Composé de trois centrales, le complexe solaire de Noor-Ouarzazate devrait atteindre une capacité installée de plus de 500 mégawatts (MW) à l’horizon 2018, c’est-à-dire de quoi approvisionner en électricité 1,1 million de Marocains. Il devrait permettre au pays de réduire ses émissions de carbone de 760 000 tonnes par an, ce qui pourrait se traduire par 17,5 millions de tonnes en moins sur 25 ans.
Les centrales thermiques à concentration présentent un immense potentiel : associées à un dispositif de stockage, elles peuvent assurer un approvisionnement fiable en électricité même lorsque le soleil ne brille pas.
Le fonctionnement est le suivant : des centaines de miroirs concentrent l’énergie solaire pour chauffer un fluide caloporteur utilisé pour produire de la vapeur, laquelle fait tourner des turbines qui génèrent à leur tour de l’électricité. Le fluide caloporteur peut également être utilisé pour chauffer des sels fondus stockés sur site dans de grands réservoirs. Ces sels restent suffisamment chauds pour poursuivre la production de vapeur après le coucher du soleil.
Cette technologie est si prometteuse que l’Agence internationale de l’énergie estime que les centrales solaires thermiques à concentration pourraient représenter 11 % de la production mondiale d’ici 2050.
Toutefois, les coûts élevés par rapport aux combustibles fossiles découragent les compagnies de production d’énergie d’investir dans cette technologie, particulièrement dans les pays émergents.
Pour faire la preuve de leur viabilité économique et technologique, il est indispensable que des projets pionniers soient mis en place dans les régions les plus ensoleillées du monde.
De plus en plus de projets de ce genre sont planifiés ou en cours de construction dans le monde, notamment au Chili, en Afrique du Sud, en Inde et en Chine, mais le Maroc reste à l’avant-garde des pays qui s’intéressent à cette technologie.
L’Agence marocaine pour l’énergie solaire, l’organisme public qui a été créé pour concrétiser les ambitions du pays dans ce secteur, a obtenu les plus de 3 milliards de dollars de financements nécessaires au complexe de Noor-Ouarzazate auprès de la Banque mondiale, des Fonds d’investissement climatiques (FIC) — et plus particulièrement du Fonds pour les technologies propres (CTF) —, de la Banque africaine de développement (BAD) et des institutions européennes de financement du développement.
Pour la phase 1 du complexe de Noor-Ouarzazate, les emprunts à faible taux concédés par le CTF (97 millions de dollars, gérés par la Banque mondiale) et d’autres institutions financières internationales ont permis de réduire le coût de 20 % par rapport aux financements proposés par les banques commerciales. La Banque mondiale appuie actuellement la phase 2 du complexe, avec un financement de 400 millions de dollars, dont 119 millions fournis par le CTF.
La construction du complexe de Noor-Ouarzazate s’effectue dans le cadre d’un partenariat public-privé, et il en sera de même pour son exploitation. Le partenaire privé, ACWA Power International (International Company for Water and Power Projects), a été sélectionné par voie d’appel d’offres.
L’appui financier international octroyé au complexe contribuera à réduire le poids exercé par celui-ci sur les finances publiques en ramenant le montant des subventions versées par les autorités marocaines pour la première phase de 98 à 31 millions de dollars par an.
Le projet a bénéficié d’un financement initial de 43 millions de dollars du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), complété par des financements considérables de l’État marocain et de la BAD. Il s’agissait alors d’accélérer la baisse des coûts et l’adoption commerciale à grande échelle des technologies à faibles émissions de gaz à effet de serre, et de tester la viabilité de la technologie CSP afin d’encourager la reproduction des projets de ce type au Maroc et dans d’autres pays.
Les investissements des FIC dans les centrales solaires à concentration visent à établir un référentiel des performances qu’offre cette technologie, de manière à réduire les risques perçus et à abaisser le coût des projets futurs pour les investisseurs et promoteurs du secteur privé.