Aider les pays à recueillir des données sur l’évolution de la pauvreté
Malgré les énormes progrès mondiaux accomplis dans la réduction de l’extrême pauvreté, les taux restent obstinément élevés dans les pays à faible revenu et dans ceux touchés par les conflits et les troubles politiques. Le nombre total de pauvres augmente en Afrique subsaharienne, qui comptait en 2015 plus de personnes vivant dans l’extrême pauvreté que le reste du monde. Selon tous les scénarios, sauf les plus optimistes, le taux de pauvreté y restera à deux chiffres en 2030.
Ce défi ne pourra être relevé que si l’on dispose de données plus nombreuses et de meilleure qualité. En 2015, la Banque s’est engagée à aider les pays les plus pauvres du monde à réaliser des enquêtes auprès des ménages tous les trois ans, car l’augmentation de la fréquence de ces enquêtes est essentielle pour comprendre les progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté. Grâce à notre soutien, 41 pays d’Afrique subsaharienne ont ainsi effectué des enquêtes auprès des ménages entre 2015 et 2018, contre seulement 18 entre 2012 et 2015. Et on estime que 34 pays — soit 76 % de la population de la région — en réaliseront entre 2018 et 2020. Nous maintiendrons cette dynamique en Afrique et ailleurs.
Promouvoir la transparence dans la gestion de la dette
Le financement par l’emprunt est essentiel au développement. Utilisé à bon escient, il peut aider les pays à financer d’importants projets et à enregistrer une croissance soutenue et profitant à tous. Mais l’endettement réapparaît comme un risque dans les pays émergents et en développement, soulignant la nécessité d’une gestion prudente de la dette publique par des institutions solides, des processus fiables et des capacités éprouvées.
Notre travail sur la gestion de la dette publique vise à améliorer trois aspects principaux. En favorisant la transparence de la dette, les emprunteurs souverains peuvent prendre des décisions éclairées en matière d’emprunt, tandis que les créanciers et les agences de notation peuvent évaluer leur capacité d’endettement et fixer le prix des titres de créance convenablement. En gérant efficacement la dette et les risques budgétaires, les pays peuvent réduire leur vulnérabilité financière, contribuer à la stabilité macroéconomique, préserver la viabilité de leur dette et protéger leur cote auprès des investisseurs. En améliorant le suivi et la gestion des risques budgétaires liés aux passifs éventuels, les pays peuvent s’assurer que leur niveau d’endettement reste soutenable.
En 2018, la Banque et le FMI ont annoncé leur collaboration sur un nouveau programme de travail, l’approche multidimensionnelle de la prise en compte des vulnérabilités émergentes à l’endettement. Ce travail s’inscrit dans le cadre du programme de développement mondial — qui englobe les ODD — et promeut un meilleur suivi des vulnérabilités en matière d’endettement, des réformes structurelles visant à réduire ces vulnérabilités, une plus grande transparence de la dette et un renforcement des capacités de gestion de celle-ci. Les principaux éléments de cette démarche et d’autres aspects du financement durable ont été exposés dans les récentes notes préparées par le FMI et la Banque à l’intention du G20.
Travaillant en collaboration avec le FMI, nous avons également mis en œuvre la version révisée du Cadre de viabilité de la dette pour les pays à faible revenu. Il permet aux créanciers d’adapter leurs conditions de financement en prévision des risques futurs et aide les pays à trouver un équilibre entre le besoin de fonds et la capacité de rembourser leurs dettes. Ce cadre aide les pays à soutenir la réalisation des ODD lorsque leur capacité à assurer le service de la dette est limitée.
Le Mécanisme de gestion de la dette, un outil particulier du Groupe de la Banque, fournit des conseils, des formations, des outils analytiques et des séances d’apprentissage entre pairs qui renforcent la capacité des pays à gérer leur dette. Depuis sa création en 2008, il a soutenu le renforcement des capacités et les réformes dans plus de 75 pays et entrepris plus de 290 missions d’assistance technique. En 2019, la Banque a lancé la troisième phase du Mécanisme en vue de renforcer l’appui à la gestion de la dette et à la transparence.
Promouvoir une vision du commerce mondial qui profite à tous
Le commerce est un important moteur de croissance qui crée des emplois, réduit la pauvreté et accroît les opportunités économiques. Depuis 1990, la croissance sous- tendue par le commerce ouvert a permis à plus d’un milliard de personnes d’échapper à la pauvreté. Le commerce peut également favoriser l’inclusion économique des femmes. Dans les pays en développement, les entreprises exportatrices emploient plus de femmes que les autres entreprises, et les femmes peuvent représenter jusqu’à 90 % de la main-d’œuvre dans les zones franches pour l’industrie d’exportation.
Pour que chaque membre de la société puisse récolter les fruits du commerce, le Groupe de la Banque encourage un large éventail de réformes et d’investissements, notamment des économies plus résilientes dotées de solides filets de protection sociale ; une éducation qui prépare les jeunes aux emplois de demain ; et le recyclage professionnel, l’aide à la recherche d’emploi et les prestations de réinstallation qui aident les travailleurs en cas de changement d’emploi.
Les chaînes de valeur mondiales font partie intégrante du commerce ouvert et contribuent fortement à la création d’emplois. Elles aident les économies moins diversifiées et plus petites à trouver des créneaux dans l’économie mondiale. De nombreux pays, dont le Bangladesh, le Costa Rica, le Lesotho, le Viet Nam et, plus récemment, l’Éthiopie, ont enregistré d’importants gains de croissance grâce à cette approche. Les chaînes de valeur font l’objet du Rapport sur le développement dans le monde 2020.
Tirer parti de la transformation économique pour créer des emplois plus nombreux, de meilleure qualité et pour tous
La croissance économique peut transformer les sociétés, augmenter les revenus et aider les citoyens à prospérer, mais elle ne peut y arriver toute seule. Pour réduire la pauvreté et assurer une prospérité partagée, il faut que la croissance crée des emplois plus nombreux, de meilleure qualité et profitant à tous. L’amélioration de l’accès au financement, le renforcement de la formation professionnelle, la promotion d’un secteur privé fort et la mise en place d’infrastructures durables rapprochent les personnes et les perspectives d’emploi qui peuvent aider à mettre fin à l’extrême pauvreté dans les pays les plus pauvres.
Près de 600 millions de personnes seront à la recherche d’un emploi au cours de la prochaine décennie, principalement dans les pays les plus pauvres du monde. À elle seule, l’Asie du Sud devra créer plus de 13 millions d’emplois par an pour suivre le rythme de sa croissance démographique. Le défi sera encore plus grand en Afrique subsaharienne où, malgré une population plus faible, 15 millions de nouveaux emplois seront nécessaires chaque année. Quant à la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, où 60 % de la population est âgée de moins de 24 ans, elle devra créer 10 millions d’emplois par an. La plupart des pays en développement doivent relever trois défis : créer davantage d’emplois dans le secteur formel de l’économie, améliorer la qualité des emplois informels et connecter les groupes vulnérables aux emplois ou à de meilleurs emplois. La Banque aide les pays en développement à concevoir et à mettre en œuvre des stratégies intégrées et multisectorielles pour l’emploi. Premièrement, les diagnostics de l’emploi, qui font partie intégrante de nos diagnostics-pays systématiques et de nos cadres de partenariat-pays, aident les pays clients à identifier les principaux problèmes d’emploi à l’échelle macroéconomique ainsi qu’au niveau des entreprises et des ménages. Deuxièmement, nous participons à la mobilisation des connaissances mondiales pour trouver des solutions aux problèmes communs en matière d’emploi. Troisièmement, nous aidons les pays à mettre en œuvre des stratégies pour l’emploi par le biais d’opérations de prêt et d’investissement et de réformes d’orientation. Qui plus est, nous concevons des outils de suivi et d’évaluation pour normaliser la façon de mesurer les résultats des projets en matière d’emploi.
L’IDA joue un rôle de premier plan dans l’appui aux initiatives de création d’emploi menées par les pays, les emplois et la transformation économique étant l’un des thèmes particuliers du cycle triennal actuel de financement de l’Association, désigné IDA-18. Nous finançons des projets novateurs en recourant à des instruments financiers et à des analyses renforcées, ainsi qu’à de nouveaux outils pour évaluer et mesurer leur impact sur l’emploi. Au 30 juin 2019, la Banque comptait 579 projets en cours liés à l’emploi, soit environ 78 milliards de dollars d’investissements.
En Jordanie, une opération de type Programme pour les résultats propose une approche globaliste de l’afflux de réfugiés syriens, qui aide à la fois les communautés d’accueil et les réfugiés. Elle vise à attirer de nouveaux investissements et à faciliter l’accès au marché de l’UE en simplifiant les règles d’origine, et en aidant à créer des emplois pour les Jordaniens et les réfugiés syriens tout en soutenant l’économie syrienne post-conflit. Cette opération a délivré près de 43 000 permis de travail à des réfugiés et vise les 130 000 d’ici à décembre 2019.
Bâtir des institutions efficaces et responsables au service de tous les citoyens
Les enquêtes d’opinion réalisées par la Banque dans ses pays clients montrent invariablement que la corruption et les questions de gouvernance figurent parmi leurs principales préoccupations. Nous les aidons à lutter contre la corruption pour améliorer la qualité et les capacités de leurs institutions et consolider le contrat social. En Indonésie, nous avons exécuté trois phases d’un examen des dépenses publiques, qui s’est soldé par une allocation budgétaire accrue aux programmes en faveur de la croissance et des pauvres et par une conception et une mise en œuvre plus efficaces des programmes dans des secteurs aussi divers que la protection sociale, l’éducation, la santé et l’eau.
Au Libéria, nous avons favorisé l’amélioration de la rémunération et des résultats en renforçant la gestion de la paie dans le secteur public. Ce projet a permis d’améliorer la transparence et la prévisibilité des salaires et des questions relatives aux ressources humaines, telles que les parcours de carrière, la classification, le recrutement et les promotions. Il a également contribué à améliorer la gestion de la masse salariale.
L’insuffisance des recettes compromet la capacité des pays pauvres et fragiles à financer les priorités de développement et à assurer la stabilité macroéconomique. En plus d’offrir des évaluations diagnostiques, la Banque collabore avec les autorités gouvernementales pour mobiliser des ressources supplémentaires grâce à des réformes d’orientation visant à élargir l’assiette fiscale et pour améliorer le respect des obliga- tions fiscales et le recouvrement de l’impôt grâce à la technologiez
Faire en sorte que les marchés puissent stimuler la croissance du secteur privé
Le Groupe de la Banque aide les pays à mobiliser davantage de ressources à l’appui du développement, en mettant l’accent sur la participation accrue des investisseurs privés. Notre approche associe, en amont, une aide à la mise en œuvre de réformes favorables au marché, et, en aval, un soutien financier et technique aux projets. Grâce à nos services de prêt et de conseil, nous contribuons à réduire les risques pour le secteur public et à lever les obstacles à la participation du secteur privé. Les interventions menées consistent à favoriser une politique budgétaire et une gestion macroéconomique rationnelles, à promouvoir des réformes microéconomiques et à améliorer la facilité de faire des affaires.
Le diagnostic-pays du secteur privé est un nouveau produit du Groupe de la Banque qui vise à évaluer les obstacles à l’investissement du secteur privé dans un pays et un secteur particulier et à recommander des mesures pour y remédier. Des diagnostics de cette nature sont en cours dans plus de 25 pays. Au Népal, par exemple, une opération à l’appui de la politique de développement fait actuellement suite aux recommandations intersectorielles formulées dans le diagnostic. Le pays a créé au sein de la primature une cellule d’amélioration de la réglementation, tandis que le Groupe de la Banque fournit des conseils sur un plan directeur des transports. Nous contribuons également à élargir l’accès aux services financiers, à améliorer les compétences et à soutenir les secteurs de l’énergie, du tourisme et de l’agroindustrie.
Le Programme conjoint pour le développement des marchés financiers est une initiative du Groupe de la Banque axée sur huit pays et une sous-région et visant le développement des marchés grâce à des diagnostics conjoints et à des initiatives sectorielles qui sont renforcées par des transactions témoins ayant un potentiel transformateur. Il vise à renforcer les efforts déployés par les pouvoirs publics pour mobiliser les investissements du secteur privé en faveur du développement et à appuyer notre engagement pris dans le cadre du G20 concernant les marchés financiers locaux et la résilience financière. Il mobilise des experts de l’ensemble du Groupe de la Banque et des pays clients pour créer des marchés, dégager des synergies et favoriser un impact systémique.
La recherche et le maintien de la stabilité financière sont également essentiels à la croissance. Le Programme d’évaluation du secteur financier, une initiative conjointe avec le FMI, œuvre en faveur de la concertation sur les politiques et les réformes du secteur financier depuis 20 ans. Huit évaluations ont été réalisées, et dix autres se poursuivent ou ont été entamées cette année. Le programme évolue de manière à couvrir des sujets tels que la technologie financière, la cybersécurité et le risque climatique, ce qui témoigne de sa souplesse et de l’évolution du cadre des politiques financières.
Fournir des financements et des solutions pour les infrastructures
Aider les pays à répondre à leurs besoins de services et d’infrastructures essentiels — tout en répondant aux aspirations croissantes de milliards de personnes dans le monde — est un défi permanent. Nous adoptons une approche intégrée pour améliorer et financer les infrastructures dans les pays en développement, en mettant l’accent sur l’élargissement de l’accès, l’amélioration de la qualité des services et de l’accessibilité financière, et la durabilité.
Ce travail s’appuie sur l’engagement du Groupe de la Banque à mobiliser toutes les sources de financement, d’innovation et de compétences permettant de réaliser des projets d’infrastructure. L’objectif est de réserver les maigres ressources publiques pour les domaines où le financement du secteur privé n’est pas optimal ou disponible. Il implique aussi une collaboration accrue entre la Banque mondiale, IFC et la MIGA. Au niveau des projets, les services de la Banque déterminent s’il existe une solution privée durable et économique pour financer un projet d’infrastructure. Dans la négative, nous examinons comment la réforme des politiques et la prise en compte des risques pourraient améliorer la situation, notamment en adoptant des solutions visant à réduire les risques grâce éventuellement au Guichet de promotion du secteur privé d’IFC et de la MIGA établi dans le cadre d’IDA-18. Notre travail au niveau des projets repose sur une vision de la transformation sectorielle partagée avec les pays clients et axée sur l’amélioration de la viabilité financière et de la prestation de services.
Au niveau des pays, le Groupe de la Banque a élaboré une approche standardisée pour évaluer le potentiel d’un pays à tirer parti des financements et des compétences du secteur privé pour réaliser des investissements prioritaires dans les infrastructures et améliorer les résultats. Cette approche, désignée programme d’évaluation du secteur des infrastructures (InfraSAP), fournit un ensemble coordonné de réformes d’orientation, de services de conseil et d’investissements pour trouver la bonne combinaison de solutions publiques et privées.
Plusieurs partenariats et mécanismes de financement appuient ce travail. Le Mécanisme mondial de financement des infrastructures (GIF) facilite la préparation et la structuration des projets ainsi que la fourniture de conseils aux clients des pays en développement. Au 30 juin 2019, son portefeuille de 70 projets devrait avoir mobilisé plus de 66 milliards de dollars d’investissements. En 2019, le Mécanisme de conseil à l’appui de la formation de partenariats public-privé dans le secteur des infrastructures a célébré 20 années d’appui au renforcement du climat d’investissement dans les pays en développement. Le Mécanisme de conseil à l’appui de la formation de partenariats public-privé dans le secteur des infrastructures, établi par la Banque et le Gouvernement japonais, renforce la conception des projets en mettant l’accent sur l’efficacité, la durabilité et la résilience aux catastrophes naturelles.
Élargir l’accès à l’électricité et développer les énergies propres
La Banque est l’un des principaux bailleurs de fonds qui financent des projets axés sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique dans les pays en développement. Nous aidons également les pays à faire la transition vers les énergies propres grâce à des financements, des mesures d’atténuation des risques et des garanties, ainsi qu’à des conseils techniques et stratégiques.
À l’échelle mondiale, 840 millions de personnes, dont plus de 570 millions en Afrique subsaharienne, n’ont pas accès à l’électricité. Entre les exercices 14 et 18, la Banque a contribué au raccordement électrique de plus de 52 millions de personnes et a considérablement élargi son soutien à l’accès à l’énergie. Dans le cadre d’IDA-18, nous consacrerons plus d’un milliard de dollars à des programmes de raccordement au réseau et d’électrification hors réseau dans les pays les moins avancés dans ce domaine, notamment le Cameroun, l’Éthiopie, le Kenya, le Lesotho, Madagascar, le Mozambique et la Zambie. Nous gérons également un portefeuille de plus de 350 millions de dollars axé sur les modes de cuisson et de chauffage propres ; nos programmes ont ainsi bénéficié à près de 20 millions de personnes dans 37 pays.
En 2018, la Banque a annoncé un programme d’un milliard de dollars visant à accélérer les investissements dans le stockage d’énergie dans des batteries dans les pays en développement, afin d’attirer quatre milliards de dollars supplémentaires de financements publics et privés. En Afrique du Sud, nous travaillons à la mise en place d’une capacité de stockage de 1 440 mégawattheures afin de faire face aux fluctuations actuelles et futures de la capacité de production d’énergie renouvelable. En Inde, le Projet d’innovation dans l’énergie solaire et les technologies hybrides permettra de renforcer les capacités institutionnelles afin de faciliter le développement des technologies novatrices d’exploitation des énergies renouvelables, y compris les solutions de stockage dans des batteries.
Notre financement, associé à notre soutien à la mise en place d’un environnement et de réformes sectorielles favorables, vise à promouvoir les partenariats public-privé et à mobiliser les investissements privés. En Arménie, par exemple, nous avons soutenu le premier projet solaire du pays qui a fait l’objet d’un appel d’offres, lequel a permis d’obtenir un tarif concurrentiel. Au Cameroun, le Projet hydroélectrique de Nachtigal a bénéficié des garanties de la Banque et permettra au pays d’augmenter de 30 % sa capacité de production installée.
En mai 2019, nous avons lancé un mécanisme pour une exploitation minière intelligente face au climat, qui vise à améliorer la viabilité des activités d’extraction de minéraux et de métaux essentiels à la transition vers l’énergie propre. Ce mécanisme aide les économies émergentes à tirer profit de la demande croissante de ces minéraux et métaux stratégiques.
Connecter les populations aux services et aux opportunités
Les transports sont essentiels au développement social et économique et à l’élimination de l’extrême pauvreté. Les solutions de mobilité permettent à des milliards de personnes de se rendre sur leur lieu de travail et dans les établissements d’éducation et de santé, contribuent à la compétitivité et à l’inclusivité des villes et des pays, et favorisent le commerce mondial et la croissance. Au Maroc, l’amélioration de l’accès aux routes a permis de tripler le taux de scolarisation des filles en zone rurale. En Thaïlande, la réduction de 50 % de la mortalité routière pourrait augmenter le PIB de 22 % sur vingt ans.
Pour être durables, les transports doivent répondre à quatre impératifs. Ils doivent être accessibles à tous, notamment aux pauvres, aux femmes et aux populations vulnérables. Ils doivent être écologiques ; les transports sont responsables de 23 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’énergie. Ils doivent être sans danger ; les accidents de la route coûtent la vie à 1,3 million de personnes chaque année. Et ils doivent être efficaces ; les embouteillages, que la technologie pourrait contribuer à réduire, coûtent aux villes des millions de dollars chaque jour.
Au cours de l’exercice 19, l’Initiative en faveur de la mobilité durable pour tous, menée par la Banque mondiale, a élaboré la Feuille de route mondiale vers une gestion durable, tout premier outil à examiner les quatre objectifs des mesures publiques qui pourraient aider les pays à relever de manière globale les défis liés aux transports. Nous avons également publié un rapport inédit qui énonce les principes devant régir les programmes d’électromobilité dans le monde. Nous avons par ailleurs plaidé en faveur de partenariats entre les établissements universitaires d’Afrique et ceux des économies développées pour stimuler le renforcement des capacités des professionnels des transports. La promotion de la connectivité et de la résilience au changement climatique dans les petits pays insulaires, une priorité essentielle en matière de développement, a également été l’un des objectifs de l’exercice 19, avec huit projets approuvés en Afrique et dans le Pacifique, pour un budget total de près de 240 millions de dollars.
Gérer les ressources naturelles au point de basculement
Les ressources naturelles de la planète sont mises à rude épreuve, qu’il s’agisse de la pollution des océans et de l’air, de la dégradation des paysages ou de l’épuisement des réserves halieutiques. Nous aidons les pays à valoriser leur capital naturel pour que leurs choix en matière de politiques et d’investissements privilégient le développement durable. Notre Programme sur l’économie bleue et le nouveau fonds fiduciaire PROBLUE aident à écarter la menace posée par la pollution marine, en promouvant une meilleure gestion des pêches et de l’aquaculture ainsi qu’un aménagement du littoral plus durable. Une autre nouvelle initiative, le Programme mondial pour le développement durable, collabore avec 18 pays pour évaluer et mesurer la contribution économique des actifs naturels comme les forêts, la terre et l’eau.
La lutte contre la pollution atmosphérique est également une priorité : en 2016, elle a coûté à l’économie mondiale 5 700 milliards de dollars, soit 4,8 % du PIB mondial. Nous prêtons notre aux pays les plus durement touchés, dont la République arabe d’Égypte, l’Inde et le Nigéria. Dans la province chinoise de l’Hebei, nous soutenons les efforts visant à maîtriser les émissions provenant de l’industrie, de l’agriculture, des sources mobiles, de la pollution diffuse et de la poussière, et de la production d’énergie. Entre 2013 et 2017, les trois régions de Chine où la qualité de l’air était la plus mauvaise ont en moyenne réduit de 36 % les concentrations de particules polluantes, en partie grâce à des interventions soutenues par la Banque.
Nous appliquons des approches novatrices à la protection des forêts, notamment en prévoyant des paiements pour réduire les émissions de carbone liées au déboisement. La République démocratique du Congo et le Mozambique ont ainsi signé avec la Banque, en 2018, des contrats d’achat de crédits de réduction des émissions, des accords historiques axés sur les résultats et récompensant les communautés qui protègent les forêts.
Transformer les systèmes alimentaires au profit des agriculteurs, des consommateurs et de la planète
Quelque 79 % des personnes vivant dans l’extrême pauvreté résident en zone rurale, et environ 500 millions de petits exploitants agricoles comptent parmi les groupes les plus pauvres du monde. Environ une personne sur trois ne mange pas assez ou mange mal, ce qui contribue à l’insécurité alimentaire, à l’anémie, à l’obésité et à des maladies non transmissibles. Les systèmes alimentaires représentent actuellement un quart des émissions de gaz à effet de serre, 70 % des prélèvements d’eau douce et de nombreuses formes de pollution. La Banque s’emploie à réaligner les incitations et à récompenser les agriculteurs qui produisent dans des conditions durables des aliments sûrs, sains et à coût abordable, ses partenaires dans cette démarche étant le World Resources Institute, l’initiative EAT et la Food and Land Use Coalition. Nous aidons également les pays à transformer leurs systèmes alimentaires en leur proposant une gamme d’outils et de programmes. Ceux-ci englobent des études diagnostiques pour comprendre les causes des pertes et du gaspillage alimentaires ; de nouvelles technologies comme l’Ag Observatory, un outil qui fournit une analyse en temps réel des anomalies météorologiques affectant l’agriculture ; des intrants et une assistance technique pour soutenir le passage à des pratiques intelligentes face au climat ; et des partenariats public-privé pour relancer d’importantes filières agroalimentaires et créer des emplois. En Uruguay, par exemple, nous appuyons les efforts menés par le gouvernement pour aider les agriculteurs à adopter des pratiques plus intelligentes face au climat en déployant de nouvelles technologies. D’ici à 2021, environ 25 % des terres arables du pays seront gérées de manière durable, ce qui renforcera la résilience et augmentera la productivité tout en réduisant les émissions.
Assurer la sécurité hydrique pour tous
L’eau touche tous les aspects du développement. Mais une multitude de défis — lacunes dans l’accès à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement, urbanisation et croissance démographique rapides, pollution, effets climatiques et modèles de croissance consommant plus d’eau — font de l’insécurité hydrique l’une des plus grandes menaces pesant sur le progrès économique, la lutte contre la pauvreté et le développement durable.
Pour assurer la sécurité hydrique pour tous, nous collaborons avec les pays et les partenaires à l’amélioration de la gestion des ressources, à la facilitation de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement, et à l’optimisation de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture. La sécurité hydrique contribue également à renforcer la résilience grâce à des systèmes susceptibles de mieux résister aux phénomènes climatiques extrêmes tout en s’attaquant au problème de la fragilité dans les pays en situation de stress hydrique.
En Angola, nous avons contribué à la création et au renforcement de six entreprises d’approvisionnement en eau qui desservent plus de 800 000 nouveaux foyers ; nous avons également aidé à créer une autorité de réglementation et un organe de gestion des ressources hydriques. Dans le delta du Mékong, au Viet Nam, nous avons soutenu des investissements dans les infrastructures hydrauliques afin d’atténuer les effets des inondations et de l’invasion d’eau salée exacerbés par le changement climatique ; la protection et l’amélioration de l’utilisation des ressources hydriques permettent de soutenir les gains de productivité agricole de quelque 215 000 ménages agricoles.
En apportant des innovations, de nouvelles connaissances et données factuelles et de la souplesse aux opérations de prêt de la Banque, le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l’assainissement, un fonds fiduciaire multidonateurs lancé en 2017, aide les pays clients à renforcer les capacités, les institutions, les infrastructures et la créativité nécessaires pour fournir aux générations actuelles et futures l’eau, les produits alimentaires et l’énergie dont elles ont besoin. Le partenariat public-privé- société civile baptisé 2030 Water Resources Group soutient les réformes publiques accélérées visant à assurer une gestion durable des ressources hydriques en vue du développement et de la croissance économique à long terme des pays.
Exploiter l’innovation numérique pour accroître l’accès et les opportunités
Les technologies numériques peuvent aider à relever des défis de développement particulièrement épineux en connectant les populations aux services et aux oppor- tunités. Mais, l’évolution technologique présente également des risques, notamment la perturbation des marchés du travail et des moyens de subsistance. De nombreux pays en développement ne disposent pas des compétences, des entreprises, ni des cadres juridiques et réglementaires nécessaires pour exploiter le potentiel de la technologie. La Banque aide les pays à créer un cadre économique propice à la transformation numérique, à identifier de nouveaux déterminants de la compétitivité et de la croissance, et à mettre en place de nouveaux modèles de gestion découlant de l’évolution technologique. Nous travaillons également avec les pouvoirs publics à l’identification des facteurs qui empêchent de faire de la technologie un moteur de développement. L’examen des dépenses publiques consacrées à la science, la techno- logie et l’innovation, par exemple, est un nouvel outil de diagnostic visant à aider les pays à formuler des politiques appropriées, à adopter de bonnes pratiques, et à améliorer la coordination. Il a été mis à l’essai au Chili, en Colombie et en Ukraine.
Aujourd’hui, environ quatre milliards de personnes ne sont toujours pas connectées à l’Internet haut débit, et une personne seulement sur sept y a accès dans les pays les moins avancés. Ce fossé numérique peut aggraver les inégalités existantes et laisser des pans du monde sur la touche. Pour combler ce fossé, la Banque a aidé 20 pays africains à se connecter à des câbles sous-marins haut débit et s’est engagée à doubler la connectivité haut débit en Afrique à l’horizon 2021. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de notre soutien à l’ambitieux programme de transformation numérique lancé par l’Union africaine en 2019, qui vise à permettre à chaque individu, chaque entreprise et chaque administration du continent d’accéder au numérique d’ici à 2030. Ce programme permettra de tirer parti des possibilités offertes par l’économie numérique pour promouvoir la croissance, la mobilité économique, l’innovation, la création d’emplois et l’accès à des services abordables. Il met l’accent sur la promotion des infrastructures, des plateformes, des services financiers, de l’entrepreneuriat et des compétences numériques.
La technologie numérique est également le moteur de croissance de l’« économie des petits boulots », dans le cadre de laquelle des entreprises ou des particuliers recrutent des travailleurs indépendants pour des missions de courte durée. Ces nouvelles formes de travail estompent la frontière entre emploi formel et travail occasionnel, et remettent en question les modèles de protection sociale qui supposent que la plupart des gens ont des contrats employeur-employé stables. L’ère numérique modifie également la demande de compétences. La faculté d’adaptation est de plus en plus appréciée par le marché de l’emploi, tandis que l’évolution du travail signifie que l’acquisition de compétences doit se poursuivre tout au long de la vie. Pour pouvoir exploiter le potentiel de la technologie, les sociétés doivent établir un nouveau contrat social reposant sur des investissements plus importants pour protéger les groupes vulnérables.
Malgré les efforts menés pendant des décennies pour élargir l’économie formelle, le secteur informel représente toujours environ 65 % de l’économie mondiale. L’évolution du travail accentue le besoin de porter toute notre attention sur le capital humain et de repenser la protection sociale. Pour financer ces investissements essentiels, le Rapport sur le développement dans le monde 2019 : le travail en mutation offre des suggestions sur les moyens pouvant être mis en œuvre par les pouvoirs publics pour augmenter leurs recettes. L’impôt foncier dans les grandes villes, les droits d’accise sur le sucre ou le tabac et les taxes sur le carbone sont autant de moyens d’augmenter les recettes publiques. Une autre option consiste à combattre les techniques d’évasion fiscale auxquelles de nombreuses entreprises ont recours pour gagner plus.
La technologie numérique permet également d’améliorer l’accès aux services publics et de promouvoir un développement plus solidaire. Environ un milliard de personnes dans le monde n’ont aucun moyen de prouver leur identité et ne peuvent donc accéder à des services et des opportunités essentiels. En 2019, notre initiative Identification pour le développement (ID4D) a lancé le concours mondial « Mission Billion » pour stimuler la recherche de moyens novateurs et sécurisés d’identification numérique.
Parallèlement, la technologie financière continue d’influer sur les services financiers mondiaux. Les services de paiement mobile ont été parmi les premiers dans ce domaine et ont d’importantes retombées en matière d’inclusion. Les nouveaux arrivants sur le marché lancent un défi aux opérateurs historiques, qui réagissent. Cette dynamique pourrait stimuler la concurrence et accroître l’efficience, tout en présentant de nouveaux risques pour la stabilité et l’intégrité financières. La recherche d’un équilibre entre des priorités stratégiques concurrentes pose également un défi majeur. En réponse aux appels au renforcement de la coopération et à des orientations pour traiter ces questions lancés par les pays, le Groupe de la Banque et le FMI ont publié en octobre 2018 le Programme Fintech de Bali. Ce programme énonce 12 considérations de haut niveau devant être prises en compte par les décideurs et la communauté internationale pour exploiter les possibilités offertes par la technologie financière et gérer les risques potentiels associés.
La Banque a lancé l’Initiative mondiale GovTech en 2019 pour promouvoir le recours à la technologie pour améliorer l’efficacité, la transparence et la responsabilisation des services publics. Ce partenariat réunit les principales parties prenantes de la gouvernance numérique, notamment les pouvoirs publics, les entreprises technologiques, les experts en TI, les partenaires de développement et les organisations de la société civile. Il vise à s’assurer que les pays en développement puissent profiter des avantages de l’innovation numérique.