L’innovation financière est un élément essentiel des efforts actuellement déployés par le Groupe de la Banque mondiale pour s'améliorer, devenir plus efficace et grandir, et se hisser ainsi à la hauteur d’une conjonction de défis mondiaux urgents. C’est pourquoi, dans le cadre de ce processus d’évolution, le Groupe de la Banque mondiale transforme son modèle financier tout en levant des ressources supplémentaires auprès des bailleurs de fonds, du secteur privé et d’autres partenaires de développement.
Grâce à des instruments de financement novateurs et à l’utilisation optimale des capitaux dont elle dispose, la Banque mondiale pourrait être en mesure d’augmenter sa capacité de prêt de 150 milliards de dollars supplémentaires sur dix ans, tout en préservant sa note de crédit AAA. Elle s’efforce également d’alléger la charge financière qui pèse sur ses clients en réduisant le coût des emprunts.
Conscient de l'incapacité des États et des institutions multilatérales à fournir à eux seuls les milliers de milliards de dollars nécessaires chaque année pour lutter contre le changement climatique, la fragilité et les inégalités, le Groupe de la Banque mondiale mène également un effort concerté pour développer des solutions pratiques et extensibles qui permettent d’attirer davantage d’investissements privés vers les marchés émergents et de lever les obstacles qui les entravent.
Le Groupe de la Banque mondiale a réalisé des réformes et mis au point des instruments financiers novateurs dans le cadre de l’examen du cadre d’adéquation des fonds propres, conformément aux recommandations du Groupe d’experts du G20. Parmi ces mesures figurent notamment la réduction du ratio fonds propres/prêts de la BIRD (de 20 à 18 %) et le relèvement des plafonds appliqués aux garanties bilatérales de ses actionnaires. Ces modifications permettent d'augmenter les possibilités de prêt d’environ 80 milliards de dollars sur dix ans (dont 70 milliards grâce à la réduction du ratio fonds propres/prêts, 10 milliards au titre des garanties bilatérales et 1 milliard provenant d'une garantie de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures).
Parmi les autres innovations visant à accroître la capacité financière figurent un instrument de capital hybride destiné aux actionnaires et une plateforme de garantie de portefeuille, deux nouveaux produits annoncés lors des Réunions de printemps 2024 du Groupe de la Banque mondiale et du FMI. À ce jour, 12 actionnaires se sont engagés à verser plus de 11 milliards de dollars en faveur de ces deux instruments, avec un effet de levier qui pourrait permettre d’augmenter la capacité financière de 70 milliards de dollars dans les dix prochaines années.
L’instrument de capital hybride consiste en une obligation qui rapporte des intérêts, mais dont les caractéristiques en font aussi un instrument de fonds propres. Il s'agit d’une initiative inédite parmi les banques multilatérales de développement (BMD). La nouvelle plateforme de garanties de portefeuille permet aux actionnaires de la BIRD jouissant d’une bonne cote de solvabilité de rembourser la Banque mondiale en cas de défaut de paiement des emprunteurs, à concurrence d’un montant garanti. La Banque est en outre parvenue à renforcer la valeur du capital appelable ou exigible, c’est-à-dire la partie du capital souscrit par les actionnaires pouvant être utilisée dans des circonstances extrêmes. Cette démarche inédite au sein des banques de développement prévoit « un capital appelable renforcé », à savoir une partie du capital appelable qui pourrait être mobilisée de la même manière que les fonds propres ou libérée plus rapidement si la notation de crédit de la Banque était remise en question. Les actionnaires peuvent à présent adhérer à ce mécanisme.
La Banque ne ménage aucun effort pour aider les pays à emprunter auprès de la BIRD et à rembourser plus facilement leurs emprunts. Ces mesures comprennent notamment l’élimination de la prime de paiement anticipé, la mise en place d’une période de différé de paiement des commissions d’engagement au titre des soldes non décaissés et l’application des tarifs les plus faibles de la BIRD aux prêts des petits États, plus vulnérables.
De nouvelles mesures incitatives visent par ailleurs à encourager les bailleurs de fonds et les pays emprunteurs à augmenter leurs investissements dans huit défis mondiaux et dont l’impact dépasse les frontières : l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets, la biodiversité, la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la sécurité hydrique et l’accès à l’eau, l’accès à l’énergie, la fragilité et les conflits, la prévention et la préparation aux pandémies, et la facilitation de la numérisation.
Le Cadre pour les incitations financières (FFI), approuvé par le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale le 9 avril 2024, comprend des mesures visant à aider les pays emprunteurs à accéder à davantage de financements et à des incitations tarifaires, de manière à réduire les coûts des projets éligibles. Il s’agit du premier dispositif de cette portée mis en place au sein des BMD qui fournit des financements dédiés à des projets ayant des retombées transfrontalières.
Le cadre FFI comprend la création de la Plateforme d’accélération des solutions globales, qui fournira des financements supplémentaires pour des projets visant à répondre à des enjeux mondiaux. C’est également sous son égide qu'a été créé le Fonds pour une planète vivable, auquel le Japon s’est engagé à verser la première contribution.
Voici un aperçu des autres outils financiers innovants développés par la Banque mondiale :
- Obligations basées sur les résultats : ces titres permettent aux investisseurs d’orienter des financements vers des initiatives et des projets qui, souvent, n’y ont pas accès. La Banque a ainsi émis une obligation pour la conservation de la vie sauvage destinée à protéger le rhinocéros noir tout en soutenant les populations locales en Afrique du Sud. Une obligation liée à la réduction des déchets plastiques a par ailleurs permis de canaliser des capitaux privés vers deux projets au Ghana et en Indonésie qui visent à réduire et recycler les déchets plastiques au sein de communautés vulnérables, au profit de l’environnement naturel et des océans.
- Assurances et obligations-catastrophe : la Banque facilite le transfert des risques de catastrophe vers les marchés internationaux de l’assurance et des capitaux en permettant aux pays de financer les coûts de ces opérations à l’aide des prêts de la Banque ou en les répercutant sur les taux d’intérêt de ces prêts.
- Clauses de suspension temporaire de la dette après un choc climatique : la BIRD a élargi ce dispositif afin de donner aux petits États emprunteurs la possibilité de différer le paiement des intérêts et du principal pendant une période pouvant aller jusqu’à deux ans en cas de catastrophe naturelle extrême.
- Nouveaux mécanismes de financement conditionnel : la Banque a introduit un nouveau produit de financement conditionnel (financement de projet d’investissement assorti d’une option de tirage différé) qui permettra aux pays d’avoir accès sans tarder à des fonds en cas d’urgence. Ce dispositif « antichoc » pourra protéger des projets ou des fonds d’institutions publiques spécifiques afin de garantir la disponibilité de ressources dans l'éventualité d’une crise.
- Capital exigible : en avril 2024, la Banque a publié un rapport sur le capital exigible (ou appelable) de la BIRD, destiné à clarifier les processus liés à cet actif sans équivalent. Ce rapport montre que la probabilité d’un appel au capital exigible est extrêmement faible, atteste des solides bases juridiques sur lesquelles reposent les souscriptions au capital exigible et rend compte de la forte capacité de réponse des actionnaires si un tel appel s'avérait nécessaire. Le rapport, de même que ceux publiés par d'autres BMD, a été bien accueilli par les agences de notation financière.
L’aspiration à bâtir une Banque plus grande et meilleure ne pourra se concrétiser qu’en puisant dans les milliers de milliards de dollars d'actifs financiers détenus par les banques, les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de fonds. La Société financière internationale (IFC) met en place de nouvelles plateformes qui mettent en relation investisseurs et emprunteurs dans les pays en développement et mobilisent davantage de fonds à l’appui du développement. Le recours sélectif à des financements concessionnels aide également à atténuer les risques et à attirer davantage d’investissements privés.
Par exemple :
- Le Programme de portefeuille de prêts conjoints, la plateforme de syndication d’IFC pour les investisseurs institutionnels, a levé plus de 16 milliards de dollars auprès d’investisseurs institutionnels et d’assureurs-crédit. IFC a récemment souscrit une police d’assurance-crédit de 3,5 milliards de dollars auprès de 13 assureurs internationaux, qui lui permettra de fournir plus de 7 milliards de dollars de nouveaux prêts à des institutions financières.
- La plateforme One Planet d’IFC est le premier portefeuille mondial de prêts dans des pays émergents aligné sur l’accord de Paris ; elle a levé 2,5 milliards de dollars à ce jour.
- Divers fonds obligataires mondiaux tels que BEST, Avatar, REGIO et EGO mobilisent des investissements privés dans les marchés émergents.