Près de deux ans après le début de la pandémie de COVID-19, la reprise économique au Moyen‑Orient et en Afrique du Nord reste timide et inégale. La performance de chacune des 20 économies qui composent la région dépend de son exposition aux fluctuations des prix pétroliers et de sa gestion de la pandémie. De ce fait, alors que les prévisions indiquent une croissance du PIB régional de 2,8 % en 2021, puis une accélération à 4,2 % en 2022 en tablant sur le reflux de la pandémie, ces moyennes dissimulent d’importants écarts entre les pays.
En plus d’un bilan humain tragique, la crise sanitaire mondiale de 2020‑2021 a montré toute l’importance d’une lutte efficace contre les risques épidémiques pour la performance économique, les pays de la région MENA faisant partie de ceux qui payent aujourd’hui les conséquences de plusieurs décennies de sous-investissement dans la santé publique. Victimes d’un excès de confiance, la plupart des pays de la région ont dû faire face à la pandémie en y étant en réalité mal préparés. Les taux de vaccination pèsent également lourdement sur leur redressement économique. Sur ce plan, la situation est tout aussi inégale, au bénéfice des nations les plus riches. Au mois de décembre, les Émirats arabes unis affichaient le plus fort taux de vaccination au monde (90 %), alors qu’au Yémen, seulement 1 % de la population avait reçu les deux doses. Le déploiement plus équitable des vaccins dans l’ensemble de la région constitue un facteur déterminant de la reprise.
Dans certains pays, l’instabilité politique, la fragilité et les conflits accentuent les difficultés rencontrées par les autorités pour gérer la pandémie. Au Liban, l’effondrement de l’économie a des répercussions catastrophiques sur les services publics et les moyens de subsistance de la population. Au Yémen et en Syrie, la poursuite de conflits armés, conjuguée à la pandémie, ont pour effet d’accentuer encore la crise.
Le redémarrage modéré de l’économie régionale fait suite à une contraction du PIB de 3,8 % en 2020, un rebond supérieur de 0,6 point de pourcentage aux prévisions d’avril 2021. La région affiche globalement une reprise timide et hautement incertaine, avec un coût cumulé de la pandémie en pertes de PIB estimé à près de 200 milliards de dollars d’ici la fin de l’année (ce chiffre est obtenu en comparant les prévisions actuelles avec le niveau qu’aurait atteint le PIB régional sans la COVID). Le PIB par habitant, qui est généralement considéré comme un indicateur plus précis du niveau de vie, témoigne d’une situation régionale encore plus sombre : le PIB réel par habitant, qui avait chuté d’environ 5,4 % en 2020, devrait progresser de 1,1 % en 2021, soit un niveau inférieur de 4,3 % au taux enregistré en 2019.
Les emprunts considérables que les gouvernements de la région MENA ont dû contracter pour financer en urgence des dépenses de santé et de protection sociale ont considérablement alourdi la dette publique. Celle-ci devrait baisser en moyenne de 56,3 à 53,6 % du PIB à l’échelle régionale, mais elle se creusera dans les pays importateurs de pétrole, pour passer de 90,4 à 92,3 % en 2021, avec des niveaux de déficits budgétaires encore importants.
Dernière mise à jour: 15 déc. 2021