Reconstruire en mieux
Réduire la dette et améliorer la viabilité des finances publiques
Même avant la pandémie de COVID‑19, la croissance ralentissait dans les pays en développement, tandis que le poids de la dette avait atteint des sommets. La pandémie a aggravé la situation, en amenuisant la marge de manœuvre budgétaire de ces pays face à la crise. Depuis le début de la pandémie, le Groupe de la Banque a aidé les pays à dégager les ressources dont ils avaient un besoin urgent et à améliorer la transparence ainsi que leur capacité de gestion de la dette. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le G20 pour alléger le poids de la dette des pays qui en ont le plus besoin. Nous aidons également les pays à améliorer la viabilité des finances publiques et à mobiliser plus efficacement des ressources nationales.
L’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) du G20, mise en place en mai 2020 à l’instigation de la Banque mondiale et du FMI, a permis d’alléger le poids de la dette de plus de 5 milliards de dollars pour plus de 40 pays participants. Initialement prévue pour prendre fin en décembre 2020, l’initiative a été prorogée deux fois en raison de la crise de la COVID‑19 et devrait maintenant s’achever en décembre 2021. En outre, nous avons aidé le G20 à établir le Cadre commun de traitement de la dette au‑delà de la DSSI, qui aidera les pays confrontés à un endettement insoutenable à obtenir l’allégement dont ils ont besoin, au cas par cas.
Après la mise en place de la DSSI, le Groupe de la Banque a pris une importante mesure pour accroître la transparence concernant les pays participants. Nous avons créé un guichet unique virtuel qui propose une comptabilité de la dette de chaque pays participant à la DSSI et des montants qu’ils doivent à leurs créanciers, en se fondant sur les informations tirées de la base de données de la Banque mondiale consacrée aux statistiques sur la dette internationale. Nous avons également mis en place des outils pour encourager une plus grande transparence de la dette dans les pays IDA, notamment des cartes de stress sur la transparence de la notification de la dette et sur l’émission de titres de créance nationaux.
En mars 2021, notre soutien au Soudan a aidé le pays à apurer ses arriérés auprès de l’IDA, ce qui lui a permis de réactiver pleinement sa collaboration avec le Groupe de la Banque après près de trois décennies et d’accéder à près de 2 milliards de dollars de dons de l’IDA destinés à la réduction de la pauvreté et à une reprise économique durable. L’apurement de ses arriérés a rapproché le Soudan des conditions requises pour bénéficier d’un allégement au titre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et devrait permettre de réduire son endettement extérieur, qui s’élève à près de 57 milliards de dollars.
Grâce à nos travaux de recherche et d’analyse, nous avons fourni des conseils aux pays sur la manière de gérer les dépenses publiques et de favoriser la mobilisation efficace et rationnelle des ressources intérieures, notamment en rééquilibrant la fiscalité pour lutter contre la montée des inégalités. Nous avons également apporté de nouvelles idées sur la manière d’améliorer la viabilité de la dette et des finances publiques, notamment par l’analyse des insuffisances en matière de communication sur la dette publique dans les pays en développement et des orientations sur comment développer les marchés obligataires en monnaie nationale.
Investir dans l’action climatique
Le Groupe de la Banque mondiale est la principale source multilatérale d’investissements climatiques dans les pays en développement. Il a fourni 83 milliards de dollars de financements climatiques aux pays au cours des cinq dernières années et a étendu les priorités en matière de changement climatique à des secteurs qui ne sont pas traditionnellement associés à l’action climatique, qu’il s’agisse de la budgétisation et de la planification budgétaires, du développement numérique ou de la protection sociale. Durant l’exercice 20, le Groupe de la Banque a engagé 21,4 milliards de dollars dans des investissements liés au climat, soit le niveau d’engagement le plus élevé jamais atteint en une seule année ; le financement de l’adaptation est passé de 40 % des financements climatiques de la Banque en 2016 à 52 % en 2020. Ces efforts sont aujourd’hui d’autant plus urgents que les pays luttent contre les effets du changement climatique sur fond de crise de la COVID‑19. Au Honduras, nous avons soutenu la riposte d’urgence et le redressement du pays après le passage des ouragans Eta et Iota pendant la saison des ouragans la plus intense jamais enregistrée dans l’Atlantique. Aux Philippines, un projet de réduction des risques de catastrophes a permis de faire face aux multiples chocs liés à la crise sanitaire provoquée par la pandémie, aux typhons dévastateurs et à la récession mondiale.
En juin 2021, nous avons publié un nouveau Plan d’action sur le changement climatique pour la période 2021‑2025. Ce plan marque un tournant pour le Groupe de la Banque, qui passe ainsi de l’investissement dans des projets verts à l’écologisation d’économies entières, et de l’apport de contributions à la mesure des effets qui aident les pays à réduire leurs émissions et à renforcer leur résilience aux risques climatiques.
Dans le cadre du nouveau plan, nous nous engageons à fournir des niveaux records de financements climatiques aux pays en développement : en moyenne, 35 % des financements du Groupe de la Banque soutiendront l’action climatique des pays, contre 26 % au cours des cinq années précédentes, au moins 50 % des financements climatiques de la BIRD et de l’IDA devant être axés sur l’adaptation. Nous alignerons également tous les flux financiers sur les objectifs de l’Accord de Paris. La Banque mondiale alignera toutes ses nouvelles opérations sur ces objectifs d’ici au 1er juillet 2023. En ce qui concerne IFC et la MIGA, ce sont 85 % des opérations du secteur réel approuvées par les Administrateurs qui seront alignées à compter du 1er juillet 2023 et 100 % dès le 1er juillet 2025.
Le plan met l’accent sur les systèmes clés — énergie, agriculture, alimentation, eau, terres, villes, transports et industrie manufacturière — qui représentent plus de 90 % des émissions mondiales et sont exposés à des effets climatiques importants. Pour transformer ces systèmes, nous contribuerons à l’établissement de normes mondiales pour les systèmes financiers, afin d’encourager des investissements peu polluants, résilients et viables, en nous fondant sur notre expérience des obligations vertes et d’autres instruments financiers viables. Notre approche de la transition vers des économies sobres en carbone est centrée sur les personnes et les communautés pour qu’elles puissent bénéficier de la nouvelle économie climatique. Elle consiste notamment à favoriser la participation citoyenne et des processus participatifs de sorte que les gains et les pertes soient répartis de manière équitable. Nous aiderons également les pays à évaluer et à prendre en compte les effets distributifs des politiques publiques, dont la tarification du carbone, ainsi que la conception d’instruments et de politiques qui soutiennent un abandon progressif du charbon qui soit juste sur le plan social.
Le plan prône la transparence et la responsabilité à travers des systèmes de suivi assortis de paramètres, d’objectifs et de jalons clairement définis, et soutient l’établissement de normes mondiales pour la réduction des émissions. Pour les projets de la Banque, nous utiliserons de nouveaux paramètres pour présenter leur résilience face aux catastrophes et aux risques climatiques, et de nouveaux indicateurs de résultats permettront de mieux rendre compte les effets de nos interventions dans les pays, y compris la réduction des émissions. Pour mieux intégrer le climat et le développement et les mesures prioritaires, nous établirons de nouveaux rapports nationaux sur le climat et le développement, qui deviendront un outil diagnostique clé pour le Groupe de la Banque et orienteront notre collaboration avec les pays. Nous allons également intensifier notre soutien aux pays dans le cadre de l’élaboration et de la mise en œuvre de nouvelles contributions déterminées au niveau national et des stratégies à long terme, et nous les aiderons à renforcer leurs systèmes financiers pour gérer les risques climatiques et mobiliser les capitaux.
En outre, le Groupe de la Banque mobilise, coordonne et participe à des partenariats mondiaux qui stimulent l’action climatique, notamment la Coalition des ministres des Finances pour l’action climatique, qui représentait 60 pays membres en juin 2021. Lors de sa réunion ministérielle tenue en marge des Réunions de printemps 2021, la Coalition a multiplié les appels à investir dans une croissance verte et a examiné des politiques visant à soutenir la décarbonation et la gestion des risques climatiques qui menacent la stabilité financière.
Promouvoir des réformes budgétaires et financières
Une action mondiale exceptionnelle et urgente est nécessaire pour faire face aux effets conjugués des crises qui surviennent en cascade tout en s’adaptant aux réalités post‑pandémiques et en œuvrant à une reprise verte, résiliente et inclusive. Nous nous efforçons d’aider les pays à lutter contre l’accroissement de la pauvreté et des inégalités, tout en nous attaquant aux répercussions dévastatrices de la COVID‑19 et aux défis à plus long terme posés par le changement climatique.
Notre démarche est globale. Nous conseillons notamment les pays sur la manière de mettre en œuvre des réformes et des politiques propres à relever les défis qui touchent l’économie tout entière et nous aidons à créer la marge budgétaire nécessaire et à mobiliser des capitaux privés. Nous aidons les pays à évaluer les effets distributifs des réformes et la manière dont elles contribuent à la croissance durable des pays. Nous les aidons également à élaborer des politiques budgétaires et macroéconomiques tenant compte du climat. Pour soutenir ce travail, nous suivons les indicateurs macroéconomiques mondiaux ainsi que les marchés des capitaux et des matières premières. Nous effectuons par ailleurs un travail de plaidoyer pour la mise en œuvre de réformes structurelles et la prise en compte de l’intégration des considérations liées à la pauvreté et à l’équité dans les politiques budgétaires visant une croissance verte.
Nous élaborons des outils et des guides pratiques pour aider les pays à surmonter les compromis supposés entre les objectifs macroéconomiques à court terme et une croissance inscrite dans le long terme. Nous les aidons également à intégrer la durabilité dans leurs stratégies de croissance afin de préserver le climat et les ressources naturelles, tout en favorisant la croissance économique, l’investissement et la création d’emplois. À l’échelon régional, nous aidons à concevoir des mesures climatiques axées sur la croissance, telles que :
- Des politiques budgétaires favorables à une reprise durable. Formulation de mesures fiscales et de politiques de dépenses pour relever les défis du changement climatique, de la création nette d’emplois et de la gestion durable de la relance budgétaire.
- La réforme des taxes et des subventions sur les carburants. Évaluations quantitatives de l’impact de la tarification du carbone sur les recettes, la production, l’emploi, l’activité informelle, les émissions, la pollution et la santé publique.
- Une politique budgétaire relative à l’utilisation durable des sols. Augmentation des recettes et amélioration de la durabilité, grâce à des réformes des taxes sur les produits de base, des transferts budgétaires écologiques et la gestion des revenus forestiers.
En matière de politique budgétaire, nous fournissons également des conseils aux autorités publiques sur la manière d’accroître l’efficacité et l’efficience de leur gestion des finances publiques et des investissements publics.
En Côte d’Ivoire, le Premier Crédit d’Appui aux reformes pour la croissance durable et inclusive, d’un montant de 200 millions de dollars, a permis de lever les obstacles à l’investissement du secteur privé dans la production durable de cacao et d’électricité. Il a également permis au gouvernement d’obtenir 100 millions de dollars supplémentaires pour le financement de l’action climatique.
Nous aidons également les pays à instaurer des normes pour les obligations vertes et des réglementations en matière de communication financière afin de promouvoir des systèmes financiers plus verts. En Colombie, nous avons collaboré avec les organes de réglementation pour veiller à ce que les caisses de retraite locales indiquent comment elles intègrent les facteurs de risque environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs processus d’investissement.
Lutter contre la corruption et promouvoir une bonne gouvernance
Nous aidons les pays à renforcer les dispositifs de gouvernance et à lutter contre la corruption, afin d’accroître la marge de manœuvre budgétaire, d’améliorer l’efficacité et de garantir des services de meilleure qualité pour les démunis. Nous aidons les autorités publiques à mieux gérer les finances publiques et à alléger la bureaucratie, notamment en ce qui concerne l’administration fiscale, la décentralisation et la réforme des entreprises d’État. Nous les aidons également à utiliser la technologie pour fournir des services publics, élargir l’accès du public à l’information, améliorer la responsabilisation et réduire la corruption administrative.
Notre initiative GovTech soutient la transformation numérique en vue de la modernisation de l’administration publique, tout en promouvant la participation civique et en renforçant l’éthique de responsabilité et la confiance.
Le partenariat mondial GovTech et le fonds fiduciaire multidonateurs GovTech approfondissent ce travail à l’échelle mondiale et renforcent les engagements de l’IDA en matière de gouvernance d’institutions. Pendant la crise de la COVID‑19, nous avons établi des notes d’orientation et un portail de suivi pour aider les pays à renforcer la gouvernance et la résilience.
Durant l’exercice 21,nous avons lancé une série d’initiatives visant àrenforcer nos activités de lutte contre la corruption et à prendre en compte son envergure transnationale, le rôle de la dynamique du pouvoir qui contribue à en faire un problème insoluble, et la nécessité d’améliorer la transparence. Nous avons réalisé des travaux de recherche pour comprendre comment maîtriser la corruption au niveau sectoriel et publié des guides pratiques sur le recouvrement des avoirs et la gestion des conflits d’intérêts. Nous avons également mené une nouvelle initiative de collaboration internationale pour mettre au point la méthode d’évaluation des systèmes de passation de marchés, qui vise à accélérer la mise en œuvre de marchés publics modernes, efficaces, durables et plus inclusifs ; la Banque mondiale a réalisé des évaluations pour 17 pays. Et nous avons lancé la plateforme dédiée à la passation de marchés publics, la lutte anticorruption et la transparence pour faciliter l’accès aux données sur les marchés publics et permettre aux utilisateurs de déterminer et de gérer les risques en matière d’intégrité et de transparence.
Dans le cadre de la riposte à la COVID‑19, nous avons collaboré avec des fournisseurs pour communiquer des informations sur les estimations de la demande globale et élaborer une procédure simplifiée pour l’achat de fournitures médicales, de matériel et de vaccins. Il s’agissait de faciliter l’application de modalités d’achat d’urgence accélérées, de résoudre les problèmes d’approvisionnement et de gérer l’impact de la COVID‑19 sur les marchés non urgents et l’exécution des contrats. Dans un souci de transparence, tous les contrats sont automatiquement publiés sur le site web externe de la Banque.
Protéger les ressources naturelles et préserver la biodiversité
La gestion et la reconnaissance de la valeur du capital naturel — forêts, océans, eau et sols — sont essentielles à une reprise verte, résiliente et inclusive. La mauvaise gestion des terres favorise l’émergence de zoonoses, tandis que la protection des ressources naturelles permettra de réduire le risque d’éventuelles pandémies. La Banque collabore avec les pays à la mise en œuvre de politiques qui accordent une plus grande importance aux écosystèmes, tout en luttant contre le changement climatique et en améliorant les moyens de subsistance des personnes qui dépendent des ressources naturelles, notamment celles qui travaillent dans la sylviculture, la pêche et l’agriculture.
Nous avons réalisé des investissements pour apporter un soutien rapide aux secteurs de la pêche, du tourisme et de l’écotourisme et venir en aide aux populations dont la vie a été bouleversée par la COVID‑19. La pandémie a également entraîné l’augmentation de l’utilisation de plastiques à usage unique et de la production de déchets médicaux, qui peuvent se retrouver dans les océans et les cours d’eau. En Inde et au Pakistan, nous soutenons les efforts déployés pour gérer ces déchets. Nous fournissons également un appui financier, une assistance technique et des produits de savoir pour aider les pays à faire face aux répercussions environnementales de la pandémie et à utiliser les fonds de relance pour favoriser une reprise verte, résiliente et inclusive. Au Mexique et en Égypte, nous soutenons les efforts déployés pour améliorer la qualité de l’air afin de sauver des vies, d’améliorer la productivité et d’atténuer les effets du changement climatique.
Nous avons contribué à de nouveaux travaux de recherche et d’analyse sur les menaces pesant sur la biodiversité et les services écosystémiques. Ces travaux fournissent de solides arguments économiques en faveur de l’investissement dans la nature. Lors du Sommet One Planet de janvier 2021, axé sur la biodiversité, nous nous sommes engagés à investir plus de 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années dans l’initiative Grande muraille verte. Cette initiative vise à restaurer les paysages dégradés, à améliorer la productivité agricole et à investir dans des infrastructures à l’épreuve du climat dans 11 pays africains, de Djibouti au Sénégal.
Construire des villes plus vertes, plus résilientes et plus inclusives
Durant l’exercice 21, les dirigeants municipaux ont dû faire face à de multiples crises : une situation d’urgence sanitaire qui a touché de manière disproportionnée les résidents à faibles revenus, une récession économique qui a mis à mal les finances municipales et des aléas naturels permanents. La Banque s’est appuyée sur son expérience en matière de gestion des risques de catastrophe et a recouru à l’assistance technique du Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement pour aider les pays et les villes à faire face à ces risques imprévus et cumulés. Au Liban, nous avons soutenu, en partenariat avec l’UE et l’ONU, une évaluation rapide des dommages et des besoins quelques jours après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth en août 2020.
L’analyse des foyers d’infection de la COVID‑19 en milieu urbain a confirmé la corrélation entre la promiscuité et la contagion et a souligné le besoin d’améliorer les conditions de vie des populations urbaines pauvres, qui ont été particulièrement touchées par le virus et les effets des politiques de confinement sur l’économie informelle. Au Kenya, nous avons contribué à améliorer la sécurité foncière et l’accès aux services de base – dont le drainage, l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’éclairage public – pour près de 2 millions de personnes vivant dans des établissements urbains informels, en partenariat avec l’Agence française de développement. En Sierra Leone et en Tanzanie, nous avons soutenu les efforts visant à cartographier le paysage urbain et à mieux cerner les risques d’inondation, grâce à des programmes numériques de travail contre rémunération qui ont permis à de jeunes chômeurs de gagner de l’argent en utilisant des applications mobiles.
La pandémie a mis à l’épreuve la résilience des services de base qui sont essentiels au fonctionnement de villes salubres. En Inde, nous œuvrons au renforcement de la gestion des déchets solides dans l’État du Kerala afin d’améliorer la santé humaine et de réduire la contamination des ressources hydriques et la pollution côtière.
Dans la perspective de la reprise, City Climate Finance Gap Fund (fonds pour combler le déficit de financement climatique des villes) a approuvé sa première série de dons d’assistance technique, d’un montant total de près de 2 millions de dollars, pour aider neuf villes à transformer leurs ambitions climatiques en projets prêts à être financés. Ces dons aideront des villes d’Éthiopie, d’Inde, du Kosovo, du Mexique, du Maroc, de la République démocratique du Congo et du Viet Nam à recenser les sources d’émissions urbaines et à accorder la priorité aux politiques cruciales et aux investissements dans les infrastructures.
En juin 2021, nous avons publié le rapport From Pancakes to Pyramids: City Form for Sustainable Growth, établi à partir d’une enquête portant sur près de 10 000 villes et traitant des modèles urbains propices à leur croissance durable. En mettant en lumière les facteurs de la croissance vers l’extérieur et vers l’intérieur et de la croissance verticale des villes, le rapport peut nous aider à mieux comprendre les interactions entre la densité des villes, les transports publics et les modes de transport non motorisés, et aider les villes à réduire leur empreinte sur le climat. La Banque entend accroître son soutien aux villes pour qu’elles puissent intégrer ou mieux rendre en compte les considérations relatives à la réduction des émissions de carbone et à la résilience face au climat et aux catastrophes dans la planification, les politiques et les investissements urbains.
Promouvoir des transports résilients
Les pays ont besoin de réseaux de transport et de logistique performants pour faire tourner leur économie et garantir l’accès aux vaccins à tous, notamment aux pauvres. La pandémie a mis en évidence les vulnérabilités du secteur, qui a connu de graves perturbations des chaînes d’approvisionnement et accusé d’importantes pertes de revenus pour les opérateurs à travers le monde. Pourtant, même avant cette crise, de nombreux pays présentaient d’importants problèmes d’accessibilité des transports : un milliard de personnes vivent à plus de deux kilomètres d’une route praticable en tout temps ; plus de 1,3 million de personnes, principalement dans les pays en développement, meurent chaque année dans des accidents de la route ; une femme sur six évite de travailler de peur d’être harcelée dans les transports publics ; d’innombrables enfants n’ont pas accès à des moyens de transport pour se rendre à l’école ; et des récoltes pourrissent avant d’atteindre les marchés. Le secteur des transports est également responsable d’environ 24 % des émissions de carbone liées à l’énergie, la demande ne cessant d’augmenter avec l’urbanisation et la croissance économique. Faute de mesures énergiques, ces émissions pourraient augmenter de 60 % d’ici à 2050 : il sera donc impossible d’atteindre les objectifs climatiques sans décarboner les transports. Le défi est d’autant plus grand que les infrastructures de transport sont très vulnérables aux phénomènes climatiques extrêmes. Cependant, grâce à des politiques et des ressources appropriées, les transports peuvent stimuler les économies, rapprocher les populations des emplois et des services sanitaires et éducatifs, et lutter contre le changement climatique.
Le portefeuille d’investissements de la Banque dans le secteur des transports, qui s’élève à environ 45 milliards de dollars, couvre près de 100 pays par le biais de projets qui soutiennent les transports publics, la logistique, les routes, le rail, l’aviation, les ports et les voies navigables, ainsi que des innovations plus récentes comme les drones et les véhicules électriques. Ces efforts aident les pays à repenser la mobilité dans un contexte de reprise post‑COVID‑19. Durant l’exercice 21, nous avons lancé le Mécanisme mondial pour la décarbonation des transports, le premier fonds fiduciaire global qui place l’action climatique au cœur du développement des transports. Il contribuera à accroître l’innovation et les investissements dans tous les modes de transport en soutenant la création de savoirs, la préparation de projets, l’assistance technique et le plaidoyer. Ce mécanisme s’appuiera sur les réalisations concluantes soutenues par la Banque, telles que la première ligne de métro de l’Équateur, à Quito, qui permettra d’éviter environ 65 000 tonnes d’émissions par an et offrira à 377 000 usagers quotidiens un moyen rapide et fiable de se rendre à leur lieu de travail et d’accéder aux services. Au Sénégal, le Projet d’appui au transport et à la mobilité urbaine a permis de réduire de moitié le temps de trajet entre Dakar et Saint‑Louis pour environ un million de personnes, tout en créant des emplois dans la construction routière pour des hommes et des femmes. Le Programme d’investissement dans l’aviation océanienne améliore la résilience de l’infrastructure aéronautique et renforce le respect des règlements internationaux à Kiribati, au Samoa, aux Tonga, à Tuvalu et à Vanuatu.
Assurer l’accès de tous à l’énergie et à l’électricité pour une croissance durable
Aujourd’hui, près de 759 millions de personnes vivent toujours sans électricité, et environ 3 milliards n’ont pas accès à des modes de cuisson propres. Malgré l’accélération des progrès, l’accès universel à une énergie abordable, fiable, durable et moderne à l’horizon 2030 est peu probable. Pour suivre le rythme de la croissance démographique, 940 millions de personnes supplémentaires devraient avoir accès à l’électricité au cours de la décennie à venir, mais la COVID‑19 a ralenti les investissements nécessaires à cet effet.
Pour contribuer à combler ce déficit, la Banque a plus que doublé ses financements en faveur de l’accès à l’énergie, les portant de moins de 400 millions de dollars en moyenne sur les exercices 13 à 15 à près de 900 millions de dollars sur les exercices 18‑20, dont plus de 90 % destinés à l’Afrique subsaharienne. Au cours des cinq dernières années, nous avons fourni 4,2 milliards de dollars de financements pour établir ou améliorer les raccordements électriques de près de 120 millions de personnes. Nous avons également engagé plus de 400 millions de dollars dans 21 pays pour aider 20 millions de personnes à avoir accès à des modes de cuisson et de chauffage plus sains et plus efficaces. Ce travail est soutenu par des partenaires tels que le Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique, qui fournit des compétences techniques et des financements pour aider à atteindre l’accès universel d’ici à 2030. Ce programme contribue à notre portefeuille énergétique et à l’adoption généralisée de solutions de production hors réseau et sur mini‑réseaux afin d’élargir l’accès ; les prêts qu’il accorde représentent un quart des investissements mondiaux dans les mini‑réseaux.
Les récentes avancées technologiques ont permis de fortement réduire sensiblement le coût des énergies renouvelables, et offrent la possibilité d’augmenter leur part dans le bouquet énergétique mondial. Le Groupe de la Banque est l’une des principales sources de financements pour les projets axés sur l’énergie renouvelable et l’efficacité énergétique dans les pays en développement. Il a ainsi engagé 8,4 milliards de dollars au cours des cinq dernières années et a contribué à mobiliser des capitaux privés au profit du secteur. Nous finançons la première centrale solaire photovoltaïque d’Ouzbékistan pour aider le pays à réduire sa dépendance au gaz naturel et au charbon, à produire de l’énergie propre, à renforcer la sécurité de ses approvisionnements et à lutter contre le changement climatique. Il s’agit de la première grande centrale de production d’énergie renouvelable du pays, conçue et exploitée par des opérateurs privés ; elle est soutenue par des prêts d’IFC, une garantie de la Banque, un financement de la Banque asiatique de développement et des investissements privés.
La Banque mondiale aide également les pays clients à gérer le pétrole, le gaz et les mines de manière à contribuer à une croissance et à un développement durables, à protéger les communautés et à réduire les émissions. En 2020, nous avons travaillé avec la Bosnie‑Herzégovine, la Bulgarie, la Grèce, la Pologne, la Serbie et l’Ukraine pour les aider à planifier et à préparer une transition juste de leurs régions charbonnières. L’Initiative pour un cadre de transition des régions charbonnières dans les Balkans occidentaux et en Ukraine prône des stratégies inclusives pour un passage à de l’énergie sobre en carbone. Parallèlement, le Fonds fiduciaire mondial d’appui programmatique pour les industries extractives aide les mineurs artisanaux et les petites exploitations minières et leurs communautés à faire face aux effets de la COVID‑19. En mai 2021, il a publié le rapport State of the Artisanal and Small‑Scale Mining Sector 2020, qui constate que de meilleures conditions de travail pourraient améliorer la productivité, la santé et la sécurité de plus de 44 millions de mineurs artisanaux dans 80 pays. En outre, l’Initiative pour une exploitation minière intelligente face au climat du Groupe de la Banque aide les pays à répondre à la demande croissante de minéraux et de métaux essentiels en adoptant des pratiques minières durables.
Nous travaillons avec les pays et les partenaires à la réduction du torchage de gaz, qui gaspille les ressources et rejette des émissions nocives dans l’atmosphère. Durant l’exercice 21, le soutien à l’Initiative zéro torchage traditionnel à l’horizon 2030 — lancée par la Banque et ses partenaires en 2015 — a augmenté de manière à couvrir 79 gouvernements et compagnies pétrolières. Par ailleurs, nous continuons, dans le cadre du Partenariat mondial pour la réduction des gaz torchés, de travailler avec sept pays à niveau élevé de torchage de gaz.