Pour Athanase Akpoé, président de la Fédération nationale des coopératives villageoises d’ananas du Bénin (FENACOPAB), cette nouvelle technique donne des résultats positifs et des chiffres d’affaires intéressants : « L’introduction du film polyéthylène dans le processus de production d’ananas, c’est d’abord une affaire de rentabilité financière. Lorsque nous prenons le compte d’exploitation d’un hectare d’ananas sans polyéthylène, nous investissons environ 1,8 million de francs CFA pour un chiffre d’affaires d’au moins 4 millions de francs CFA par hectare. Avec le polyéthylène, nous allons vers un investissement d’environ 3 millions de francs CFA par hectare pour obtenir un chiffre d’affaires de près de 8 millions de francs CFA. »
Par ailleurs, selon le témoignage des producteurs, cette nouvelle technique vient juguler le déficit de main-d’œuvre agricole dans la région, lié à l’exode massif des jeunes vers les grandes agglomérations. Elle leur permet également de satisfaire la demande toujours plus croissante de Promo Fruits, l’entreprise qui produit le jus d’ananas IRA, très prisé au Bénin et à l’étranger. « Pour satisfaire la demande de Promo Fruits, nous devons produire plus et améliorer notre rendement. Déjà, les résultats obtenus sur les parcelles d’expérimentation donnent des rendements de 65 à 70 tonnes par hectare contre 35 à 40 tonnes auparavant. Nous sommes donc en train de vulgariser ce nouveau procédé dans toute la région », explique Nina Dessouassi, technicienne chargée de l’encadrement des producteurs à Allada.
Au-delà de l’introduction de cette nouvelle technologie, le PADA soutient les efforts de production d’ananas biologique. Dans ce cadre, Roseline Capo-Chichi a reçu un appui pour produire du compost à Allada-Togoudo : « Avant j’avais un bac à compost en bois, mais grâce à la subvention de 10 millions de francs CFA que j’ai reçue du PADA, je dispose désormais d’un bac en béton d’une durée de vie de dix ans. Ma production est passée de 3 à 50 tonnes de compost en deux mois. Je dispose également d’une retenue d’eau et j’arrive à fournir plus de 500 producteurs d’ananas biologique. J’arrive désormais à satisfaire une demande de plus en plus forte de la part de la clientèle », assure la jeune fermière.
D’autres promoteurs ont reçu des financements pour la transformation de produits agricoles à travers le mécanisme de fonds compétitifs et de fonds à frais partagés. C’est le cas de Jean Fonton, gérant de la société JEC SARL qui, grâce à un financement de 49,5 millions de francs CFA, a pu mettre en place une unité de production de canettes pour jus d’ananas, une première au Bénin. La société Promo Fruits a été également subventionnée en 2014, à hauteur de 23,5 millions de francs CFA pour augmenter sa capacité de production qui est ainsi passée de 214 kilos par jour à 45 tonnes par jour.
Le Projet d’appui à la diversification agricole (PADA) et le Projet de productivité agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) constituent les deux composantes du Programme-cadre d’appui à la diversification agricole (ProCAD) financé par la Banque mondiale au Bénin. Ces deux projets ont un impact très positif chez les petits producteurs qui contribuent davantage au développement de leurs communautés grâce à l’amélioration de leurs revenus.
« Les deux projets concourent à restaurer et améliorer la productivité des champs et à valoriser certaines filières, telles que l’ananas, le riz, l’anacarde (ou noix de cajou), la pisciculture, et bien d’autres encore. Ils interviennent aussi dans les chaînes de valeurs en finançant les unités de transformation de produits agricoles. Leurs objectifs convergent vers l’amélioration des technologies pour développer l’agriculture, et avoir un impact sur les exploitations familiales », explique Bertin Adéossi, coordonnateur national du ProCAD.
Plus intéressant encore, le ProCAD a introduit un contrôle citoyen dans ses interventions, en permettant à la Plateforme des acteurs de la société civile au Bénin de s’impliquer activement (PASCIB) : « Le contrôle citoyen s’opère à tous les niveaux. La Plateforme a présidé la commission d’anonymat des dossiers. Nous nous rendons aussi régulièrement sur le terrain pour vérifier la réalisation des investissements et pour relever les cas d’abandon de chantiers par des entrepreneurs indélicats », souligne Ernest Pédro, secrétaire permanent de la PASCIB.
Ce rôle de veille de la société civile a un effet positif sur les résultats et incite les producteurs bénéficiaires à adopter les bonnes pratiques introduites par le ProCAD et à les diffuser au sein de leurs organisations paysannes.