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Améliorer la productivité agricole et la sécurité alimentaire : une priorité pour le Burkina Faso

10 février 2016


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Des agricultrices effectuent des travaux collectifs afin d’augmenter la productivité et mieux faire face aux aléas du changement climatique. 

© Gisele Tapsoba/PAPSA

LES POINTS MARQUANTS
  • Depuis quelques années et notamment en 2012 et 2013, le Burkina Faso est confronté à l’insécurité alimentaire et à une crise liée aux flux de réfugiés.
  • Des investissements dans la productivité agricole et les systèmes de production vivrière ont permis d’améliorer la sécurité alimentaire.
  • Un dispositif innovant de crédit stockage, le warrantage, permet aux agriculteurs de nantir leurs récoltes pour obtenir un prêt.

BISSIGA, le 10 février 2016—Depuis plusieurs années déjà, la vie des populations rurales du Burkina Faso est un combat quotidien. En 2011, une grave sécheresse est venue brûler des terres déjà arides, les cultures dépérissant sous les ardeurs du soleil sahélien. Les rendements ont fondu, ne permettant guère de constituer des stocks pour nourrir les hommes et les bêtes. Avec la survenue du conflit dans le Mali voisin, les frontaliers ont vu arriver de nombreux réfugiés et ont été contraints de partager et rationner leurs maigres ressources. Beaucoup ont dû faire appel à l’aide alimentaire.

Avec 20,7 % de sa population souffrant de la sous-alimentation, le Burkina Faso se classe à la 87e place (sur 104 pays) dans l’Indice de la faim dans le monde 2015. Des systèmes de production vivrière peu fiables, des conditions climatiques erratiques et un niveau élevé de pauvreté ont plongé les agriculteurs locaux dans un cercle vicieux qui fragilise la sécurité alimentaire du pays.


« Notre culture tolère mal que les femmes possèdent des terres. Grâce au projet, j’ai mon propre lopin et, l’an dernier, j’ai pu produire quatre sacs de riz paddy. J’en ai donné un à mes voisins, vendu un deuxième pour payer la scolarisation de mes enfants et gardé les deux autres pour nourrir ma famille et contribuer à l’effort collectif du village afin de pouvoir acheter des intrants pour les prochaines semailles.  »

Alizèta Kabore

Agricultrice de Bissiga, dans la région du Plateau-Central.

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Grâce au projet, 7 820 hectares de terres rizicoles ont été réhabilités créant une source de revenu pour 30 000 producteurs.

© Laurent Aouya/PAPSA

Comment les producteurs burkinabè peuvent-ils échapper à cette spirale s’ils n’ont pas les moyens d’acheter des variétés à haut rendement et résistantes à la sécheresse, ou les vaccins nécessaires pour protéger leurs volailles ?

L’une des solutions réside dans le système de subvention de contrepartie mis en place par le Projet d’amélioration de la productivité agricole et de la sécurité alimentaire (PAPSA) de la Banque mondiale, qui aide les petits exploitants à mutualiser leurs frais. Sous l’égide de la Chambre régionale d’agriculture, responsables communautaires et autorités locales, les producteurs sont invités à assumer une partie des dépenses par l’entremise de travaux d’intérêt général (comme la préparation des basses terres destinées à la riziculture). Il s’agit notamment de déblayer les pierres, de retourner la terre, d’organiser les parcelles et de construire des dispositifs de rétention d’eau. Ceux qui ont le plus contribué aux travaux communautaires reçoivent des parcelles nettoyées, des semences améliorées et des engrais pour leurs cultures de riz. Ils bénéficient également d’une expertise technique et d’une formation.

Les responsables du projet ont constaté que les agricultrices étaient les plus investies dans ces tâches collectives, de sorte que plus de 45 % des zones préparées leur ont été attribuées. Pour celles-ci, la vie a changé du tout au tout.

« Notre culture tolère mal que les femmes possèdent des terres. Grâce au projet, j’ai mon propre lopin et, l’an dernier, j’ai pu produire quatre sacs de riz paddy. J’en ai donné un à mes voisins, vendu un deuxième pour payer la scolarisation de mes enfants et gardé les deux autres pour nourrir ma famille et contribuer à l’effort collectif du village afin de pouvoir acheter des intrants pour les prochaines semailles », raconte Alizèta Kabore, agricultrice de Bissiga, dans la région du Plateau-Central.

Grâce au financement de la Banque mondiale, ce projet redonne de l’espoir aux agriculteurs et les aide à gagner en productivité. Hommes et femmes ont repris le chemin des champs et commencent à engranger les retombées de ce nouveau dispositif. Ce soutien à la riziculture pluviale dans les basses terres a permis d’affecter 7 820 hectares à cette culture et de fournir ainsi un revenu à 30 000 producteurs, dont 45 % de femmes. En 2014, les rendements ont fortement progressé puisque le pays a pu produire 15 000 tonnes de riz supplémentaires. Avec ces nouvelles techniques et des intrants de meilleure qualité, les agriculteurs apprennent à mieux retenir l’eau dans leurs champs et à les fertiliser.

Des résultats positifs ont également été observés chez les producteurs de volailles, de bovins et de porcs. Grâce à l’insémination artificielle, les taux de reproduction chez les bovins sont en hausse tandis que la construction de 459 poulaillers modernes a fait reculer la mortalité des volatiles. En outre, 54 % des volailles sont désormais vaccinées contre la pseudo-peste aviaire (maladie de Newcastle). Si le régime carné des Burkinabè reste surtout constitué de volaille et de bœuf, la production de porc a rapporté l’an dernier quelque 26 millions de FCFA.

Augmenter la production vivrière est une bonne chose, mais la bataille n’est qu’à moitié gagnée. Des solutions doivent être trouvées pour aider les agriculteurs à obtenir des crédits, stocker leurs excédents et accéder aux réseaux de distribution. La question des financements reste particulièrement aigüe pour ces exploitants, qui se heurtent souvent à la réticence des établissements bancaires face à l’absence de garanties et aux aléas de l’activité agricole.

Pour améliorer l’accès aux financements, le projet a mis en avant un système de warrantage (appelé aussi crédit stockage) qui permet de nantir les récoltes en échange d’un prêt.

« Dans le cadre du projet, l’agriculteur ira déposer sa récolte dans un entrepôt local, dont l’accès est conjointement assuré par une institution de microfinance et une coopérative agricole, dont chacune détient la clé de l’un des deux cadenas fermant la porte. En échange des produits stockés, l’exploitant obtient un crédit pour acheter les intrants indispensables aux prochaines semailles, payer les frais de scolarité de ses enfants ou investir dans d’autres activités rémunératrices », explique Élisée Ouedraogo, agroéconomiste principal du bureau de la Banque mondiale au Burkina Faso.

Cette avance de fonds dure habituellement plusieurs mois et permet à l’exploitant de stocker sa récolte jusqu’à la période de soudure quand il peut demander des prix plus élevés pour ses produits. À l’échéance du prêt, l’agriculteur vendra sa récolte, remboursera l’emprunt et emploiera le solde à l’achat de semences, d’engrais, de petites pompes et autres matériels qui lui permettront d’améliorer ses rendements et sa production. Une partie peut être conservée pour la consommation personnelle. Le projet a mis en place 222 warrantages, pour 4 700 tonnes de céréales stockées et l’équivalent de 700 000 dollars de crédits accordés par des institutions de microfinance.

Le projet ne prendra fin qu’en 2018, signe de la volonté de la Banque mondiale de renforcer durablement les chaînes de valeur du Burkina Faso dans l’agriculture et l’élevage. Sans compter qu’avec un meilleur approvisionnement des marchés ruraux en produits vivriers, le pays peut diminuer les risques d’insécurité alimentaire et soutenir son économie, largement dépendante du secteur rural, qui emploie 86 % de la main-d’œuvre totale (selon les données du recensement de 2006). Dès lors, les gains de productivité du secteur agricole sont la clé pour créer de nouvelles perspectives d’emploi, augmenter les revenus et offrir un avenir meilleur.


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