Pour atteindre les Objectifs de développement durable de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030, il faudra près de 4 500 milliards de dollars par an, soit beaucoup plus que ce que peuvent offrir individuellement les banques multilatérales de développement ou les bailleurs de fonds. Face à ce défi, le Groupe de la Banque mondiale a adopté la démarche MFD, qui consiste à travailler avec les autorités nationales pour faire participer le secteur privé tout en optimisant l’utilisation de ressources publiques limitées. Cette démarche s’appuie sur les Principes de Hambourg adoptés par le G20 en 2017, et repose sur la vaste expérience dont dispose l’ensemble de l’institution.
L’Union des Comores, archipel situé au large de la côte est de l’Afrique et caractérisé par un niveau de pauvreté élevé, souhaitait améliorer ses communications, ses échanges commerciaux et son potentiel économique en développant les communications mobiles et les services internet. Avec l’appui du Groupe de la Banque mondiale, les autorités ont libéralisé le secteur des télécommunications, lancé un appel d’offres international, et octroyé une deuxième licence. Grâce à la concurrence, les Comores ont aujourd’hui des services de télécommunication plus abordables et de meilleure qualité, ainsi qu’une couverture plus large. Dans un pays où les ressources publiques sont limitées, la considérable contribution de 32 millions de dollars de la Banque mondiale a permis de dégager plus de 90 millions de dollars en redevances de licences de télécommunication et en investissements en infrastructures.
Défi pour le développement
En 2013, l’Union des Comores était l’un des rares pays au monde à avoir un monopole des télécommunications. L’entreprise publique, Comores Télécoms, facturait des tarifs élevés aux clients tout en leur assurant des services de qualité moyenne. Ainsi, sur une population de 800 000 personnes, seuls 40 pour cent des habitants avaient accès à la téléphonie mobile, et moins de 1 pour cent à l’internet haut-débit. Pour améliorer l’accès et les services, les autorités ont cherché, sur les conseils d’IFC, à privatiser Comores Télécoms, mais en raison d’un désaccord politique en 2014, la législation nécessaire n’a pas pu être adoptée. Finalement, avec l’appui de la Banque mondiale, les autorités ont lancé un appel d’offres international, et délivré en 2015 une deuxième licence de télécommunication au plus offrant — Telma Comores.
Optimiser les financements pour le développement
Depuis 2013, le Groupe de la Banque mondiale soutient les efforts de l’Union des Comores pour améliorer son secteur des télécommunications. Il a notamment apporté ses conseils sur les réformes juridiques et réglementaires, la privatisation de Comores Télécoms, et le lancement d’un appel d’offres international pour une deuxième licence de télécommunication. Le Groupe de la Banque mondiale a par ailleurs participé au financement d’un câble sous-marin, a stimulé la demande en subventionnant la connectivité internet ; et a accordé à Telma Comores un prêt de 13 millions d’euros pour que la société puisse développer son réseau sur l’ensemble du territoire national.
Amélioration du cadre réglementaire et institutionnel
En 2013, la Banque mondiale a lancé un projet pour aider les autorités comoriennes à améliorer l’accès aux services de téléphonie mobile et d’internet, ainsi que leur qualité et leurs tarifs. Diverses études ont démontré que l’amélioration de l’accès aux télécommunications est bénéfique à la fois économiquement et socialement. À titre d’exemple, selon une étude menée en 2009 par la Banque mondiale dans 120 pays en développement, une amélioration de 10 pour cent de la pénétration du haut-débit génère une augmentation du produit intérieur brut de 1,38 pour cent.
Le projet dans l’Union des Comores a abordé le secteur des télécommunications sous plusieurs angles. La Banque mondiale et IFC ont conseillé les autorités sur la libéralisation du secteur, notamment en favorisant l’élaboration de la Loi de 2014 sur les communications. Ensuite, en collaboration avec les opérateurs régionaux, la Banque mondiale a cofinancé un câble sous-marin reliant les Comores à l’île de Mayotte, avec un prolongement éventuel jusqu’à Madagascar. Pour stimuler la demande d’internet haut-débit, la Banque mondiale subventionne ce service aux écoles, universités, associations communautaires, et administrations locales. En outre, pour contribuer à la croissance du secteur du tourisme, la Banque mondiale apporte ses conseils à la mise en place d’un système de délivrance de visas en ligne. Elle contribue aussi à la numérisation dans l’administration publique.
Le programme de partenariat public-privé (PPP)
Pour améliorer l’accès aux services de télécommunication, ainsi que leur qualité et leurs tarifs, et pour favoriser ainsi le développement économique du pays, IFC a commencé dès 2012 à conseiller les autorités sur les moyens de privatiser Comores Télécoms, premier employeur du pays. Toutefois, compte tenu du contexte politique de l’époque, la privatisation s’est avérée difficile. Finalement en 2015, avec l’appui de la Banque mondiale, le régulateur comorien des télécommunications (ANRTIC) a lancé un appel d’offres international pour une deuxième licence de télécommunication, attirant ainsi des soumissionnaires africains tels que Telecom Malagasy S.A. et Maurice Telecom, et des entreprises internationales, notamment l’entreprise française SFR.
En octobre 2015, Telma Comores, filiale de Telecom Malagasy S.A, a remporté l’appel d’offres moyennant 16 millions de dollars de redevance de licence. L’entreprise a démarré ses activités en 2016, et a conquis un quart du marché des télécommunications en un an. Afin que Telma Comores puisse développer son réseau sur l’ensemble du territoire, IFC lui a accordé en janvier 2019 un prêt de 13 millions d’euros pour soutenir son programme de développement.