LIBREVILLE, le 17 décembre 2015 – La première édition des Cahiers Economiques du Gabon se penche sur la mise en place d’un système de protection sociale qui protègerait les Gabonais les plus pauvres et les aiderait à faire face à des conditions économiques instables.
Le taux de croissance n’a cessé de chuter depuis 2013, passant de 5.6 % en 2013 à 4.3 % en 2014 puis 4.1 % en 2015, en raison sa forte dépendance économique à la production et à l’exportation du pétrole.
Le rapport « Protéger les pauvres en dépit du ralentissement de la croissance » révèle que la baisse des cours de pétrole a entrainé une contraction des investissements publics et du marché du travail. Le secteur privé a enregistré une diminution d’au moins 4 000 emplois, soit 6 % de la main d’œuvre en 2014. Les activités de de construction ont été les plus durement touchées, enregistrant une baisse de 15 % de sa main d’œuvre par rapport à 2013.
En dépit d’une abondance de ressources naturelles et d’un revenu moyen par habitant de 10 660 dollars en 2014, une grande partie de la population perçoit un faible salaire ou se trouve au chômage. Ces personnes sont dans l’impossibilité de se protéger contre les chocs externes tel que la baisse des cours de pétrole, d’où la nécessité de protéger cette tranche de la population.
Le gouvernement gabonais a entamé depuis quelques années la mise en place d’un système de protection sociale, qui n’est pas encore opérationnel. À travers sa stratégie d’Investissement humain, lancé en décembre 2013, le Gabon cherche à protéger les plus vulnérables qui représentant plus de 95 000 ménages. Le système consistera à la fois en des transferts d’argent et en la création d’activités génératrices de revenus.
Pour y parvenir, le Gabon doit approfondir son analyse de la pauvreté et de la vulnérabilité, réaliser un audit institutionnel du système, élaborer un plan de déploiement et le piloter.
Outre d’une analyse de la situation socio-économique, la publication met également en évidence les tendances économiques suivantes :
- La croissance négative dans le bâtiment et travaux publics (BTP) a été compensée par une meilleure production que prévue des industries extractives et par l’expansion du secteur des services. Les productions de pétrole et de manganèse ont enregistré une augmentation respectivement de 6.6 % et 6 % à la fin du premier semestre 2015.
- Bien qu’en légère baisse, le secteur des services est demeuré le principal moteur de croissance en 2014, avec une contribution de 3.5 points de pourcentage, grâce au secteur des télécommunications et du transport.
- Le secteur des industries non pétrolières a également diminué. Celles-ci étant essentiellement tournées vers le marché national (mines, industries manufacturières, transformation du bois, électricité, eau et raffinage), elles sont de ce fait limitées par la taille de l’économie et sont victimes de la baisse d’activité dans le secteur des BTP.
- En revanche, le secteur agricole a augmenté en 2014 de près de 7 %. Grace au plan d’urgence pour la sécurité alimentaire axée sur la promotion des produits agro-pastoraux (manioc, banane, riz, légumes, volaille et porc) et des programmes de développement des exploitations de fruits. Malgré ces améliorations, le secteur demeure sous-développé.
- Le taux de pauvreté du Gabon, qui inclut les personnes percevant moins de trois dollars par jour, se situe aux alentours de 22.7 % de la population en 2014. Si la croissance est inférieure aux projections à moyen terme, il est peu probable que ce taux diminue.
Publication annuelle de la Banque mondiale, les Cahiers Economiques du Gabon se penchent sur l’évolution économique récente du pays. Elle se consacre à un sujet diffèrent dans chaque numéro et vise à provoquer des échanges parmi ceux qui cherchent à améliorer la trajectoire économique du Gabon.