Selon les conclusions de ce premier rapport, le Bénin a effectué des progrès sensibles au cours de la dernière décennie en améliorant sa stabilité économique, permettant une croissance rapide du PIB. D’un niveau inférieur à 3,7 % en moyenne entre 2007 et 2011, le taux de croissance s’est établi à 5,4 % en 2012 puis 5,6 % en 2013, les prévisions étant de 5,5 % pour 2014. Ce regain économique est en partie dû à une plus grande efficacité du Port de Cotonou, centre névralgique du commerce régional, qui a contribué à stimuler les échanges et à réduire les coûts d’expédition. Les conditions météorologiques favorables, et certaines mesures prises par le Gouvernement, ont par ailleurs accru le rendement des campagnes cotonnières et la production d’autres denrées agricoles.
Le rapport indique cependant que la croissance économique n’a pas réduit la pauvreté de façon sensible, en raison des inégalités de distribution des revenus conjugués à l’augmentation rapide de la population. « Malgré une légère amélioration des conditions de vie des ménages les plus pauvres, avec notamment un recul de l’extrême pauvreté, la croissance récente n’a pratiquement eu aucun impact sur les taux de pauvreté », souligne Boulel Touré, économiste principal à la Banque mondiale et co-auteur du rapport.
Citant l’analyse de l’évolution de la pauvreté réalisée par l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) en 2014, la proportion de béninois vivant en dessous du seuil de pauvreté national a légèrement reculé, passant de 37,5 % en 2006 à 36,2 % en 2011. Malgré cette timide amélioration, le taux de pauvreté calculé selon la norme internationale de 1,25 dollar par jour, se maintient à 50,9 %. Seule la pauvreté fondée sur le patrimoine, ou la pauvreté calculée sur la base de la possession de biens de capital, affiche un recul persistant.
Concernant le faible impact de la croissance macroéconomique sur la réduction de la pauvreté, le rapport invoque d’abord la faible augmentation du revenu par habitant. Il indique ensuite que le caractère très informel de l’économie, sa faible productivité - notamment dans le secteur agricole - et son manque de diversification contribuent à la persistance de la pauvreté. « Pour renforcer le lien entre la croissance et la réduction de la pauvreté, il faut accroître la productivité, améliorer le climat des affaires et de l’investissement, et promouvoir le développement du secteur formel », a conclu David Cal MacWilliam, économiste principal à la Banque mondiale et également co-auteur du rapport.
Cette nouvelle initiative de la Banque mondiale au Bénin est largement saluée. Mohamed Gado, secrétaire technique de la Cellule de suivi des programmes économiques et financiers au ministère de l’Economie, des Finances et des Programmes de dénationalisation, apprécie la contribution au dialogue sur les politiques économiques : « Avec ce nouveau rapport, la Banque mondiale met à la disposition de la partie béninoise et des partenaires techniques et financiers des analyses et contributions substantielles pour un dialogue plus soutenu sur les politiques économiques et de développement ».
Le prochain « Point de la situation économique du Bénin » est prévu pour le printemps 2015.