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Le nouveau Myanmar aspire à rattraper ses voisins

26 janvier 2014


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Un hôpital dans le nord de Dagon à Yangon, au Myanmar.


LES POINTS MARQUANTS
  • Le Groupe de la Banque mondiale annonce un programme de deux milliards de dollars pour aider le Myanmar à améliorer l’accès aux soins de santé et à l’énergie.
  • Le Myanmar, qui figure parmi les pays les plus pauvres d’Asie de l’Est, s’emploie à améliorer les infrastructures, l’éducation, les services de santé et le climat des affaires.
  • Le Groupe mobilise l’ensemble de ses institutions pour fournir à la fois des financements concessionnels, stimuler le secteur privé et encourager les investissements.

Myanmar (a), delta de l'Irrawaddy, une région densément peuplée mais où l’énergie fait cruellement défaut. Dans sa salle de classe plus que rudimentaire, Daw Myat Marlar forme un vœu : que ses jeunes élèves « puissent recevoir l’éducation qui leur permettra d’avoir plus de perspectives d’avenir » et « que la vie leur soit plus douce qu’elle ne l’est actuellement ».

Le souhait de l’institutrice traduit un sentiment général d’optimisme, la conviction qu’un avenir meilleur est possible dans ce pays. De la guerre à la paix, d’un régime militaire à la démocratie et de l’autarcie à une économie ouverte : depuis 2011, le Myanmar est le théâtre d’une vague de réformes économiques et politiques profondes.

Alors que la communauté internationale prend progressivement acte de ces efforts de transition, le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim a annoncé l’octroi d’une enveloppe de deux milliards de dollars destinée au Myanmar. Ce programme a pour objectif d’aider le gouvernement birman à garantir, d’ici à 2030, des soins de santé à tous les citoyens et à développer radicalement l’accès à l’énergie, ces deux domaines d’intervention étant considérés comme indispensables à l’amélioration des conditions de vie, des perspectives d’emploi et de la croissance économique.

« L’élargissement de l’accès à l’électricité dans un pays comme le Myanmar peut aider à transformer la société : les enfants pourront étudier le soir et les magasins rester ouverts, tandis que les dispensaires seront éclairés et disposeront de l’énergie nécessaire pour alimenter des instruments aptes à sauver des vies. L’électricité contribue à l’élimination de la pauvreté », a déclaré M. Kim à l’occasion de sa première visite au Myanmar, le 26 janvier.

L’ancienne Birmanie est l’un des pays les plus pauvres d’Asie de l’Est. Environ 70 % de la population, soit quelque 40 millions de personnes, n’est pas raccordée au réseau électrique. Et les habitants qui le sont subissent des pannes fréquentes, sans compter les creux de tension et les périodes de rationnement. Seul un infime pourcentage du PIB national a été consacré aux dépenses d’éducation et de santé, et 32 % des enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition. Enfin, le pays est classé au 182e rang sur 189 économies dans le monde en ce qui concerne la facilité des affaires.

Mais le Myanmar veut changer la donne. L’économie a connu un essor de 6,5 % l’année dernière, sous l’effet des progrès enregistrés dans la production de gaz, les services, le bâtiment et les exportations de matières premières. Et la croissance devrait encore augmenter pour atteindre 6,8 % cette année. Les autorités birmanes s’efforcent, aux côtés de la communauté internationale, et notamment du Groupe de la Banque mondiale, d’améliorer l’infrastructure, l’éducation, les services de santé et le climat des affaires.

« Le pays a hâte de rattraper ses voisins » — à savoir l’Inde, la Chine et d’autres nations émergentes —, indique Kanthan Shankar, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Myanmar, en soulignant qu’« il y a beaucoup à faire ».

Inauguré depuis 18 mois, le bureau du Groupe de la Banque mondiale en Birmanie a déjà lancé deux projets et en compte plusieurs en préparation, indique le responsable basé sur place. Le Groupe mobilise l’ensemble de ses institutions pour fournir à la fois des financements — par le biais de l’Association internationale de développement (IDA), son fonds pour les pays les plus pauvres —, stimuler le secteur privé et encourager les investissements en offrant des garanties contre les risques politiques.

L’IDA apportera pour sa part 200 millions de dollars de financements qui aideront le Myanmar à atteindre l’objectif de la couverture médicale universelle à l’horizon 2030. Ces fonds permettront d’élargir l’accès des femmes et des enfants à des services de santé essentiels et de supprimer les paiements directs à la charge des patients qui entravent l’accès des personnes les plus défavorisées aux soins de santé. Un autre don d’un montant de 80 millions de dollars aide déjà les communautés rurales à investir dans des écoles, des routes et des infrastructures d’eau, entre autres projets. D’autres opérations sont en réserve. Un projet de 31,5 millions de dollars doit étendre l’accès aux télécommunications dans les zones rurales. Un autre de 30 millions de dollars vise à soutenir la modernisation des systèmes de gestion des finances publiques. Et, enfin, 60 millions de dollars devraient permettre de développer un programme public de subventions pour les écoles et les élèves défavorisés.


« L’élargissement de l’accès à l’électricité dans un pays comme le Myanmar peut aider à transformer la société : les enfants pourront étudier le soir et les magasins rester ouverts, tandis que les dispensaires seront éclairés et disposeront de l’énergie nécessaire pour alimenter des instruments aptes à sauver des vies. L’électricité contribue à l’élimination de la pauvreté.  »
World Bank Group President Jim Yong Kim

Jim Yong Kim

Président de la Banque mondiale

Afin de développer l’accès à l’énergie, la Banque finance par ailleurs un projet de 140 millions de dollars portant sur la modernisation et l’extension d’une centrale électrique située dans l’État Mon. L’objectif du projet est d’augmenter la production d’électricité de 250 % à partir du même volume de gaz, et d’utiliser ces nouvelles capacités pour approvisionner à la fois le réseau national et les zones en périphérie des villes.

À plus long terme, le Myanmar s’est doté d’une stratégie nationale d’électrification, qui bénéficie du soutien de l’initiative Énergie durable pour tous (a). Cette stratégie guide les efforts entrepris par le pays pour fournir des services d’électricité fiables, abordables et durables à ses quelque 60 millions d’habitants. Dans les zones rurales, elle comportera probablement une diversification des modes d’électrification (réseau/hors réseau), avec le recours à des énergies renouvelables tels que l’éolien, indique M. Shankar.

Du côté de la Société financière internationale (IFC), la branche du Groupe chargée des opérations avec le secteur privé, un financement de deux millions de dollars permet d’accorder des microcrédits à environ 200 000 petites et microentreprises, principalement dirigées par des femmes. L’aide de l’IFC consiste aussi à développer les capacités de trois autres institutions de microfinance. Cet investissement s’inscrit dans le cadre d’une action plus large qui vise à encourager l’entreprenariat et à stimuler les investissements privés nécessaires pour développer durablement des secteurs comme les télécommunications et l’énergie, et réduire ainsi l’écart de pauvreté.

Selon Vikram Kumar, représentant résident de l’IFC au Myanmar, le rôle de son institution consiste à « fournir des services essentiels au peuple birman ». Il s’agit aussi de favoriser un cercle vertueux : « Si les petites et moyennes entreprises disposent de l’électricité dont elles ont besoin pour pouvoir fonctionner toute la journée, elles seront plus compétitives et créeront des emplois, ce qui constitue notre priorité et représente un aspect fondamental de la réalisation de nos objectifs : mettre fin à la pauvreté et promouvoir une prospérité partagée. »

L’IFC conseille actuellement le ministère birman de l’électricité sur les possibilités de partenariat avec le secteur privé en matière de production et de distribution électrique, l’objectif étant d’élaborer le cadre de base nécessaire à la conclusion de ce type de contrat. Les télécommunications font déjà l’objet d’une réforme de la réglementation qui facilite la participation des investisseurs dans ce secteur. Selon M. Kumar, le Myanmar peut s’inspirer au cours des cinq prochaines années de l’expérience d’autres pays en matière de services bancaires mobiles et développer un secteur qui permettrait d’augmenter considérablement la bancarisation.

Enfin, via l'Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), autre institution du Groupe de la Banque mondiale, les investisseurs jusque-là frileux de s’engager au Myanmar peuvent, depuis décembre 2013, obtenir une assurance contre les risques politiques, et apporter ainsi des capitaux dont le pays a fort besoin pour développer le secteur privé et entretenir les réformes en cours.

« Les Birmans sont impatients de percevoir les bénéfices des réformes. Il appartient au gouvernement de satisfaire ces aspirations populaires et de relever un défi qui est aussi une chance pour le pays », conclut M. Shankar. 


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