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ARTICLE23 mai 2024

L’économie bleue : un océan d'opportunités pour les pays insulaires vulnérables

The World Bank

Une vue aérienne de l'entrée de la marina Rodney Bay à Sainte-Lucie.

Les petits États insulaires en développement subissent de plein fouet l’impact de crises mondiales qui s’intensifient. Ils se sont réunis en mai 2024 à l'occasion d'une conférence internationale organisée sous l'égide de l’ONU, afin de promouvoir ensemble des solutions pour atténuer leur vulnérabilité aux effets du changement climatique, leur exposition à la pollution et leur fragilité face aux turbulences économiques.

Si leur faible superficie terrestre pose à ces pays des difficultés de développement spécifiques, leur insularité leur confère aussi de vastes territoires océaniques, lesquels, grâce à une gestion durable des ressources marines, sont déjà générateurs d’emplois et de croissance économique. Alors que la contribution des activités marines et côtières à l’économie mondiale se chiffre actuellement à 2 500 milliards de dollars (a) par an, l’océan est appelé à devenir la source des opportunités et de la prospérité futures des petits États insulaires.

Aux quatre coins du globe, la Banque mondiale aide les pays insulaires à développer une économie bleue durable qui favorise l'adaptation au changement climatique, crée des emplois, stimule la croissance et améliore la qualité de vie des populations.

Investir dans la résilience face aux dangers de la mer

« Le poisson représente 90 % de nos apports en protéines animales », souligne Arlindo Carvalho, coordinateur technique au ministère des Infrastructures, des Ressources naturelles et de l’Environnement de Sao Tomé-et-Principe. « Chez nous, les hommes pêchent et les femmes vendent du poisson. C’est pourquoi il est indispensable de protéger les vies et les moyens de subsistance qui dépendent de la pêche. »

Le programme de gestion du littoral ouest-africain (WACA) soutient l’amélioration des infrastructures côtières dans les communautés de pêcheurs santoméennes.

Il s’agit notamment de remettre les routes en état, d'ériger des brise-lames et des digues, de construire des rampes de mise à l’eau et de renforcer la sécurité des habitations contre les ondes de tempête et l’élévation du niveau de la mer. Les phares ont également été rénovés et équipés de technologies solaires.

En raison de la surpêche, les stocks de poissons près des côtes sont en déclin, ce qui oblige les pêcheurs à entreprendre des sorties plus périlleuses. En s’éloignant du rivage, les pirogues et autres petites embarcations doivent affronter des eaux inconnues et des conditions de mer plus rudes. Même près du littoral, le niveau de la mer monte.

Grâce aux projets de la Banque mondiale, quelque 3 000 pêcheurs ont reçu des kits de sécurité en mer comprenant des instruments de navigation GPS, des pochettes scellées pour protéger les appareils électroniques et des gilets de sauvetage.

« Depuis la plage, la mer peut sembler accueillante, mais lorsque vous naviguez en eaux profondes, elle est dangereuse et effrayante. Il y a des requins, et même des baleines. On perd vite la terre de vue », témoigne Célcio Dias.

Quand j’ai commencé à pêcher, je n’avais pas de GPS. J’ai perdu beaucoup d’amis. Certains se sont égarés ou ont dérivé vers des pays voisins, d’autres sont morts. Maintenant que j’ai un GPS, ma famille s’inquiète beaucoup moins pour moi.
Célcio Dias
Célcio Dias Pêcheur (Sao Tomé-et-Principe)
The World Bank
Tandis que les changements océaniques obligent les pêcheurs à s’éloigner des côtes pour trouver du poisson, cela les expose à davantage de dangers. Célcio Dias (Mano), à droite, utilise sur un GPS pour pouvoir rentrer chez lui sain et sauf. Photo : Flore de Preneuf/ Banque mondiale
 

Préserver les pêcheries vulnérables

La pêche artisanale côtière constitue également une source importante de revenus, de nutriments et d’aliments pour la moitié des ménages du Pacifique, où elle représente 49 % de la contribution totale de la pêche aux PIB nationaux. Environ 60 % de la production mondiale de thon provient de l'océan Pacifique.

Le changement climatique risque toutefois de modifier les zones de pêche et de faire baisser les volumes des prises. Une meilleure gestion des ressources halieutiques est essentielle pour générer des recettes d’exportation et des revenus et améliorer ainsi les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire et la nutrition des populations.

Le programme régional de protection des paysages océaniques des îles du Pacifique (PROP) soutient le développement de moyens de subsistance durables fondés sur l’économie bleue. Il aide pour cela les pays à se doter d’autorités nationales (a) chargées de mieux réglementer la pêche et la sécurité sanitaire des produits de la mer et à rendre ainsi possible les exportations vers l’Union européenne. Les efforts portent notamment sur l’introduction de nouveaux systèmes électroniques de contrôle et de suivi et sur la mise en place d’un centre de surveillance. Le programme appuie également des formations et des activités économiques afin d'accroître les possibilités d’emploi.

Dans le cadre du soutien apporté à l’Agence des pêches du Forum des îles du Pacifique (FFA) (a), qui réglemente la pêche thonière dans la région, le programme PROP a mis en place des formations essentielles à l’intention des observateurs des pêches régionaux, ce qui a permis d’améliorer la sécurité et d’instaurer un système d’inspection du littoral renforcé.

Grâce à des fonds de l’Association internationale de développement (IDA), la Banque mondiale aide les pays du Pacifique à assurer une gestion durable de leurs ressources halieutiques, de manière à préserver leur sécurité économique et alimentaire future. Aux Îles Marshall, ce soutien consiste par exemple à consolider la pêche au thon en modernisant les systèmes de suivi, de surveillance et de contrôle des navires. Aux Tonga, les activités visent à renforcer les capacités des pêcheries locales et à financer l’acquisition de dispositifs de concentration de poissons, de balises flottantes, de matériel de sécurité et de navires d’assistance.

L'archipel de Kiribati s’emploie quant à lui à renforcer son système de suivi et de surveillance des pêches, notamment en construisant et en équipant deux nouveaux centres

« Quand j’étais enfant à Kiribati, l’océan était notre vie », se souvient Mariaa Henry, responsable de l’inspection des pêches au ministère de la Pêche et de la Mise en valeur des ressources marines. « Par mon action, j’ai le sentiment d’aider à protéger nos ressources pour la prochaine génération. Nous devons préserver nos ressources [océaniques] pour la prochaine génération, pour que nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants puissent profiter de ces bienfaits. »

Booster l’emploi dans les zones côtières

Cap sur la mer des Caraïbes, où les États insulaires connaissent des défis similaires. La pêche en mer souffre de l'exploitation illicite et non déclarée des ressources halieutiques. Certaines pratiques présentent des risques pour la sécurité et posent des problèmes d’assainissement, entraînant dans leur sillage des problèmes de pollution.

Le projet UBEC a pour objectif de libérer le potentiel de l’économie bleue dans les Caraïbes (UBEC). Cette initiative d’un montant de 90 millions de dollars sur 15 ans, financée par le fonds fiduciaire PROBLUE de la Banque mondiale, s’attache à promouvoir des investissements dans la pêche, le tourisme et la gestion des déchets et à générer plus de possibilités d’emploi dans l'économie bleue.

Fruit d’un partenariat avec la Commission de l’Organisation des États des Caraïbes orientales et les îles de Sainte-Lucie, de la Grenade et de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le projet UBEC met l’accent sur la collaboration. Les entreprises développent leurs activités grâce à un programme régional de subventions de contrepartie qui simplifie les financements, en particulier pour les femmes entrepreneures.

« Accéder à des financements a été très difficile, et ça le reste encore aujourd’hui », confie Eget Martyr, propriétaire d’une entreprise de plongée qui travaille depuis plus de 30 ans dans le secteur du tourisme maritime à Sainte-Lucie. « Vous voulez vous développer, vous voulez donner des opportunités aux autres, aux jeunes, mais vous n’avez tout simplement pas les ressources pour le faire. »

Alors que les États insulaires s’efforcent de s’adapter au changement climatique, leur meilleure chance de fortifier la croissance, la sécurité alimentaire et l’emploi réside dans le développement de l’économie bleue.

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