La croissance de l’économie mondiale se poursuit, mais le risque d’une détérioration s’intensifie. En cause, des facteurs multiples : l’incertitude pesant sur les politiques publiques, l’évolution de la situation géopolitique, le resserrement progressif des conditions de financement dans le monde, la hausse des niveaux d’endettement et l’instabilité croissante des taux de change. Grâce à ses financements et ses conseils sur l’action à mener, le Groupe de la Banque mondiale aide ses pays membres à favoriser une croissance économique robuste et solidaire, à réduire les risques et à améliorer leur compétitivité, tout en renforçant la viabilité des finances publiques et la résilience financière.
C’est l’un des messages à retenir du communiqué publié par le Comité du développement à la clôture des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale à Bali (Indonésie).
Le Comité, qui réunit les ministres représentant les 189 pays membres des deux institutions, a notamment exprimé ses préoccupations à l’égard de la hausse des niveaux d’endettement de certaines économies émergentes et certains pays à faible revenu. Il a demandé au Groupe de la Banque mondiale de collaborer avec le FMI en vue d’aider les pays à fortifier leur situation budgétaire en améliorant leur capacité de gestion de la dette, en mobilisant davantage de ressources nationales et en développant les marchés financiers locaux. Les actionnaires ont également souligné le rôle essentiel du commerce international dans la croissance économique, la création d’emplois et le développement durable.
Dans un pays tout juste frappé par une série de catastrophes naturelles à Lombok et Sulawesi, le président du Groupe de la Banque mondiale a rappelé la nécessité de renforcer la résilience face à ces événements extrêmes et d’agir sur les chocs climatiques qui les exacerbent. « Nous devons convenir des moyens de continuer de répondre aux grands enjeux qui interpellent nos clients », a déclaré Jim Yong Kim dans son discours d’ouverture de la réunion plénière , en évoquant notamment les crises et transformations économiques de long terme auxquels doivent faire face les pays en développement.
Cette allocution, tout comme le communiqué du Comité, ont insisté sur l’importance capitale que revêt le développement du capital humain, en raison notamment des répercussions du progrès technologique sur l’emploi, le secteur financier et d’autres aspects du développement. À l’occasion des Assemblées, le Groupe de la Banque mondiale a présenté un nouvel indice qui s’inscrit plus largement dans son « Projet pour le capital humain », vaste initiative destinée à aider les pays à investir plus et mieux dans leur population. Avec ce projet, il s’agit de soutenir des progrès de long terme et mesurables vers de meilleurs résultats en matière d’éducation, de santé, de nutrition et de protection sociale.
Faire en sorte que tout un chacun dispose des compétences nécessaires pour s’adapter aux bouleversements numériques et en tirer profit : cet enjeu est étroitement lié à celui du capital humain et au cœur du Rapport sur le développement dans le monde 2019, consacré à « l’évolution de la nature du travail » et également présenté lors de ces Assemblées. Aux yeux de Jim Yong Kim, mais aussi des membres du Comité du développement, la technologie peut permettre d’accélérer les progrès vers l’élimination de l’extrême pauvreté et le partage de la prospérité. Mais le rythme de l’innovation s’accompagne aussi de nouveaux risques : si les innovations technologiques rapides créent des emplois et des marchés nouveaux, d’autres deviennent au contraire obsolètes.
Le Comité a par ailleurs exprimé son appui à la collaboration engagée entre la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) en vue d’adopter des solutions faisant appel au secteur privé pour faciliter la réalisation des objectifs de développement, tout en destinant les ressources publiques aux projets que les entreprises privées ne peuvent pas financer. Il a aussi réitéré son soutien à l’Association internationale de développement (IDA), le fonds du Groupe de la Banque mondiale pour les pays les plus pauvres, en relevant des aspects particulièrement importants du cycle de financement en cours (IDA-18) : l’ouverture du nouveau Guichet de promotion du secteur privé, un partenariat avec IFC et la MIGA destiné à stimuler les investissements privés dans les pays fragiles et à faible revenu, ainsi que l’entrée de l’IDA sur les marchés financiers internationaux, avec une première émission obligataire couronnée de succès.
Comme l’a souligné Jim Yong Kim dans son discours, ces réunions sont l’occasion de partager de nouvelles idées et stratégies qui permettront d’accélérer les progrès vers la réalisation du double objectif poursuivi par le Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici 2030 et promouvoir une prospérité partagée parmi les 40 % les plus pauvres de la planète. Car, malgré les avancées spectaculaires accomplies ces dernières années, il faut faire face à « la dure réalité de la crise du capital humain », a alerté Jim Yong Kim. Et ce, d’autant plus que la technologie recèle des solutions novatrices pour réduire la pauvreté et les inégalités, mais qu’elle aggrave aussi les risques d’instabilité : quand les gens aspirent à la vie meilleure qu’ils entrevoient ailleurs sans pouvoir y accéder, leurs frustrations peuvent entraîner les pays dans la spirale de la fragilité, du conflit, de la violence, de l’extrémisme et de la migration.
Comprendre ces enjeux mondiaux est essentiel pour pouvoir les résoudre. « La bonne nouvelle, c’est que nous savons mieux que jamais comment aider les pays à se préparer à cet avenir », a conclu le président du Groupe de la Banque mondiale. Et parce que nous disposons de ces connaissances, « nous n’avons pas d’autre choix que d’agir — dans l’urgence, comme l’exige cette crise —, pas d’autre choix que d’investir dans nos populations. »