Le Groupe de la Banque mondiale et le consortium GEMs (a) ont entrepris de publier des données exhaustives sur le risque de crédit afin de promouvoir la transparence et l’investissement privé dans les marchés émergents. La publication en mars 2024 de statistiques sur le recouvrement de la dette fournit des informations sans précédent sur le profil de risque de crédit des économies de marché émergentes, qui mettent en évidence la résilience et le potentiel inexploité des investissements du secteur privé sur ces marchés.
Selon le rapport GEMs, le taux de défaut moyen s’élève à 3,5 % (1994-2022), tandis que l’analyse des données de la Société financière internationale (IFC) pour la période 1986-2023 fait état d’une tendance similaire (4,1 %). Le taux est encore meilleur pour les prêts infra-étatiques (2,4 %). Ces pourcentages sont comparables aux taux moyens de défaut observés dans les entreprises classées dans la catégorie B de l’échelle de notation financière de Standard & Poor's (3,4 %) et dans la catégorie B3 de Moody’s (4 %).
Les statistiques GEMs ne sont qu’un élément parmi d’autres à prendre en compte pour apprécier les profils de risque et de rendement. Il n’en reste pas moins que cet ensemble impressionnant de données tend à montrer que les risques dans les économies émergentes et en développement ne sont peut-être pas aussi élevés qu’on le pense souvent.
Cofondé par IFC et la Banque européenne d’investissement en 2009 pour constituer une communauté de pratique au sein des banques multilatérales de développement et des institutions de financement du développement, le consortium GEMs compte désormais 25 membres (mai 2024) et devrait continuer à s’élargir.
Depuis 2020, le consortium GEMs publie des rapports annuels sur les taux de défaut concernant les prêts privés/infra-étatiques et les prêts souverains/garantis par l’État. En mars 2024, il a publié pour la première fois des statistiques sur les taux de recouvrement, en consolidant des données collectées depuis 1994. Les taux de recouvrement sont ventilés par région, niveau de revenu national et secteur, ce qui offre également un niveau de détail sans précédent.
La prochaine publication du consortium, prévue pour le quatrième trimestre 2024, renfermera un plus grand nombre de données sur les taux de défaut et de recouvrement décomposées par région, groupe de revenu et secteur. Un effort de ventilation plus poussé est à l’étude (au niveau des statistiques par secteur ou par note de crédit, par exemple).
La publication de données ventilées par pays, demandée par certains, pose toutefois des questions de confidentialité qu’il convient de jauger. Elle risque aussi d’avoir des effets négatifs sur la manière dont les investisseurs percevront certains pays sur la base d’échantillons éventuellement plus réduits ou de problèmes de portefeuille spécifiques et circonstanciels.
Une étude de marché approfondie est en cours pour mieux comprendre les demandes des investisseurs et explorer les modalités d’une plus grande décomposition statistique. En tout état de cause, celle-ci ne pourra s'effectuer que dans les limites des contraintes des données et des questions de confidentialité. La sélection d’un nouvel agrégateur est également en cours, afin d’améliorer encore la collecte, la compilation et l’analyse et des données et de permettre une diffusion plus large des rapports statistiques.