Zoom sur le rôle des prix alimentaires dans les émeutes de la faim
WASHINGTON, 28 mai 2014 – Selon la dernière édition du rapport trimestriel Food Price Watch du Groupe de la Banque mondiale, les cours des produits alimentaires sur les marchés internationaux ont augmenté de 4 % entre janvier et avril 2014, attisés essentiellement par des inquiétudes grandissantes face aux conditions météorologiques et à la hausse de la demande d’importations. Cette envolée des prix interrompt une tendance prolongée à la baisse amorcée depuis août 2012.
Les plus fortes hausses trimestrielles concernent le blé (+18 %) et le maïs (+12 %), et ce, malgré des anticipations continues de récoltes céréalières record et d’un raffermissement des stocks en 2014, sur fond de campagne exceptionnelle en 2013. Le mauvais temps aux États-Unis, l’évolution du phénomène El Niño et les répercussions des tensions en Ukraine exigent un suivi attentif dans les mois à venir.
« La météo défavorable, les incertitudes politiques et les fluctuations monétaires ont un impact, comme en témoigne la hausse des prix sur les marchés internationaux enregistrée au trimestre dernier, souligne Ana Revenga, vice-présidente par intérim du Groupe de la Banque mondiale en charge du Réseau pour la lutte contre la pauvreté et la gestion économique. Au cours des prochains moins, nous devrons surveiller les cours de près, pour s’assurer que toute nouvelle augmentation n’exerce pas de pression supplémentaire sur les habitants les moins favorisés de la planète ».
Au niveau des marchés intérieurs, la stabilité a plutôt été de mise entre janvier et avril 2014, malgré les habituels écarts d’un pays à l’autre. Ainsi, le renchérissement des prix du blé a été particulièrement marqué sur les marchés observés en Ukraine, en Éthiopie, au Soudan et au Kirghizistan, contrairement à l’Argentine et au Pakistan. Pour le maïs, l’augmentation a été spécialement forte en Ukraine et en Russie, à l’inverse du Mozambique qui a connu un net recul des prix. Le contraste est le même pour les prix du riz, en augmentation au Myanmar et en Somalie mais en baisse en Thaïlande et au Cambodge.
Selon la dernière édition du rapport Food Price Watch, les prix alimentaires mondiaux d’avril 2014, en léger repli ce mois-là, sont inférieurs de 2 % à leur niveau d’avril 2013 mais se situent à seulement 16 % en deçà de leur record historique d’août 2012.
Prix alimentaires et émeutes de la faim
Ce nouveau numéro du Food Price Watch s’intéresse au rôle des prix et des pénuries alimentaires dans les émeutes de la faim, plaidant pour un suivi régulier des cours, essentiel pour la sécurité alimentaire et le bien-être des populations mais aussi pour la stabilité politique et l’atténuation des risques sur le plan de la sécurité. La flambée des prix alimentaires de 2007 et de 2008 a provoqué de nombreux mouvements violents un peu partout dans le monde, qui se sont répétés depuis. Les chocs sur les prix alimentaires pouvant déclencher et exacerber les conflits et l’instabilité politique, il convient donc de promouvoir des politiques visant à en atténuer les effets. Un suivi adapté constitue une première étape en ce sens.
Récapitulatif des actions menées par le Groupe de la Banque mondiale
- Le Groupe de la Banque mondiale s’engage à renforcer ses investissements dans l’agriculture et les secteurs connexes. En 2013, ses nouveaux engagements ont atteint 8,1 milliards de dollars. L’aide conjuguée de la BIRD et de l’IDA consacrée au secteur agricole est ressortie à 12 % de la totalité des financements pour l’exercice 2013, contre une moyenne de 9 % sur les exercices 2010-2012.
- Sur l’exercice 2013, l’IFC a investi 4,4 milliards de dollars en faveur d’opérateurs privés de la chaîne alimentaire, dans le but d’appuyer des projets visant à élargir l’accès aux financements, aux intrants (semences, équipements et conseils) et aux marchés à travers l’amélioration des infrastructures et des unités de transformation.
- Le Groupe de la Banque mondiale soutient le Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire (GAFSP). Neuf pays et la Fondation Bill et Melinda Gates se sont engagés à verser environ 1,4 milliard de dollars au cours des trois prochaines années, sachant que 1,2 milliard de dollars ont déjà été débloqués.
- Le Groupe de la Banque mondiale coordonne son action avec celle des agences des Nations Unies dans le cadre du Groupe de travail de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale, de même qu’avec celle des organisations non gouvernementales. Il apporte son appui au Système d’information sur les marchés agricoles (AMIS), avec l’objectif d’améliorer la transparence des marchés des produits alimentaires.
- Le Groupe de la Banque mondiale prône une augmentation des investissements dans la recherche agronomique, notamment par le biais du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), et la surveillance des échanges agricoles afin de déceler d’éventuelles pénuries alimentaires.
- Le Groupe de la Banque mondiale œuvre pour une meilleure alimentation des groupes vulnérables : au cours de la décennie écoulée (2003-2013), l’IDA, le fonds de la Banque mondiale pour les plus pauvres, a financé des services nutritionnels de base pour plus de 210 millions de femmes enceintes et allaitantes, d’adolescentes et d’enfants de moins de cinq ans. La Banque mondiale est également un partenaire actif du mouvement SUN pour le renforcement de la nutrition et soutient la plateforme de connaissances SecureNutrition Knowledge qui a pour mission d’améliorer la nutrition par des investissements dans l’agriculture.