Les universités d’État marocaines sont souvent pointées du doigt pour la trop grande place accordée à la théorie dans leurs enseignements, ce qui prive les étudiants des compétences pratiques indispensables à leur insertion dans la vie professionnelle. Le roi Mohammed VI, qui a comparé certains programmes universitaires à des « usines » à diplômés inemployables, attend de l’enseignement supérieur qu’il s’adapte au marché du travail.
La Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II d’Aïn Sebaâ, à Casablanca, fait figure d’exception dans le paysage universitaire. Sa doyenne, Mme Jamila Settar, a mis à profit les ressources limitées de son établissement pour élaborer un programme qui démontre qu’une institution à vocation pédagogique peut s’attaquer de front à l’employabilité.
Diplômée de cette faculté, Chourouk est aujourd’hui une jeune cadre dynamique de 24 ans, responsable adjointe d’une société de distribution de produits alimentaires. « Je voulais poursuivre mes études dans le public pour montrer qu’on n’y trouve pas que des nuls », confie-t-elle. Sa licence en poche, elle s’est sentie prête à affronter le marché de l’emploi et ses exigences. « Parce que j’ai eu la chance de me familiariser à la vie professionnelle à l’université », explique-t-elle.
Le programme introduit par la doyenne en 2007 marie apprentissages théoriques et stages pratiques afin d'insérer les étudiants dans le monde du travail. Mme Settar a bénéficié de l’aide de l’Agence allemande pour la coopération internationale pour former son personnel au programme. Aujourd’hui, plus de 85 % des licenciés de la faculté trouve un emploi dans l’année qui suit leur sortie de l’université. « C’était mon objectif premier, lorsque j’ai mis sur pied ce programme », se félicite Mme Settar.
Dès leur deuxième année, les étudiants apprennent à se présenter, à identifier leurs forces et leurs faiblesses et à composer un CV. « Nous leur apprenons à se mettre en confiance et à se préparer aux entretiens d’embauche », précise un formateur. L’organisation d’un salon de l’emploi permet aux étudiants de dernière année de rencontrer des employeurs potentiels. On leur apprend à être compétitifs et à choisir des professions où la demande est vouée à croître.