022. La Charte de la transition a été modifiée et adoptée le 25 mai 2024. Selon le nouveau texte, la durée de la transition est prolongée de cinq ans, à compter du 2 juillet 2024. Depuis 2015, le Burkina est la cible d'attaques terroristes qui provoquent des déplacements de population. Alors qu’il comptait moins de 50 000 personnes déplacées internes (PDI) en janvier 2019, le pays en a recensé 2,01 millions au 30 mars 2023 (dernier recensement en date), selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies. Les secteurs de la santé et de l’éducation sont fortement impactés, avec 413 établissements de santé affectés (soit 20 %) en décembre 2023, limitant ainsi l'accès aux soins pour environ 3,8 millions de personnes ; 5 330 écoles primaires et secondaires sont fermées, ce qui représente 20 % des infrastructures scolaires, affectant 820 865 élèves dont 396 716 filles.
Le Burkina, le Mali et le Niger ont créé, le 16 septembre, 2023 l’Alliance des États du Sahel (AES) afin de mutualiser leurs efforts contre le terrorisme à travers une architecture de défense commune. Ces pays ont par ailleurs décidé de quitter la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) le 28 janvier 2024, invoquant notamment un manque d’aide dans leur lutte contre le terrorisme.
L’économie en bref
La croissance du PIB s’est accélérée au premier trimestre 2024 (+4,0 % en glissement annuel) et devrait atteindre 3,7 % en 2024 (soit 1,1 % par habitant). Le secteur agricole devrait connaître une croissance supérieure à la moyenne, en particulier pour les cultures céréalières. Le secteur industriel devrait se redresser, mais l’insécurité continue de perturber l’activité minière. Le secteur des services devrait rester robuste, tiré par l’administration publique, le commerce et les services de réparation. La consommation et l’investissement privé tireront la croissance, tandis que les exportations nettes y contribueront négativement. Le déficit du compte courant devrait passer d’environ 8 % du PIB à environ 6 % en 2024, les exportations minières bénéficiant de la forte hausse des prix de l’or.
Après une baisse significative de l’inflation en 2023 à 0,7 %, l’inflation a bondi en août 2024 pour atteindre son plus haut niveau en un an à 5,7 % en glissement annuel. Les prix des denrées alimentaires ont fortement augmenté, l’approvisionnement étant contraint dans certaines régions par les difficultés sécuritaires et logistiques, ainsi qu’en raison de la spéculation sur les prix due à l’irrégularité des précipitations en août. Avec un début tardif de la campagne agricole, l’inflation annuelle moyenne devrait s’établir à 3,4 % en 2024.
La situation humanitaire reste critique, avec plus de 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays, et environ 2,7 millions de personnes (soit 11,9 % de la population) confrontées à une grave insécurité alimentaire entre juin et août 2024.
Le déficit budgétaire pour 2024 devrait être ramené à 5,9 % du PIB, grâce à une hausse des recettes non fiscales et à une réduction substantielle des dépenses d’investissement. Le déficit budgétaire sera principalement financé par des emprunts intérieurs sur le marché régional, où le Burkina fait face à une hausse significative des taux d’intérêt dépassant 9 % pour les bons du Trésor à 12 mois. En conséquence, la dette publique devrait atteindre 54,2 % du PIB d’ici fin 2024.
Perspectives à moyen terme
Si la situation sécuritaire ne se détériore pas, et dans l’hypothèse d’un retrait ordonné de la CEDEAO, qui limiterait les effets négatifs sur la baisse des échanges avec les États de la CEDEAO non-membres de l’UEMOA, la croissance pourrait se stabiliser à son nouveau potentiel d’environ 4,0 % (soit 1,5 % par habitant) sur la période 2025-2026. La production minière devrait reprendre avec l’ouverture de nouvelles mines en 2025, et la croissance du secteur agricole et des services devrait rester robuste, bien qu’inférieure aux niveaux d’avant le conflit.
Malgré les efforts d’assainissement budgétaire du gouvernement, le déficit public ne devrait pas atteindre l’objectif de 3 % du PIB fixé par l’UEMOA dans les deux à trois prochaines années, et la dette publique en pourcentage du PIB devrait augmenter jusqu’en 2026.
L’extrême pauvreté ne devrait que légèrement diminuer à moyen terme, à environ 1 point de pourcentage par an. L’accélération de la réduction de la pauvreté nécessitera une croissance plus forte par habitant, en particulier dans l’agriculture, qui emploie 71 % des personnes pauvres.
Les perspectives économiques sont exposées à d’importants risques, notamment une détérioration de la situation sécuritaire, les chocs climatiques, la volatilité des prix des produits de base et la fragmentation régionale. Le Burkina Faso pourrait également continuer à faire face à des coûts d’emprunt élevés, ce qui pourrait réduire les dépenses nécessaires au développement du pays, dans un contexte de dépenses de défense et de sécurité croissantes.
Dernière mise à jour: 18 oct. 2024