LES RÉALISATIONS
La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) a réalisé de grandes avancées dans l’éducation. Elle a multiplié par quatre le niveau moyen de scolarisation depuis 1960, divisé par deux le taux d’analphabétisme depuis 1980 et est parvenue à la parité presque parfaite entre les sexes à l’école primaire.
Accès : Les taux d’inscription dans le système scolaire ont significativement progressé au cours de la dernière décennie, au point que dans la plupart des pays de la région MENA, l’accès à l’enseignement primaire est désormais universel pour les garçons comme pour les filles. Le taux de scolarisation net moyen est passé de 86 à 94 % entre 2000 et 2010. Dans le secondaire également, on observe une amélioration, quoique moins marquée : le taux de scolarisation net y est passé de 62 à 70 % sur la même période.
Alphabétisation : Résultat direct des efforts déployés par la région pour renforcer l’accès à l’éducation, le taux d’alphabétisation de la population adulte (c’est-à-dire des plus de quinze ans) a fait un bond spectaculaire ces 20 dernières années, passant de 59 % en 1990 à 78 % en 2010.
Inégalités filles/garçons : Contrairement à ce que l’on observe dans le reste du monde, il existe dans la région un écart inversé entre les genres, puisque les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons en mathématiques en quatrième année du primaire, et que cette tendance se poursuit en général jusqu’à la huitième année de scolarité. Dans une région qui n’est pas connue pour ses performances dans le domaine de l’égalité entre les sexes, ces statistiques soulèvent un certain nombre de questions intéressantes qui méritent d’être explorées.
Engagements de financement public : Les autorités des pays de la région MENA font preuve d’un engagement sans faille vis-à-vis du financement public de l’éducation. Dans la région, la moyenne de l’investissement public dans ce domaine représente plus de 5,3 % du PIB.
LES ENJEUX
Ces résultats impressionnants sont assombris par un constat inquiétant : pour bien trop d’élèves dans toute la région, fréquenter l’école n’est pas synonyme d’apprendre.
Qualité de l’éducation : Les données montrent que les systèmes éducatifs de la région MENA sont dans l’ensemble de bien piètre qualité. Les compétences de base ne sont pas assimilées, ce dont témoignent sans ambiguïté les tests internationaux standardisés, dont les résultats révèlent que la région n’a pas encore atteint le niveau qui devrait être le sien compte tenu de son PIB par habitant moyen (Figure 1).
Décalage des compétences : Dans le même temps, les données mettent en évidence un décalage persistant entre les compétences demandées sur le marché du travail et celles enseignées. Dans les études mondiales, les entreprises de la région MENA sont plus nombreuses à déplorer que les lacunes de la main-d’œuvre, tant dans le savoir général que technique, entravent leur croissance et les possibilités d’embauche.
Les employeurs interrogés (a) déclarent qu’environ un tiers seulement des nouveaux diplômés sont opérationnels. La région investit comparativement peu dans la formation avant et pendant l’emploi. Plus de la moitié des employeurs remédient à cette carence en proposant des formations, ce qui prend du temps et revient cher. Les étudiants sont tout aussi conscients que les employeurs de cette insuffisance : parmi ceux qui ont été interrogés, un tiers seulement estiment être bien préparés pour entrer sur le marché du travail. Fait intéressant, plus d’un tiers des étudiants se disent prêts à payer pour faire des études si ces dernières peuvent leur ouvrir de meilleures perspectives professionnelles.
Poussée démographique des jeunes Les projections démographiques révèlent que la population jeune de la région (jusqu’à l’âge de 24 ans) va encore gagner 2 millions de personnes d’ici 2015, avant de faire un bond d’environ 10 millions entre 2015 et 2030. Cette poussée soudaine de la jeunesse va accentuer la demande de services d’éducation à tous les niveaux et exercer des pressions considérables sur les établissements existants. À l’évidence, il faudra résorber le double déficit persistant de qualité et de pertinence avant l’arrivée de cette nouvelle vague de jeunes. Car si on leur en donne les moyens, ces nouvelles générations pourraient devenir un moteur de croissance pour la région.